mercredi 30 avril 2014

Le Poitou a tremblé - Lulu Sorcière Archive dans Centre Presse - 30/04/2014.

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Lorsque la terre tremble, les registres paroissiaux s’en souviennent. Au XVIIIème,  celle de Richter n’est pas encore en place, mais l’échelle des curés de la Vienne classe sans conteste,  l’épisode sismique de 1711 au plus haut.
Laissons la plume au curé de Verrue, chroniqueur de talent :
Le sixième jour d'octobre 1711 sur les huit heures du soir, il fit un tremblement de terre des plus rudes qui se soit fait sentir il y a longtemps dans ces provinces. Un quart d'heure après ce premier coup, lorsqu'on espérait en être entièrement délivré, il s'en fit sentir un second plus fort que le premier et dont la secousse ébranla bien des logis particulièrement à Loudun et à Moncontour de sorte que dans ces deux villes les habitants couchèrent cette nuit-là au bivouac et hors de leur maison personne n'osant y entrer. Ce qui augmentait leur consternation, c'est que presque pendant cette nuit-là, on entendit des bruits sourds comme des tonnerres lointains quelques-uns avec quelque petite trépidation sensible ce qui a duré le 7, le 8 et le 9e jour suivant. Le tremblement se fit sentir encore ce 9e jour à soleil couché deux fois dans l'espace d'une misère, à une heure après minuit et a quatre heures du matin du 10e jour. Il y a eu des églises endommagées, des cheminées renversées surtout dans Loudun ou le peuple a été pendant ces trois ou quatre jours dans une fort grande consternation dans des prières continuelles s'imaginant que ce soit la fin du monde.
A Ranton, le curé confirme l’intensité, la multiplicité des secousses, les édifices à terre et surtout toutes les cheminées ! L’hiver ne tardera pas, les réparations auront-elles le temps d’être entreprises avant les premiers froids ?
A Moncontour, tous ont fui leur maison et se sont réunis sur la place. Le sacristain Laurent, seul blessé mentionné dans les registres, mettra plus de deux mois à guérir.
1704 retient l’attention,  nous sommes à Vendeuvre et le clocher est à terre. Le curé détaille pour la postérité l’étendue des dégâts,  l’émissaire de l’évêque se déplace.  On en parle aussi à Bonnes. En 1708, sismologie comparative, la terre tremble à Andillé, mais bien moins que quatre ans plus tôt, le curé relativise !
1714, A Arçay, quelques mots griffonnés pour des secousses considérables en cette fin janvier !
La terre se calme-t-elle? Il faut attendre 1749, pour retrouver mentions de tremblement de terre associées à de violentes tempêtes. Comment alors distinguer ce qui vient de la terre de ce qui vient du ciel ?
Les sismologues d’aujourd’hui élèvent à 7,5 sur l’échelle de Richter l’épisode de 1711 dans le Loudunois. De mémoire d’homme, il s’agit de la plus forte secousse ressentie dans notre département.

Sources :
-Archives Départementales de la Vienne.