samedi 24 février 2018

Le cabinet de curiosités d'une archiviste - Par Sylvie Boudaud #Geneatheme -

Aujourd'hui,  Sylvie Boudaud, archiviste aux AD86, nous offre, à l'occasion du #Geneatheme de février, sa première contribution. Poussons la porte de son cabinet de curiosités, il nous mène en Vendée et nous conte une histoire mêlant l'insolite d'hier et les connaissances d'aujourd'hui...

Pierre Proust est mon sosa 1588, soit un de mes ancêtres à la 11e génération. Il est originaire de Saint-Germain-de-Prinçay, en Vendée. Le 17 février 1675, il épouse Jeanne Coullon, de la même paroisse. Le même jour, avec les mêmes témoins, Nicolas Proust épouse Anne Coullon. De là à supposer que les deux couples sont des frères et sœurs, il n’y a qu’un pas que j’ai franchi mais sans assurance. La difficulté de la généalogie à Saint-Germain-de-Prinçay à cette époque, c’est que les mariages ne sont quasiment jamais filiatifs, et c’est le cas dans les mariages qui nous intéressent ici.

Mariage de Pierre Proust et Jeanne Coullon[1] :



Mariage de Nicolas Proust et Anne Coullon :


Partant de l’hypothèse que Pierre et Nicolas sont frères, je lance une recherche sur la base Noms de Vendée et je trouve une fratrie avec un Pierre et un Nicolas nés à des dates compatibles avec leur date de mariage. Ils pourraient être les enfants de Mathurin Proust et de Renée François. La base mentionne quatre autres frères et sœurs.
Là survient la surprise ! Pierre est né le 12 novembre 1643, et sur la même double page du registre paroissial mais côté gauche, à la date du 3 octobre, figure Mathurine, fille des mêmes parents[2].

3 octobre 1643 :


12 novembre 1643 :


Des jumeaux ayant 40 jours d’écart ! Ma première réaction a été : « C’est impossible ! ». J’ai posé la question à @lulusorciere, connue pour ses connexions avec le milieu obstétrical poitevin. La réponse est tombée : c’est possible ! Très rare, même au XXIe siècle, mais possible. Il est question d’un utérus bifide ou bicorne, avec donc deux cavités. On me cite également quelques cas récents de naissance de « faux » jumeaux avec un à deux mois d’écart, le premier étant prématuré[3]. Mon moteur de recherche fait aussi mention de superfécondation (fécondation de deux ovules à quelques jours d’écart) et même d’hyperfoetation, soit la fécondation d’un ovule alors qu’un embryon est déjà implanté !
Dans quel cas se trouve Renée François ? Elle avait déjà accouché d’une paire de jumeaux, nés à la même date deux ans plus tôt et elle a ensuite eu deux autres enfants.
S’agit-il vraiment de mes ancêtres, dans la mesure où j’ai obtenu une filiation par déduction ? Ce n’est pas sûr. Mais, ancêtres ou pas, il semble bien que Mathurine et Pierre étaient frère et sœur, nés avec 40 jours de différence au XVIIe siècle !
Sylvie Boudaud




[1] Site des Archives départementales de la Vendée, Saint-Germain-de-Prinçay, registre des baptêmes, mariages et sépultures de 1671 à 1700, vue 20/144.
[2] Site des Archives départementales de la Vendée, Saint-Germain-de-Prinçay, registre des baptêmes d’octobre 1611 à janvier 1670, vue 85/144.
[3] http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/enfants/etats-unis-des-jumeaux-nes-a-39-jours-d-intervalle-22-06-2014-3943115.php