samedi 13 juin 2015

L comme l'insolite de Leugny (86) - #ChallengeAZ



Le Challenge de cette année est celui des gourmands. Evelyne qui nous régale jour après jour  et tous ces petits plats se dégustent sans faim de A à Z. La faim ? L'archive la raconte en quelques mots qui nous prennent aux tripes, dessinent des courbes, et en appellent à l'histoire.



En cette année 1694, le Roi Soleil, ébloui par la construction de son palais versaillais, va-t-il enfin y voir un peu clair ? Depuis deux ans déjà, il fait froid dans son royaume, si froid que l’on parlera de « petite période glaciaire ». Les récoltes sont médiocres, d’année en année réduites à néant, aggravant la précarité des couches populaires. L’hiver 1693/1694, le thermomètre chute encore. Le setier de blé atteint des records à 52 livres. En ce printemps 1694, trop froid et trop humide, le Parlement, enfin, réagit. Il ordonne aux curés d’établir un bilan des pauvres de chaque paroisse, impose l’aide aux miséreux par les plus riches. Interdit aux malheureux d’errer sur les chemins !  Les curés multiplient les processions.  En mars, Jean Bart, corsaire, déjouant l’ennemi anglais, ramène 27 navires de blé des pays nordiques, puis encore 30, puis 60 ! A Paris les femmes se révoltent et  Fénelon  écrit à sa Majesté : « La France entière n’est plus qu’un grand hôpital désolé et sans provisions. »
Dans les maisons glaciales du Poitou et d’ailleurs, on fait du pain de n’importe quoi : du pain de fougère, du pain de gland, du pain d’orties, du pain d’herbes bouillies. Avec la malnutrition, les épidémies s’installent,  la typhoïde, la dysenterie, le scorbut gagnent : fièvres putrides, malignes, pestilentes achèvent d’affaiblir les corps. L’absence de nourriture pousse les pauvres sur les chemins, dans les bois, sur les routes, d’un village à l’autre, d’une région à l’autre.

La famine cruelle se lit les traits creusés  et pâles des enfants dénutris mais aussi des adultes. Les abandons se multiplient, des hordes de petits mendiants errent sans ressource et sans secours dans les campagnes démunies comme dans les villes.

 Les villageois désemparés, fouillent les bois, rongent les racines et meurent d’épuisement n’importe où,  là où la faim les a menés et où la faucheuse les guette. Méthodiquement, le curé de Leugny enterre ses paroissiens : des nourrissons, des enfants, des jeunes, des vieillards.

 Méthodiquement le curé de Leugny note sur son registre la cause de chacune de ces morts révoltantes, le désespoir est dans l’énumération  : mort de faim, mort de misère, mort sur le chemin, mort d’épuisement, mort faute de nourriture, mort de défaillance en pleine rue….

En ce printemps 1694, la mortalité a doublé dans le royaume,  la population a baissé de 6,8%, la natalité est en chute, on ne marie plus, et les grossesses sont rares. En ce mois d’avril 1694, le curé de Leugny  désespéré, ne sait pas encore que cette année, enfin, les récoltes de son village seront meilleures et qu’il verra la famine reculer.


vendredi 12 juin 2015

K commme L'insolite de Karacadagdemirci (86) - #ChallengeAZ.



Comment ça il n'existe aucun village commençant par un K dans les registres de la Vienne ? Mais si bien sur !!! Il existe des milliers de villages commençant par la lettre K dans la tête de Ménard,  prêtre d'Angles-sur-l'Anglin !


De quels rêves d'empire du levant, le prieur peuplait-t-il ses mille et une nuits et ses jours d'Angles ?
Quelles envies de voyage, quelles lectures l'amenèrent à cet inventaire à la Prévert ?
Menard l'orientaliste nous offre en deux temps un lexique complet de l'organisation de l'armée et de la société ottomane.
Une première fois au tout début de l'année 1688 et une seconde fois à la fin de cette même année.
Sans autre explication.
Fascination à la lecture d'un ouvrage de voyage ?
Lequel ? Pourquoi ?
Loti n'était pas encore né, mais Busbecq était déjà revenu avec quelques lettres...

BMS 1684-1690
page 47  B-A BA de l'armée ottomanne.



Il y a 12000 janissaires dix desquels ont leur Odabassi
Le Bolachbassi commande à cent innissaires ainsy il y a 120 boluchbassi des innissaires
Les solachs sont des estafiers du prince et sont 150
Le solachbassi est leur chef
Les spaccoglans sont 3000 jeunes gens qui accompagnent le prince à cheval et sont à sa droite et ont
un Aga ou Capitaine, un lieutenant ou un sacronive?
Les silichtavs sont 3000 autres cavaliers qui marchent à la gauche du prince
Les 2 Olofagibassi c'est à dire les chefs des soldats ont sous eux 2000 olofages
Les Caripoglans c'est à dire pauvres jeunes ... soldats sont 2000
Les 2 bracovbassi c'est à dire maitres d'écurie
Les 16000 sarrachi sont ceux qui accoutrent les brides, mous et selles
Les caissi sont valets d'étable
Les cavmandari ont le soin des mulets

Les danigi gouvernent les chameaux
Les cauviligi font paitre les trouppes de chevaux en divers lieux
les 40 peichs sont valets de pied .... qui courent partout aux ordres du prince
Les 2 achergibassi  à la charge des esperviers
les 2 achergibassi et chef des fauconniers
Les 200 zaniglier sont sou le zachergibassi
Le gebegibassi a la charge des armures et commande à 500 gabazi
Le Topcigibassi est le chef des canonniers
.... sont les 3000 canonniers

L'imervalen Aga est le porte enseigne du prince et est capitaine de tous les mechters
L'Arpaemin est le pourvoyeur pour les bleds, et a un pvotogar ou lieutenant
Le savaemin est un pourvoyeur qui a la charge des chemins des édifices fontaines canaux
Le bavatemin est celuy qui dispense les commandements du prince par écrit, et exige les deniers
Le Dvagoman est l'interprète et truchement de toutes langues
Les Azamoglans sont les enfans de tribu dont on tire les innissaires et ont leur Aga
Les Asapi sont 1000
Le Baglerban de la mer c'est l'admiral
Les sangeacs sont les gouverneurs des places
les spacqui sont 30000 soldats à cheval
Les Timarati sont 20000 en nombre, et sont des soldats qui ont des commanderies et servent à la défense
Les Aquengi sont 60000 avanturiers à cheval
Les 7 baglerbens 1 de grèce ou d'Europe et 6 d'Asie, 1 de Natolie ou Asie mineur qui contient le pont, la Bithinie, la propre Asia, la Lidie, Cavie et Licie, 2 de Cavama..
qui est la licie et pamphilie 3 d'Aladule ou paphlagonie 4 d'Amasie et Joccato jadis capadoce et Galatie 5 de Mesopotamie et Armenie mineure
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page 57

Le muphti est le souverain pontife des Turcs
Le casnadarbassi qui est le chef des .... et est eunuque
chiuchter est celuy qui porte les souliers du grand Seigneur
Le Scilichtar porte l'arc et les flèches
Le chiocadar porte l'habillement
Le saraptar porte le vase d'eau
Le scemeglili porte le siège ( du grand seigneur)
L'odabassi est le chef de la chambre
Le Capabassi eunuque est le chef de la porte
Le Luilergibassi est le maitre des dépenses
Le saraidarbassi est le garde du serail et est eunuque
Le capoglan est le chef des jeunes gens
Le bostangibassi est le chef des jardiniers
le protogere est son lieutenant
Le boluchbassi préside sur dix jardiniers
L'Assibassi est le maitre des cuisiniers
Le Cavalgibassi est le chef des confituriers


Le Casnergirbassi est le chef des dépensiers et ... maitre d'hotel
le mutpachemin est le dépensier
Les sacca sont les porteurs d'eau
Les capigibassi sont les capitaines des portes
Les capigiquequessi est l'autre nom des capigi
Les Cadilesquiers talismans sont les docteurs de la loy
Les cadi sont les juges
Les muchdubassi sont comme ...
Les defterdari ou teferdari sont comme nos trésoriers
Les 2 rosunamogi sont les maitres clercs qui recoivent et déboursent l'argent
Les desnadars sont les peseurs qui payent les aspres et ducas
Les Saraffieri sont les banquiers qui connaissent l'or et l'argent s'il est bon
Le Nessargibassi est comme le chancelier qui signe les lettres du prince


Les 10 casnadri sont les petits trésoriers sous le cajnadarbassi
Les bestermin sont sou les casnadri et tiennent registre des gages des officiers
Les 80 mutaferaques portent la lance tous les jours quand le prince sort en campagne
Le chirusbassi? est le chef des sergens de l'armée
Le mechtarbassi est le chef des tapissiers du prince et de ceux qui...
L'Aga est le capitaine des Janissaires
Le Chaucaya est le lieutenant de l'Aga
Les Jannizerinssis est le scribe des janissaires
Le sech mombassi est le maitre des chiens de chasse.


Moi, Lulu Cavalgibassi (chef des confitures), certifie n'avoir pas eu d'autre solution pour participer au #challengeAZ que d'utiliser ce subterfuge pour la lettre K....


jeudi 11 juin 2015

J comme l'insolite de Jazeneuil (86) - #challengeAZ




Tic-tac, tic-tac, pour être à temps, le challenge court après la montre ! Juste le temps d'un bel hommage, sur cette archive insolite, un bel hommage, ajouté à la hâte, tic-tac, tic-tac, pour l'horloger de Jazeneuil !!! Tic-tac, tic-tac, la faucheuse, en ce cinquième jour de décembre 1687, tic-tac, tic-tac, à l'heure de la dernière heure, n'est pas à une heure près ! Tic-tac, tic-tac, c'est sur les une à deux heures du matin, que mourut notre horloger, en prenant son temps. Tic-tac, tic-tac, mais l'horloge, la précieuse horloge n'était ni au domicile du défunt, ni au poignet du curé !! Penser le temps d'antan, s'inscrire dans la durée de la lumière du jour, du rythme des animaux, du chant des oiseaux, et chercher à prendre le temps de compter les heures.
Le curé Vidard de Jazeneuil est aussi le frère du défunt. Joseph était son prénom, il était religieux de l'Ordre de Saint Bernard. Religieux, notre horloger. C'est lui, Joseph qui avait fabriqué il y a plus de neuf ans l'horloge de la paroisse, la seule, l'unique. Lui Joseph Vidard qui avait guidé dans son travail le serrurier, tic-tac, tic-tac, pour que le temps passe paisible et précis dans la petite paroisse.
Tic-tac, tic-tac...

mercredi 10 juin 2015

I comme l'insolite d'Iteuil (86) - #ChallengeAZ


A Iteuil, aussi , trop d’impôt, tue l’impôt ! 


Et tue parfois même celui qui le collecte ! Récupérer la taille, était une charge bien lourde, que l'on confiait généreusement aux membres du syndic de la paroisse. A Iteuil, en cette fin de mois d’août 1660, l'un des impots les plus impopulaires de mémoire d'ancêtre de contribuable, provoqua une sacrée rébellion accompagnée d'une belle fusillade. Deux pauvres paroissiens percepteurs en firent les frais. Ce jour-là, on mit en terre René MASSUCHON et Pierre SUZERAT dit "le petit masson", "tué dans la fusillade en ramassant la taille" !
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Mais au village, sans perception, tout le monde n'a pas mauvaise réputation ! Et l'on garde ses sous pour les marchands sont de passage,
10 juin 1650 on enterre un garçon mercier de passage, venant de Chartres, Jacques Parnier, agé de 23 à 24 ans qui avait été charitablement traité par Pierre Cadin et sa femme !
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Et trente ans plus tard, le 1 janvier 1680, la fille du marchand libraire agée de 12 jours meurt au village, ses parents Jean Brissonnet et Jeanne Lhoumeau sont de la paroisse de St Didier de Poiteris.
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Ici, comme dans tant et tant de paroisses de la Vienne, l'installation d'une cloche est l'occasion d'un baptême et d'une fête ! Celui de la petite cloche eut lieu le 12 Juillet 1716
Parrain Jean Pierre Lecomte escuyer de Pierre Durivault, conseiller du roy et Renée Brigitte Liège
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Celle-ci sonnera pour la mise en terre de ce pauve Jean Jouineau, 43 ans, fils de Marie Jorigny et de Pierre Jouineau retrouvé noyé le 12 décembre 1781 ! On n'en saura pas plus sur l'origine de cet accident, s'il s'agit bien d'un accident....


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Patronymes concernés par les petites Affaires Criminelles d'Iteuil répertoriées (inculpés, victimes ou témoins)
MENAUD - PERQUIAS -PERRIN - SOUCHET - SOULARD - TESSIER 

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Mémoire des Poilus d'Iteuil 
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mardi 9 juin 2015

H comme l'insolite de Haims (86) - #challengeAZ


H comme Haims, pas le choix, c'est la seule commune de la Vienne qui commence par cette lettre !! Je crois que c'est la première fois que j'ouvre ces registres. Je ne retrouve rien d'indexé, dans aucune de mes bases. Etonnant d'ailleurs de remarquer que certaines paroisses passent au travers des loupes généalogiques ! Peu de recherches sur certains villages, alors qu'elles sont pléthoriques pour d'autres !
Pas de chance, la bande des petits poucets n'a semé aucun caillou sur ces registres là.
Allez ! C'est parti pour une chasse au trésors !


Ouvrir les registres les plus anciens, et l'insolite est là dans les baptêmes de 1606 ! Premier bonheur que de découvrir en 1607, la si belle écriture de Marguerite De La Lande. Un beau personnage à étudier sans aucun doute ! Quelqu'un s'est-il déjà penché sur sa vie ? 


1639, l'écriture laisse un peu à désirer, mais on arrive à s'en sortir... Mort de l'Archiprêtre de Montmorillon, enterré dans l'église de Haims. 


Voilà une archive bien émouvante, en 1690, le curé de Haims note les enterrements des "petits". C'est la seule fois. 7 enfants sont morts cette année. Trois ondoiements de nouveaux-nés (ou baptêmes dans l'urgence pratiqués par la matrone), nous font craindre des accouchements bien difficiles. C'est beaucoup pour une seule année et un petit village. Le sujet mériterait d'être approfondi dans cette paroisse pour cette période. C'est ça aussi l'insolite, l'envie d'aller plus loin, retrouver la matrone, vérifier l'état de santé de toutes ces accouchées. 


22 janvier 1700, Haims commence le siècle avec un Batard... Enfant naturel. On pourrait s'attendre à ne rien savoir du père. Que nenni, il s'agit de François Mathurin qui donne son patronyme à l'enfant que le curé baptise Marin, fils de Perrine Magnan. Qui nous en dira plus sur cette naissance ! 



En l'absence de l'archiprêtre, le 14 mars 1697, le curé baptise Sylvain et "encore" Marie, enfants jumeaux de Laurent FRAGUIER et de Michelle son épouse. Ils sont dits "étrangers", c'est à dire d'ailleurs, ce qui ne signifie pas forcément au delà des frontières du royaume. A l'époque on ne voit pas plus loin que le bout de son clocher ! Michelle vient de la paroisse de St Martial de Mont (???) . Pas très facile à localiser ! Etranges étrangers voyageurs, une fois de plus.


Je vous laisse avec un petit exercice de paléographie ? 

A demain ! 

lundi 8 juin 2015

G comme l'insolite de Genouillé (86) - #challengeAZ

Le temps des cerises à Genouillé... et autour.



Nous sommes en juin et une mise en garde s’impose : A la lecture des registres paroissiaux, manger des cerises nuit gravement à la santé ! 
C'est la leçon que nous donne en juin 1684, ce pauvre Pierre La Cheze de Genouillé : "Le dix neuvième jour de juin mil six cent quatre vingt quatre, nous avons enterré, au cimetière de Genouillé, Pierre La Cheze, valet à Louis Pelin, laboureur, lequel est tombé d’un cerisier et s’est tué, du village de La Combe, en présence de Léonard Grange, Thomas Morichault, Pierre Grangé, Jacques Vriet et autres qui ont déclaré ne savoir signer, hors les soussignés, fait par nous prêtre curé de St Clémentin, soussigné, le jour et an susdit."
Méfiez-vous les gourmands , non seulement des peines d’amour, mais des chutes cruelles ! En effet parmi les morts accidentelles retrouvées, une des causes les plus fréquemment relevées dans les registres paroissiaux est la chute d'un arbre. Et de tous les arbres fruitiers, le cerisier est le plus dangereux !  Il est suivi de près par le poirier et de très loin par le noyer. 

Quelle étrange idée aussi d'aller se percher dans un noyer. Jeanne Pingault avait trente ans.  Il est intéressant de noter que, de mémoire de curé, mis à part un certain Newton qui n’était pas de la région, aucun pommier n'assomma jamais personne !
Tous accidents confondus, le XVIIème siècle est particulièrement meurtrier, et les morts suite à des chutes d’arbres sont en grande majorité brutales et immédiates ! Ce qui laisse perplexe. Au gang des fruitiers, la prune post-prandiale pourrait-elle jouer un rôle complice dans la fatalité de l’issue ? N'y aurait-il pas, parmi ces morts brutales, quelques règlements de compte maquillés ? L'arbre de l’accident ne cache-t-il pas de temps en temps, la forêt du désespoir, plutôt que les fruits de l'imprudence ?
Que penser de ces deux actes de sépulture successifs à Bouresse, fruits d’un incroyable hasard : « Le 7 juillet 1665 a este inhumé Michel Mergault qui s’est tué à la Quinetière en cueillant des cerises » et voilà que cinq jours plus tard c’est le tour de Martin Rousseau : «  Le 12 a este inhumé Martin ROUSSEAU aussi en cueillant des cerises » Le curé n’en revient pas !

Charlotte Girard de Thuré, Jeanne Amiot de St Gaudent, Pierre Brun de Blanzay, morts au temps des cerises, au temps des peines d’amour.
Combien de drames se cachent derrière ces actes de sépulture de juin et juillet,  qui, à grand renfort de témoignages de bonne foi catholique, écartent l’hypothèse d'une origine suicidaire ? Le suicide, ce grand absent des registres, mais aussi de la presse ! Il apparaitra  à la rubrique faits divers au début du XXème siècle. On découvrira alors par la multiplicité des articles et des entrefilets, l’intensité du désespoir qui sévissait dans les campagnes du Poitou. De quoi innocenter rétrospectivement, quelques dizaines d'arbres fruitiers ! 

Source : AD 86 Registres Paroissiaux.
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