mardi 28 novembre 2017

Tragique déni de grossesse par Thierry Péronnet - Dossier de Presse.

Vous avez aimé lire cet article dans Centre Presse. Vous aimeriez en savoir plus ? Connaitre la liste des témoins, consulter les documents d'archives ? Voilà pour vous. 
Source AD86 Série E

Ce 09-02-1677 le village de Longe à St-sauvant sera le théâtre d’un drame vieux comme le monde, Jeanne GALTEAU 22 ans originaire de la Mothe-St-Héray fille de Pierre maréchal et de feue Jeanne CHAIGNEAU était tombée enceinte des œuvres de Daniel PAREAU qui lui avait promis le mariage, un domestique de monsieur IZORE laboureur de Chiré. Ce jour-là elle accoucha seule d’un enfant mort-né selon ses dires, après une grossesse dont elle ne se serait pas rendu compte, ensuite elle le cacha sous le fumier dans un coin du toit aux brebis. Le cadavre du pauvre enfant est découvert à 10 heures du matin après la mise au champ des bêtes. Mathurin TEXIER 40 ans journalier de Longe de St-Sauvant son maître est appelé à témoigner, il déclare qu’il ne savait pas que Jeanne GALTEAU était enceinte, qu’il est allé donner à manger à ses brebis et que « dans le milieu du têt aux brebis » il vit le bras d’un enfant mort*, le reste étant caché. Il avertit sa femme Marthe BIGEON 30 ans par ses mots « mon dieu ma mère je viens de trouver un enfant dans notre têt à brebis », il y avait beaucoup de sang, ensuite ils trouvèrent ladite GALTEAU auprès du feu en train de faire sa quenouille, celle-ci leur dit qu’elle a été malade dans la nuit, mais ne dit rien à l’évocation de l’enfant trouvé dont le bras paraissait encore vivant. Après la visite du cadavre par la justice**, avec des voisins, ils lavèrent le petit corps et l’ensevelirent dans la cour de la maison. Dans son témoignage Marthe BIGEON rajoute qu’elle ne savait rien de la grossesse et que Jeanne GALTEAU avait continué à travailler manger et boire comme si de rien n’était durant celle-ci, comme elle la trouva le matin au lit et malade elle alla prévenir son père et sa belle-mère et leur demanda de venir la voir, la belle-mère refusa. Au retour son mari l’informa de la trouvaille, le père et la belle-mère refusèrent toujours de se déplacer. Pierre BERNARD laboureur à bras 27 ans raconte que de nombreuses personnes savait que l’accusée était enceinte ce qu’elle déniait. Thoinette BOURCIER 62 ans femme de Jean BERNARD laboureur à bras et d’autres témoins rapportent les mêmes faits.
Le juge ne croyant guère aux propos de ladite GALTEAU l’accusa d’avoir fait périr son enfant et il la fit emprisonner. Elle persista dans ses déclarations. Mais la justice de l’époque était impitoyable envers les mères infanticides, le 31-03-1677 Jeanne GALTEAU accusée d’avoir fait mourir son enfant naissant est condamnée à être pendue et étranglée par l’exécuteur de la Haute Justice*** à une potence montée en la basse ville de Lusignan vis-à-vis des Trois-Piliers, où elle devra y rester 24 heures, ses parents pourront l’ensevelir ensuite. Après confirmation du jugement l’exécution sera effective le 28-08-1677 sur les 4 à 5 heures du soir, après que la condamnée eut demandé à genoux pardon à Dieu au Roi et à la Justice. Triste conclusion pour une pauvre fille abusée par son galant, rejetée par ses propres parents et victime de son déni d’une grossesse non désirée.
 *habituellement c’est dans le toit aux cochons que l’on retrouve quelques restes
**le chirurgien qui l’examina ne trouva aucune trace de coups, une bouche un peu noire, lune mort récente
 ***Mathurin ROBIN de Poitiers payé 35 livres 

Voici l'affaire en mode relevé avec tous les témoins.
 Source AD86-  6-B-40 DSCN 2247 à 2308 le 09-02-1677, infanticide,
 Jeanne GALTEAU 22 ans village de Longe à St-sauvant originaire de la Mothe-St-Héray fille de Pierre GALTEAU maréchal et de feue Jeanne CHAIGNEAU accouche clandestinement d’un enfant, elle était est tombée enceinte des œuvres de Daniel PAREAU qui lui avait promis le mariage, un domestique de monsieur IZORE laboureur de Chiré, elle est servante domestique de Mathurin TEXIER 40 ans journalier de Longe et de Marthe BIGEON 30 ans sa femme, selon sa déclaration du 31-03-1677 elle ne savait pas qu’elle était enceinte, elle croyait avoir des coliques, elle n’a rien dit au père de l’enfant qu’elle n’a revu qu’une fois, elle affirme que l’enfant était mort-né et qu’elle l’a mis sous du fumier dans le toit au brebis, le 15-02-1677 plusieurs témoignages recueillis, Mathurin TEXIER déclare qu’il ne savait pas que Jeanne GALTEAU était enceinte, qu’il est allé donner à manger à ses brebis et que « dans le milieu du têt aux brebis » il vit le bras d’un enfant mort, le reste étant caché, il avertit alors sa femme Marthe BIGEON par ses mots « mon dieu ma mère je viens de trouver un enfant dans notre têt à brebis », il rajoute qu’il y avait beaucoup de sang, ensuite ils trouvèrent ladite GALTEAU auprès du feu en train de filer sa quenouille, celle-ci leur dit qu’elle a été malade dans la nuit, mais ne dit rien à l’évocation de l’enfant trouvé dont le bras paraissait encore vivant. Après la visite du cadavre par la justice, avec des voisins, ils lavèrent le petit corps et l’ensevelirent dans la cour de la maison, Marthe BIGEON rajoute qu’elle ne savait rien de la grossesse et que Jeanne GALTEAU avait continué à travailler manger et boire comme si de rien n’était durant celle-ci, comme elle la trouva le matin au lit et malade elle alla prévenir son père et sa belle-mère et leur demanda de venir la voir, la belle-mère refusa et rajoute que son mari l’informa de la trouvaille à son retour et que le père refusa de venir mais que la belle-mère se déplaça, Pierre BERNARD 27 ans laboureur à bras de Longe déclare que de nombreuses personnes savaient que l’accusée était grosse que l’enfant paraissait assez « puissant », Thoinette BOUMIER 62 ans femme de Jean (plutôt Jacques) BERNARD déclare que ses voisins l’avaient appelé pour voir ce qu’ils avaient découvert, que le bras et la tête paraissait assez puissant, rajoute qu’à sa question lui demandant pourquoi elle avait fait une si mauvaise action l’accusée ne dit rien, Jacques BERNARD 60 ans laboureur marchand de Longe déclare que l’enfant mort est un garçon assez puissant, André SABOURIN 25 ans journalier de Longe dit qu’il ne sait pas grand-chose, qu’il avait oui dire que l’accusée était grosse, Anne JOLLI 30 ans femme de Jacques COUSTEAU journalier de Longe raconte que l’accusée menaçait de tuer à coup de couteau ceux qui luis disaient qu’elle était grosse, qu’elle lui a dit  que, si son maitre et sa belle-mère l’avait écoutée, elle ne serait pas dans cette état, Françoise ROBIN 40 ans femme de Gabriel CARTAIS laboureur de Longe déclare que la femme de Mathurin TEXIER avait trouvé beaucoup de sang à sa porte et qu’elle affirmait que l’accusée avait accouché, elle rajoute que munit d’une chandelle elle vit le bras d’un enfant mort dans le têt à brebis le reste étant dans le fiand (fumier), que l’accusée lui confessa que l’enfant était d’elle et d’un certain PAREAU valet à la Brousse-Sapin, Renée PETIT 25 ans fille de Jean PETIT journalier de Longe dit qu’elle ne sait pas grand-chose et déclare avoir oui dire que l’accusée était enceinte, et qu’elle nous a vu la mettre à cheval pour l’emmener prisonnière, (Jacques Pierre et Jean BERNARD père et fils), le chirurgien qui examina l’enfant le jour de sa découverte ne trouva aucune trace de coups, il dit que seule la bouche était un peu noire, il déclara que la mort était récente, il examina aussi l’accusée et affirma qu’elle avait fraichement accouchée, le 31-03-1677 Jeanne GALTEAU est accusée d’avoir fait mourir son enfant naissant et est condamnée à être pendu et étranglée par l’exécuteur de la Haute Justice, Mathurin ROBIN de Poitiers payé 35 livres, à une potence montée en la basse ville de Lusignan vis-à-vis des Trois-Piliers, où elle devra y rester 24 heures, ses parents pouvant l’ensevelir ensuite, le jugement confirmé l’exécution sera effective le 28-08-1677 sur les 4 à 5 heures du soir, après que la condamnée eut demandé à genoux pardon à Dieu au Roi et à la Justice.