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1899, Ligugé. Au village sans prétention, Adolphe Barge n’a
pas mauvaise réputation ! Pensez-donc, ce père de sept enfants, maçon, bon
catholique, sait même lire et écrire !
Cependant, c’est alors qu’il travaille à la nouvelle voie
ferrée du canton de Vivonne, que les brigadiers l’interpellent, le 27 juillet.
La veille, Jean Rouault a rendu l’âme.
Adolphe a 51 ans. Le
soir du 23 Juillet, c’était encore dimanche et tout le monde avait arrosé ça, Adolphe
en conviendra volontiers. Dans la soirée, il est allé chercher une scie chez sa
belle-mère. Au retour, route d’Iteuil, il croise Rouault qui travaille pour lui
de temps en temps. L’homme est ivre, titube, l’invective, le suit en lui réclamant
son dû. Barge l’envoie cuver son vin et lui dit de ramener sa note. L’autre s’énerve,
persuadé qu’il n’aura pas son compte de sitôt. Le ton monte jusqu’à la porte des Barge. Adolphe dira avoir contenu
sa colère, être rentré chez lui. « Fainéant ! » c’est le mot de
trop prononcé par Rouault. Adolphe ressort, toise l’importun, l’attrape par les
épaules et le pousse en arrière. Son geste exaspéré, est ce geste de trop, qui fait
basculer tragiquement deux destins d’homme. Raoult, tombe lourdement, sa tête
grisée, vient se fracasser au sol. Barge sidéré l’observe, l’alcool s’évapore, désormais
c’est la peur qui brouille son esprit. Persuadé
de l’aboutissement de cette chute, il tourne les talons. Rouault perd
connaissance, ramené chez lui par les voisins accourus, il meurt deux jours
plus tard, l’autopsie révèle une fracture du crâne longue de 22 cm et une
hémorragie massive ayant entrainé le décès, quelques ecchymoses signent
l’altercation le long du trajet.
Confronté à deux témoins qui l’accablent, le père de famille
maintient sa version des faits, il n’a pas poussé violemment Rouault, un enfant
de trois ans aurait pu le faire tomber tant il était ivre
Le procureur, sans indulgence, l’inculpe, mais tout Ligugé
le soutient. 166 signatures parviennent à la justice pour demander un non-lieu !
Au village sans prétention, personne ne voudrait le voir pendu ce père de
famille qui n’a jamais eu de querelle avec personne ! Peine perdue.
Adolphe sera jugé devant les Assises de Poitiers et en attendant il reste en
prison.
Au village sans prétention, on s’alarme pour l’épouse
éplorée, pour les enfants si nombreux, les braves gens mènent de nouveau
pétition ! Cette fois 180 noms parviendront aux jurés de la Cour d’Assises !
Une démarche qui portera ses fruits !
Acquitté, Adolphe Barge, reviendra au village. Sans prétention, il y poursuivra sa
vie de labeur tout en préservant sa
bonne réputation.
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