samedi 26 mars 2022

Abandon - Mieux comprendre - Repères chronologiques et Bibliographie.




 Je réunis ici les articles disponibles qui permettent de mieux comprendre ces archives particulières contenues dans la série 3X, toutes ces histoires d'abandon d'enfants, tristes reflets des coutumes passées. 

Les Grandes étapes et lois de l'abandon. 

Sous l'Ancien Régime. 

  • Au XVIe siècle - François 1er répartit, entre différentes institutions religieuses, les enfants sans parents en fonction des raisons de leur délaissement : enfants non malades délaissés de leurs pères et mères, enfants étrangers, enfants légitimes de parents emprisonnés ou tués, enfants exposés. 
  • Au XVIIe siècle 
    • Saint Vincent de Paul organise et encadre le soin de ces enfants : nourrices à la Couche, placement rural. 
    • en 1670, Louis XIV transforme la Couche en Hôpital des Enfants Trouvés. Les enfants trouvés sont placés en nourrice jusqu'à 4 ou 5 ans, puis ramenés à Paris. Les déplacements se font par meneurs. Les résultats de cette organisation sont mauvais. 
  • Au XVIIIe siècle 
    • 1761 - On décide de laisser les enfants  en placement familial jusqu'à 25 ans (majorité légale). Les nourriciers doivent les instruire, leur apprendre un métier, les élever comme leurs propres enfants. Le garçon placé peut remplacer le fils de famille au tirage au sort pour la milice. 
    • 1772  : A partir de l'âge de 20 ans, les enfants placés sont gagés. 
  • Qui sont ces enfants :
    • A Paris, 7676 admissions en 1772, point culminant, un cinquième des enfants de Paris. 20 à 30 % sont des enfants légitimes. Presque la moitié des enfants de bourgeois de Paris sont illégitimes et abandonnés. Enfants d'artisans, de compagnons, de domestiques, de parents indigents. La grande misère est la raison principale de l'abandon, les marques laissées montrent l'espoir de réclamer l'enfant aux jours meilleurs. Mais 9/10 d'entre eux n'atteignent pas l'âge de 10 ans. 

La période Révolutionnaire. 

  • Les grandes lignes de l'organisation de l'Assistance Publique se mettent en place. L'aide devient un devoir de l'Etat. Les enfants trouvés deviennent les "enfants naturels de la patrie". L'admission des nouveau-nés se fait à bureau ouvert. 
  • Dans la Vienne :
    • A Poitiers le premier registre d'abandon commence en 1787. A cette époque, les enfants sont exposés à la porte des boutiques la plupart du temps, puis progressivement à la porte de l'Hôtel Dieu, ou accrochés à la cloche de l'Hôtel Dieu. 
    • De quand date l'installation du Tour à l'Hôtel Dieu de Poitiers ? Je ne sais pas. Mais le registre de la Série 3X101 mentionne le 4 octobre 1792 que François dit Naud, enregistré sous le numéro 391 a été trouvé la veille à 10h du soir dans le tour avec un billet portant son nom tout en guenille. 

Au XIXe siècle. 

  • 1811 janvier - Décret des règles d'assistance à l'enfant 
    • Trois catégories d'enfants : trouvés, abandonnés, orphelins pauvres. 
    • Mise en place du Tour destiné à recevoir les enfants trouvés dans chaque hospice. Il s'agit de lutter contre l'infanticide en assurant le secret absolu de la naissance. Il s'agit aussi de rendre impossible le retrait de l'enfant afin de limiter l'abandon. Echec de la diminution du nombre d'abandons. 
  • 1818 - 27 juillet : Passer au cou de chaque enfant, au moment de son départ de l'hospice, un collier scellé avec une plaque d'étain portant pour empreinte la désignation de l'hospice, l'année d'exposition et le numéro d'ordre de l'enfant. 
  • 1826 - 20 mai : confirmation des dispositions relatives au collier qui sera gardé jusqu'à l'âge de 12 ans. 
    • Le but est d'empêcher la substitution d'enfant qui était courante. 
    • Quelques inconvénients à ce dispositif : le collier blesse l'enfant et il faut l'enlever. Il peut être facilement retiré, il est trop visible et attire l'attention sur ces enfants. 

  • 1827 - Juillet : On décide de déplacer les enfants dans un autre département, toujours pour limiter les abandons. Mesure efficace mais inhumaine rapidement abandonnée. On met en place des bureaux d'admission afin de proposer des secours à la mère. Les secours sont accordés par le Préfet, seules pouvaient y prétendre les filles mères pour la première fois. Dans certains départements des aides sont proposées aux mères légitimes indigentes
    • Dans la Vienne : Echange d'enfants de département à département (1831-1839) AD86 Série 3X60
  • 1834 Dans la Vienne le conseil général décide qu'à partir du 1 janvier 1834, les enfants trouvés et abandonnés ne seraient plus reçus que dans le seul hospice de Poitiers. 
  • 1842 : il est proposé de substituer au collier des boucles d'oreilles qui ne seraient gardées que jusqu'à l'âge de 6 ans. Le procédé se met en place dans la Vienne, mais les infections sont très fréquentes car les alliages sont de mauvaise qualité et l'idée sera abandonnée.
    • Dans la Vienne :
      • Remplacement du collier par des boucles d'oreilles en argent fin (1818-1843) AD86 Série 3X60
  • A cette époque on trouve également des "enfants en dépôt", envoyés par le directeurs des hospices et appartenant à des parents admis comme malades. Dans la Vienne, on trouve ces enfants en dépôt dès la période révolutionnaire. 
  • 1856 : Dans la Vienne Fermeture du Tour à Poitiers. 
  • 1887 : création des asiles maternels. 
  • 1889 : Loi sur la déchéance de la puissance paternelle et protection des mineurs délaissés. 

Les lieux de l'abandon à Poitiers 
  • L'Hôtel Dieu de Poitiers puis l'hospice national.

Les registres d'abandon de Poitiers commencent en 1787. Jusqu'en 1792, les enfants sont exposés aux portes des boutiques, aux portes des églises, aux portes de l'Hôtel Dieu. C'est le 4 octobre 1792 que le registre mentionne que François dit Naud (n°391) " a été trouvé de la veille à 10h du soir dans le tour, avec un billet portant son nom, tout en guenille." Le tour semble adopté très rapidement car dès les pages suivantes, les enfants sont pratiquement tous décrits trouvés au Tour. 
C'est à l'Hôtel Dieu qu'ils sont enregistrés. On leur attribue un numéro et on détaille sur le registre toutes les informations concernant l'abandon : date, heure, description de la vêtures, mentions distinctives. Ces enfants sont ensuite confiés à des nourrices sur Poitiers, quelquefois dans les communes avoisinantes ou plus lointaines. 
A la Révolution l'Hôtel Dieu devient l'Hospice National (mentionné ainsi en 1794)
Les différentes directrices de l'Hôtel Dieu comme celle de l'hospice veillent au suivi en nourrice de ces enfants autant qu'il leur est possible. On sent, à la lecture des notes, une réelle bonne volonté à protéger les enfants confiés, à suivre leur devenir, malgré la mortalité effarante qui accable ces enfants dont 80 à 90% ne survivent pas à la première année d'abandon. 


Note sur l'Hôtel Dieu de Poitiers : 
Lors de sa création, l’Hôtel-Dieu-Notre-Dame ne comprenait qu’une vingtaine de lits. Trop petit et situé en face du marché de la ville, la nécessité de le déplacer se fit rapidement ressentir. Cette constatation fut également remarquée par Louis XIV qui avança des fonds afin de permettre le déménagement de cet hôpital. Malheureusement, pour des raisons diverses, ce déménagement n’eut jamais lieu et l’Hôtel-Dieu dut s’agrandir sur place. Cet extension permit cependant à l’établissement d’atteindre une centaine de lits à la fin du XVIIIe siècle. A l’heure actuelle, ces bâtiment existent toujours et abritent la Faculté de droit.

Durant les guerres de Vendée, de nombreuses confiscations d’édifices religieux conduisirent l’Hôtel-Dieu a se délocaliser dans les bâtiments de l’ancien grand séminaire (l’Hôtel Pinet, où siège actuellement l’Université). L’établissement devint alors un hôpital civil et militaire ayant une capacité de 300 lits. Cette capacité stagnera à ce niveau jusqu’au milieu du XIXe siècle.
Par la suite, de nouveaux services ouvrent leurs portes et nous assistons à la naissance de la maternité, de l’école de médecine, du pavillon des contagieux, de l’aile militaire et du sanatorium. Une partie de la caserne Dalesmes est également réquisitionnée afin d’assurer le développement du centre de soins.

  • L'hôpital Général de Poitiers
Lorsqu'ils survivent, lorsqu'ils ne restent pas chez leurs nourriciers, les enfants sont déplacés à l'Hôpital général, à l'âge d'environ 8 ans. L'établissement a pour mission d'enfermer les plus démunis. 


Note sur l'Hôpital Général. 

Créé en 1657, ce lieu avait pour mission « d’enfermer » les plus démunis. Son rôle était également de recueillir les enfants abandonnés et les vieillards invalides. Ces missions conduisent l’hôpital à héberger plus de 700 personnes durant les famines du XVIIIe siècle.

Au terme de la Révolution, l’hôpital général perd son caractère carcéral, garde son caractère social (il continue d’accueillir les enfants abandonnés et les vieillards) et adopte un caractère sanitaire avec les aliénés. Il fermera ses portes en 1927 et transférera temporairement les aliénés sur Pasteur. Son activité reprendra en 1937 où il agira en tant que lieu d’hébergement des réfugiés espagnols. Il retrouvera ainsi une mission sanitaire en 1940 avec l’arrivée des malades de certains hôpitaux de la Moselle.

 Source : Site du CHU de Poitiers


A lire en ligne : 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire