vendredi 6 juin 2014

Ligugé solidaire en 1899 - Lulu Sorcière Archive dans Centre Presse - 06/06/2014

Source AD 86 - Pour bien visualiser l'image, cliquez droit et ouvrir dans une nouvelle fenêtre.

1899, Ligugé. Au village sans prétention, Adolphe Barge n’a pas mauvaise réputation ! Pensez-donc, ce père de sept enfants, maçon, bon catholique,  sait même lire et écrire !
Cependant, c’est alors qu’il travaille à la nouvelle voie ferrée du canton de Vivonne, que les brigadiers l’interpellent, le 27 juillet. La veille, Jean Rouault a rendu  l’âme.
Adolphe a 51 ans.  Le soir du 23 Juillet, c’était encore dimanche et tout le monde avait arrosé ça, Adolphe en conviendra volontiers. Dans la soirée, il est allé chercher une scie chez sa belle-mère. Au retour, route d’Iteuil, il croise Rouault qui travaille pour lui de temps en temps. L’homme est ivre,  titube, l’invective, le suit en lui réclamant son dû. Barge l’envoie cuver son vin et lui dit de ramener sa note. L’autre s’énerve, persuadé qu’il n’aura pas son compte de sitôt. Le ton monte jusqu’à  la porte des Barge. Adolphe dira avoir contenu sa colère, être rentré chez lui. « Fainéant ! » c’est le mot de trop prononcé par Rouault. Adolphe ressort, toise l’importun, l’attrape par les épaules et le pousse en arrière. Son geste exaspéré, est ce geste de trop, qui fait basculer tragiquement deux destins d’homme. Raoult, tombe lourdement, sa tête grisée, vient se fracasser au sol. Barge sidéré l’observe, l’alcool s’évapore, désormais c’est  la peur qui brouille son esprit. Persuadé de l’aboutissement de cette chute, il tourne les talons. Rouault perd connaissance, ramené chez lui par les voisins accourus, il meurt deux jours plus tard, l’autopsie révèle une fracture du crâne longue de 22 cm et une hémorragie massive ayant entrainé le décès, quelques ecchymoses signent l’altercation le long du trajet.
Confronté à deux témoins qui l’accablent, le père de famille maintient sa version des faits, il n’a pas poussé violemment Rouault, un enfant de trois ans aurait pu le faire tomber tant il était ivre
Le procureur, sans indulgence, l’inculpe, mais tout Ligugé le soutient. 166 signatures parviennent à la justice pour demander un non-lieu ! Au village sans prétention, personne ne voudrait le voir pendu ce père de famille qui n’a jamais eu de querelle avec personne ! Peine perdue. Adolphe sera jugé devant les Assises de Poitiers et en attendant il reste en prison.
Au village sans prétention, on s’alarme pour l’épouse éplorée, pour les enfants si nombreux, les braves gens mènent de nouveau pétition ! Cette fois 180 noms parviendront aux jurés de la Cour d’Assises ! Une démarche qui portera ses fruits !

Acquitté, Adolphe Barge, reviendra  au village. Sans prétention, il y poursuivra sa vie de labeur tout en préservant  sa bonne réputation.