samedi 6 juin 2015

F comme l'insolite de Fontaine-le-Comte (86) - ChallengeAZ





 Il n'y a pas que vers Compostelle que l'on met un pied devant l'autre. Nous, ici aussi, on a de beaux pélerinages !

Je vous laisse découvrir en lien l'histoire de celui de Saumur. C'est de la Chapelle des Ardillers que venait en février 1698, le "pauvre portugais" qui termina ses jours à Fontaine-le-Comte ! Avec l'archive insolite, on en apprend tous les jours ! Etranges étrangers voyageurs !Enfants de tous pays, sur les chemins, dans les villages, des allemands, des anglais, des portugais, des égyptiens, des espagnols, des turcs...Il y a de quoi faire un challenge !


Nombre de cloches carillonnent dans les registres. 1704, vous saurez tout sur celle de Fontaine-le-Comte, avec l'avis de l'Evêque et l'importance d'établir une clôture autour du cimetière !


Mais c'est un terrible fait divers qui retient bientôt l'attention. Ce mardi là, trente et un aout 1756, Jean et Jean Voutet, père et fils, meurent tous deux ensevelis sous le chargement de leur charrette ! Le chargement de cendre,les étouffa. Une mort horrible qui nous rappelle les dangers des transports de jadis. Les accidents sont fréquemment mentionnés dans les registres paroissiaux. Après les noyades, les accidents de charrette sont les plus souvent racontés. Sur place, près de la Touche des Barberies, on appela les officiers de justice de Fontaine-le-Comte qui établirent le procès-verbal d'usage. Les deux pauvres victimes étaient de la paroisse de Colombiers à 38 kilomètres de Fontaine-le-Comte. Ils demeuraient à la nerverie (?) dans une métaierie appartenant à Monsieur Chavet, l'enterrement se fit en présence de la veuve de Jean Marie Vincent, de ses deux frères et de Louis Druet, seul à signer le registre.
Voilà une archive bien précieuse, pour le généalogiste ! Car pourquoi chercher si loin la mort de Jean Voutet né à Colombiers, lorsque dans ce XVIIIème siècle, on se marie la plupart du temps à une portée de charrette...C'est à dire à moins de dix kilomètres de son lieu de naissance !

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Vous aurez noté que la "bande des Petits Poucets" a sévi aussi dans les registres de Fontaine-le-Comte, on y retrouve nos p'tits cailloux, mais ils sont pour cette commune beaucoup plus clairsemés !
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Source : AD 86 - Registres Paroissiaux.
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Patronymes concernés par des petites affaires criminelles :

BERLAUD - HUBERT _ VALOIS - PINEAU - ROULLETTE - GAUVRIEL
N'hésitez pas à me contacter pour en savoir plus. 
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Mémoire des Poilus de la Vienne de Fontaine-le-Comte. 


vendredi 5 juin 2015

E comme l'insolite d'Enjambes (86) - #challengeAZ


Respecter l'archive. 
Fragile, précieuse, unique.
Tourner les pages avec soin et mains propres, ne pas mélanger les feuilles volantes, n'insérer aucun document ou marque page dans un registre, ne pas poser sa feuille blanche sur le vieux parchemin pour prendre des notes, n'introduire aucune boisson ni nourriture au sein de la salle de lecture. Bannir les stylos à encre et se contenter de crayon de papier et sous peine de bannissement définitif,
ne jamais rien écrire sur l'archive !!! 
Jamais, jamais, jamais ! 
C'est in-ter-dit !!
C'est pas compliqué à comprendre et tout le monde sait ça ! 
D'ailleurs l'archiviste veille, passe dans les rangs, surveille les tables. 
Enfin ça c'est maintenant. 
Car avant, 
Dans un autre siècle,
 Le XIXème, le XXème, 
Quelques fouilleurs d'archives prirent certaines libertés avec ces règles fondamentales.
Archivistes, notables érudits ? 
S'agit-il de l'oeuvre d'un acharné d'indexation solitaire et insomniaque, se laissant enfermer dans l'antre du passé, cigare au bec, pour trier, trier, trier, trier, traquer, noter indexer l'insolite ?
S'agit-il d'une équipe de passionnés, saucissonnant autour d'un verre de rouge, en traquant l'arsenic raconté par les curés ? 
Va savoir.

La bande des petits poucets est anonyme.
Pourtant que de petits cailloux laissés sur certains registres. 
A chaque insolite, un p'tit rond en marge.
 Autant dire que la collectionneuse que je suis remercie ces polissons gribouilleurs !  
Enjambes fait partie de ces paroisses annotées.
Pas un insolite sans sa p'tite bulle.
Tout saute aux yeux.
Tout, sauf la ribambelle de protestants convertis qui se bousculent à la queue leu-leu au fil des pages ! Impossible de les répertorier tant ils sont nombreux ! 
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Des protestants qui protestent et des curés bien sévères !
Voilà résumé l'essentiel de l'insolite d'Enjambes !


Ainsi Saulnier se vante-t-il d'avoir refait la cloche après avoir "amassé" douze livres de particuliers et 22 livres d'amendes ! Les mentions d'amendes ne sont pas fréquentes dans les registres paroissiaux, à Enjambes c'est monnaie courante si j'ose dire...


Et voilà une autre pour le pauvre Mori, mal nommé la Fortune, pour n'avoir pas voulu saluer le Saint Sacrement comme le curé le portait à un malade !

Si ce registre du XVIIème nous offre une ribambelle de convertis, ce sont les mentions des réfractaires qui retiennent l'attention et illustrent la brutalité et la crainte qui règne au village !


A la fin de l'année 1678, la faucheuse ratisse large ! Saulnier porte le Saint Sacrement auprès de Jeanne Berger, mourante, femme de Jacques Moulnier,  maréchal du village. Il y croise la femme de Mouzon, maréchal lui aussi mais calviniste. Il lui commande de s'agenouiller. Les protestantes d'Enjambes ont du caractère. Elle refuse, prend peur, cherche à partir, et en s'enfuyant... tombe morte. On n'en saura pas plus, c'est la version du curé, qui cite les témoins de la scène.


Et les guerres de religion se poursuivent au village. Le 2 janvier 1692, Suzanne Verger, 78 ans, femme de Jacques Liège, Sr Delafond, meurt avec toute ses convictions, après avoir refusé à plusieurs personnes de recevoir les sacrements. Elle proteste haut et fort,vouloir mourir en religion huguenote !
Pas de conversion, pas de cimetière ! Elle est enterrée par des valets dans une housche* appartenant à son neveu.

1736, Enjambes est sur le chemin de Compostelle. Les pèlerins d'aujourd'hui font petit jeu à coté de ceux d'hier. Voyez Marie-Christine, femme d'Antoine Imbert du pays de Montauban, combien de temps a-t-elle marché pour finir par s'arrêter à Enjambes, pliée par les contractions. Elle mit au monde une petite Marie-Jeanne. L'époque étant aux congés de maternité raccourcis, on ne sait au bout de combien de jours elle reprit la route avec son petit ballot !


Il est des ballots qu'on transporte et d'autres que l'on expose. A la porte de la cure d'Enjambes, le 4 avril 1785, un nouveau-né crie de froid, de solitude et de rage de vivre !  Pour seule marque distinctive, il porte autour du bras gauche un petit ruban vert. On le baptise Jean Martin. Jean comme son parrain, Jean Baron et MARTIN pour que naisse avec lui un patronyme, un patronyme qui pour une fois ne raconte pas son histoire. On le confiera sans doute en nourrice à sa marraine, Marie Chartier, servante chez Mr de la Jorginière, juge de police d'Enjambes. Et s'il survit, il est fort probable qu'il plantera ses racines là, car c'est encore le temps où les enfants trouvés, restent au village, confiés à une nourrice locale...

A demain peut-être, sur la place du village de F..

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* Aujourd'hui encore merci à Ludovic Nérisson, fidèle lecteur qui complète gentiment mes insuffisances paléographiques. Suzanne Verger est inhumée dans une housche ou enclos proche de l'habitation.
D'autres archives dorment à Enjambes, elles viendront s'ajouter à cet article au fur et à mesure des découvertes et vous serez avertis des mises à jour.
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Sources : AD 86 - Registres Paroissiaux
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jeudi 4 juin 2015

D comme l'insolite de Dangé-Saint-Romain (86) - #challengeAZ

       

Au plus loin dans le temps de la mémoire écrite d'un village, les registres les plus bavards sont ceux des sépultures. La mort en dit bien plus long sur la vie que les baptêmes ou les mariages. Ces derniers vous font grimper de branche en branche, mais pour cueillir les fruits de la généalogie, il faut se pencher sur les morts. Certains curés sont des encyclopédistes de leur village, les curés de Dangé-Saint-Romain, appartiennent à cette catégorie. 
Arquebuse, éxécution, duel, inventaire à la Prévert, enfants naturels et jeux de hasard...Suivez le guide ! 

(AD86/Dangé/S/1640-1667)

En Juillet 1645, passent au village les troupes de Mr le Comte de Palluau,gouverneur de Niort. Au régiment, rien ne va. Jean Royer soldat natif de  Poiron près de Talmont est accusé de désertion et d'avoir voulu entraîner d'autres soldats dans sa fuite. On ne plaisante pas avec les fugitifs ! Jugé par les capitaines, Jean Royer est passé par les armes dans le champ près de la rivière, de l'autre coté du chemin qui va du bourg au Port de Piles. On le ramène au curé qui l'enterre au cimetière ! 

(AD86/Dangé/S/1640-1667)

Le curé ne semble pas connaitre Catherine Dugué. Mendiante ? De passage ? Une chose est sure pour tous, elle est "aliénée de son esprit" !!! Notre curé est fin psychologue, Catherine reçoit "le sacrement de pénitence ayant pour lors l'esprit bien sain ce qui luy a duré jusqu'à la mort" Ouff on peut l'enterrer au cimetière de Bussière. 
(AD86/Dangé/S/1640-1667)

Ce treizième jour de juin de la même année, faisait-il trop chaud ? Avaient-il trop bu ? Etaient-il à la foire ou à la chasse ? Accident ou crime ? Toujours est-il que Charles Courault, marchand au bourg de Bussière, blessé d'un coup d'arquebuse, n'a pas survécu à l'aventure ! 

(AD86/Dangé/S/1640-1667)

Six ans plus tard, voilà Dangé avec un autre cadavre de soldat sur les bras ! Le curé s'exaspère, ça sent le duel et le refus de sépulture ! On parlemente, les capitaines du régiment démentent, bataillent et assurent la bonne catholicité du soldat. Après quelques négociations, René Dubois, né à Bourg-la-Reine, est inhumé au cimetière de Dangé ! 

Etranges étrangers ! 

Voyez Jacquette Corsonnat, pillée, ruinée, réfugiée de Saintonge où sévit la Fronde, arrivée en 1652, malade, épuisée et morte dans la paroisse ! 
(AD86/Dangé/S/1640-1667)

1662, Voyez là, dans le chemin, c'est un habitant de Saint-Romain que l'on trouve "moribond" et le mois suivant en avril en voilà un autre anonyme de Vellèches trouvé mort au Quarroy Feuroux. Allez savoir dans quel état gisait-il, pour que personne n'accepte de le transporter jusqu'au curé et qu'on préfère l'enterrer sur place !!!! A-t-il été dévoré par les bêtes ? 

(AD86/Dangé/S/1640-1667)

Après tous ces tracas, réconfort mérité ! Au bout de quelques sermons, quelques satisfactions. Votre ancêtre local était-il généreux avec la maison de Dieu ? Il n'y a aucune raison d'en douter! Mais vérifiez quand même !  Sept pages de registre sont consacrées aux donateurs de la Paroisse !  La plus prestigieuse et dignement saluée est Louise Darvau, veuve de Jean Darmaignac, qui n'était pas moins que premier valet de chambre du Roy (Louis XIV)!!! Nous voilà avec une grosse pointure de l'Histoire dans notre petit village ! Mais revenons à nos petites économies.  L'inventaire détaillé des sommes allouées et des dépenses couvre 15 années de vie paroissiale (1640/1655) pendant lesquelles on construit le grand autel de l'église, on achète un tableau des croix, des chasubles.... Tout y est (S/1640-1667-vue28 à 35)
(AD86/Dangé/S/1640-1667)

Dangé regarde aussi par le trou de la serrure. Jean Darmaignac avait un fils naturel, mais si, figurez-vous ! Il est mort à St Rémy et on l'enterra à Dangé, dans l'église ! 
(AD86/Dangé/BMS/1668-1676)
Un autre Darmaignac, Charles sera tué à St-Georges-les-Baillargeaux en 1672, c'est naturellement à Dangé qu'il repose. 
Darmaignac une généalogie à regarder de plus près ! 
(AD86/Dangé/BMS/1705_1739)

Avant de partir pour une autre destination, vous partagerez bien une petite partie de Blanque, ancêtre du Loto ! C'est le nommé Limousin venant de La Haye, qui est porteur du jeu, il se déplace de village en village, sans doute, accompagné de sa fille. La pauvre petite de neuf ans est morte chez Jean Girard... Allez savoir de quoi ! 

Reposez-vous bien, demain nous partons pour E... 
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Il reste encore tant et tans à dire sur Dangé... qu'il faudrait y passer la semaine ! Le sujet de ce défi n'est pas raisonnable, ouvrir un registre riche, c'est y passer des heures...  Nous reviendrons  après le ChallengeAZ, compléter les ressources !
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BARROIN - COLLARD - LEFEVRE - LEGAY

Sources : Releves personnels AD 86 - Série LSUPPL - 2U 
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Chasseurs de Loups.
1785 - Gabriel MORICE.

Sources : Relevés personnels AD 86 - Série C66
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mercredi 3 juin 2015

C comme l'insolite de CISSE (86) - #ChallengeAZ

           

Au hasard de l’insolite, à la lettre C, bonne pioche avec le petit village de Cissé  ! 



C’est en feuilletant le plus ancien registre de la petite commune de Cissé que l’on y découvre son plus terrible drame. Dans ce petit village où meurent en moyenne moins de dix paroissiens par an, où naissent  une trentaine de petits, en 1631, la catastrophe gronde et la faucheuse trace son sillon. 2 morts en février, 3 en mars, 3 en avril, le double en mai, encore 6 en juin , le double en juillet, le double de juillet en aout soit 21 sépultures, 13 en septembre, la faucheuse s’éloigne doucement, emportant avec elle 79 paroissiens de Cissé, jeunes vieux, fratries, couples, familles ! La peste est au village, elle n’est nommée dans aucun des actes d’obsèques du curé dont l’écriture d’ordinaire si belle, se réduit, se fait brouillonne, rapide, gravant serré sur le parchemin du registre la peur au village. Fin de l’année 1631. La Grande Mortalité, c’est le seul indice que nous laisse Pierre Hamon, retrouvant en cette fin de décembre  sa si belle écriture…Cette année-là et la suivante on divisa par deux le nombre des naissances. La brutalité du mal claque en chiffres :  1632, 5 décès à Cissé…


Et la vie reprend son cours. Presque un siècle plus tard, 1717, Claude Louis Claro, natif de Cambray, fatigué du long cheminement vers Compostelle, trouve au petit cimetière de  Cissé sa dernière demeure.

L’insolite suivant fit grand bruit dans la presse locale ! Le 4 janvier 1773, Louise Rat, femme de Jacques Turpaud, mit au monde des jumeaux ! Jacques et Marie,  deux enfants d’une même ventrée, dans un village c’est un évènement ! Le père Turpaud se précipite à l’église avec ses marmots que le curé s’empresse de baptiser, laissant son épouse aux bons soins de la sage-femme. La Veuve Dubois s’apprête à partir à son tour, quand à nouveau ça « brasse » dans les entrailles de la mère Rat ! Et de trois ! Le petit Nicolas, n’aura pas le temps de rejoindre les deux autres, la Veuve Dubois le baptise dans l’urgence.  La presse fait écho de cette exceptionnelle naissance  : « Nous avons eu raison, en disant que les accouchements de trois enfants n'étaient pas des évènements fort rares. En voici encore un exemple dans cette Province. La femme de Jean Turpaud, vigneron, du village de la Garnerie, paroisse de Cissé, près Poitiers, est accouchée le 4 de ce mois, de deux garçons & une fille, qui ont vécu quelques jours (ndlr : ah ces journalistes en mal de sensationnel !! En fait ils n’ont survécu que quelques  heures). Il survit peu d'enfants de ces couches extraordinaires. Nous croyons que l'on nous permettra de remarquer qu'elles sont plus communes dans les campagnes que dans les villes. » Une trentaine de triplés sont répertoriés dans les registres paroissiaux de la Vienne, sur ces 90 nouveaux-nés, un seul à survécu… Mais c’est une histoire que j'ai déjà racontée.

AD86 - Cissé - BMS 1780-1782 vue 53

Sous  les dalles de l’église de Cissé dorment de nombreux notables. Aux pauvres le cimetière, aux riches, la maison de Dieu. Les sépultures creusées à même la terre, finirent par poser quelques petits soucis d’hygiène, tant et si bien que la pratique fut règlementée par la déclaration du roi Louis XVI du 10 mars 1776 : pas de caveau, pas de sépulture dans l’église !  C’est la mésaventure qui arriva le 22 octobre 1782 au corps de Haut et très puissant Seigneur Messire François Joseph de Joubert, chevalier Seigneur de Cissé, qui malgré ses titres et sa brillante généalogie fut inhumé auprès des manants de la paroisse, ce qui n’a pas du se passer très  gentiment...

En peu d'archives, Cissé illustre la diversité et la richesse des informations cachées parmi les baptèmes et les sépultures, la vie, la mort, l'histoire, les lois, tout y est, tout raconte. Ouvrez l'oeil, ces bavards de curé chuchotent à vos oreilles ! 

Source AD 86 Registres Paroissiaux. 
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Le Challenge impose son rythme, il reste à raconter à Cissé ! 


 un ouragan mentionné dans la presse en 1779 ...
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Et une fort émouvante petite affaire criminelle... ça viendra.




mardi 2 juin 2015

B comme l'insolite de BELLEFONDS (86) - #challengeAZ.





Quelques chemins, un bord de Vienne, une ferme gourmande et la vie se fait douce.
L'insolite en offre parfois de singulières confirmations. Voyez Bellefonds, un village presque parfait !  
XXème siècle ? Pas un dossier de Cour d'Assises ! 
XIXème ? Pas un voleur de pommes ! 
XVIIIème ?  Pas un sans-culotte inquiété par le Comité Révolutionnaire ! Pas même un chasseur pour hurler au loup ! 

Le XVIIème nous offrira-t-il un peu de croustillant ? Rien n'est moins sur, car la disparition  brutale de Jean de la Bussière, Sieur du Maupas, mort d'un coup de fusil, le 13 mars 1691, ne fut peut-être due qu'à un banal et fort regrettable accident de chasse !  Jean de la Bussière, notable du village, fut inhumé dans l'église de Bellefonds, sous son banc. 

Cette année-là, Bernard, lui, méditait depuis bientôt 41 ans…


Tandis que les protestants convertis, faisaient l'abjuration douce auprès du curé de la paroisse : Le trente et unième jour de Mai 1696, a été inhumé dans l'Eglise de St Hillaire de Bellefonds, proche le banc des méez; Sire Alexandre Herbert, escuyer et Sieur de Gramont, lequel décéda le trentième du susdit mois agé de trente cinq ans, ayant fait abjuration de l'hérésie de Calvin à l'age de vingt et deux ans - A donné jusqu'au dernier moment de sa vie, des marques d'un véritable converti à Jésus Christ. 

Cinq ans plus tard, Bernard méditait encore…


 Vint l’hiver 1709. Comme dans tant d’autres villages, les curés prirent date : L’an mil sept cent neuf, le sixième jour de janvier, jour des Roys, commença un froid terrible à supporter qui dura trois semaines entières en sorte que les blés, vignes, noyers et autres arbres étaient entièrement gelés… Les blés sont chers ainsi que le boisseau de froment. A quoi s’ajoutèrent une grande guerre avec beaucoup de contributions et une très grande pauvreté.

Cet hiver-là, Bernard survécut, ce qui lui donna matière à méditation…

Et la douceur revint…

Trois ans après, au bout d'une longue vie de méditation, Bernard s’éteignit : "Le onzième jour de septembre mil sept cent douze a été enterré dans la chapelle de St Pierre en Vaux, proche le marchepied de l'autel, frère Bernard Dugué, hermite de l'Ordre de St Jérosme, lequel après avoir vécu et mené une vie vraiment* solitaire pendant soixante et deux ans est mort à l'age de soixante et dix huit ans, en odeur de Sainteté." L'Ordre de Saint Jérome auquel Bernard appartenait, appelé aussi Ordre des Hiéronymites fut fondé en Espagne avant l'inquisition et approuvé par le Pape Grégoire XI en 1373. D'orientation contemplative, il s'installa essentiellement dans la Péninsule Ibérique.

Frère Bernard, jeune et unique anachorète des registres paroissiaux, arrivé à seize ans, en 1650, au village de Bellefonds, nous donne à méditer. Doù venait donc ce vieux solitaire, à l'abri depuis trois siècles près du marchepied de l'autel ?
Bellefonds la tranquille, lui garde son éternel mystère.... 


Si vous croisez d'autres ermites, faites-moi signe ! 
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Au hasard des registres, je viens de faire une découverte, mon ermite a deux mentions de sépulture, l'une à Bellefonds et l'autre à Bonnes, la paroisse voisine.


On y apprend que Bernard notre ermite mourut le 10 en l'ermitage de St Pierre, agé de 84 ans, ce qui le vieillit de... six ans. Et les curés des deux paroisses sont de la cérémonie...

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 Quelques autres ressources concernant Bellefonds sur  Gallica BNF 
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* Le ChallengeAZ c'est surtout une affaire d'interactivité, et d'entraide. Merci à Ludovic Nerisson d'avoir complété la lecture de cet acte !!

lundi 1 juin 2015

A comme l'insolite du village d'Ayron - #challengeAZ


Le périple du Challenge de l'insolite des villages de la Vienne, commence par Ayron. 
Pourquoi pas Angliers, Amberre ou Arçay ou l'un des 22 autres villages commençant par la lette A ? 
(Availles est hors-jeu c'est trop facile)
Pour la troisième année consécutive, j'ai la chance de tenir une petite chronique sans prétention sur Centre Presse, qui met à l'honneur l'insolite des villages du département.
 Chronique sans prétention ? 
Pas tout à fait... 
A chaque exercice d'écriture, j'espère un retour, un écho, la contagion d'une curiosité pour l'insolite. 
Ma récompense. 
L'insolite, comme une gourmandise, une récréation... 
Un jeu de piste vers la culture, l'histoire. 
L'insolite qui met en appétit de connaissance. 
 L'insolite qui donne vie à l'histoire, qui aide à l'appropriation du savoir. Même si ce savoir est approximatif, peu académique, c'est déjà ça. 
Des chroniques, de presse locale, de blogs, sans donner de leçon, sans étalage de confiture. 
Des chroniques pour l'émulation, pour les p'tits, les grands, les forts en thème ( qui me remontent parfois les bretelles) et pour les cancres qui aiment sourire. 
Vous êtes nés ici ou loin ailleurs (comme moi), qu'importe, ce patrimoine est le VOTRE, ce plaisir est à portée de clic, inépuisable, source de rencontres, de balades, de rêves...
Et à Ayron, Bingo !!! 
On a entendu hurler les loups du XVIIIème siècle !
La municipalité, à travers son site internet, a choisi de mettre en lumière son histoire. Et pour construire l'histoire d'un petit village sur lequel aucun illustre agrégé ne s'est penché, l'insolite est une charpente. 

Que ce challenge soit l'occasion d'en bâtir de nombreuses autres à travers ce cheminement au hasard des villages de la Vienne. 


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Au village d'Ayron, des loups, des cimetières interdits, des inconnus morts sur les chemins, des petits assassins, une vie locale riche où s'invitent quelques paroissiens autour de l'encens et de la cire...

 

1702 - Petite affaire criminelle. La victime est un inconnu.


1703 - Certains cimetières seront désormais interdits. 


1707 - L'assassinat de Levesque. 


1735 - La météo et la Taille. 


1751 - Les loups au village d'Ayron font deux victimes DRIBAULT Pierre...


et MARTINEAU René. 

Je vous ai raconté cette histoire, souvenez-vous des Loups de Latillé



1792 - Que serait la vie d'un village sans ses généreux donateurs ! Au village d'Ayron, la cire, l'encens et quelques paroissiens. 


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Et en bonus ! 
Patronymes concernés par quelques petites affaires criminelles des XVIIIème et XIXème siècle. 
Boulin (1793) - Boutin (1793) - Bourguignon (1838) - Chenier-Durandière (1793) - Debray (1793) - Hayrault (1872) - Léonard (1793) - Metais (1831) - Moreau (1793) - Ruffin (1793).
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Du rififi autour de l'arbre de la Liberté 
" Le citoyen Moreau, commissaire aux vivres, suspecte la municipalité de vouloir abattre l'arbre de la Liberté en raison de l'approche des Vendéens."
Source : AD86,  Série L 168
Biblio : Les arbres de la Liberté à Poitiers et dans la Vienne. Par Robert Petit.
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Un Moreau d'Ayron inquiété par le Comité de Surveillance et Révolutionnaire
Source AD 86 Série L SUPPL 421
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Quelques soldats d'Ayron (du Poitou) reçus à l'Hotel des Invalides :
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Quelques chasseurs de loups ( Source AD86 Série C66) :
AVRIL    1773     JEAN     METAIS
NOVEMBRE       1778      MICHEL     LAJOYE
FÉVRIER     1781      MICHEL    LAJOYE
SEPTEMBRE    1781      PIERRE  METAIS
Et quelques trésors enfouis dans la Caverne de Gallica BNF