jeudi 23 avril 2015

Les Centenaires de la Vienne.

Aujourd'hui dans Centre Presse :
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Itinéraire d'une centenaire. 
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De nos jours, centenaires et doyens de l’humanité sont des miraculés comme les autres, leur authentification est indispensable. Si celle-ci se simplifie avec la rigueur de l’état civil, il en est tout autrement sous l’ancien Régime. En matière « d’oubliés de Dieu », même les plus taiseux des prêtres de nos paroisses mentionnent ces âges extrêmes, générateurs de légendes locales. Y croire, c’est garder la foi dans la parole du curé ou du journaliste local. Or, le doute reste le dogme absolu du fouilleur d’archives. Le titre de doyen de l’humanité étant fort éphémère, la championne régionale ancestrale que je vous propose aujourd’hui, ne demande, par conséquent, qu’à être détrônée…

Coté extrême longévité, les potions miracle sont toujours les mêmes : éviter le docteur, garder une vie saine, avoir du caractère, de l’appétit, et siroter une petite prune de temps en temps ! Voilà qui résume peut-être la vie de Françoise BODIN, qui mourut le 23 mars 1773, sourde mais avec toute sa raison, à l’âge de 105 ans !  Ce qui nous fait naitre la belle en 1668… En l’absence d’acte de baptême, examinons les possibles de cette étonnante vie.

 Tout d’abord, couturière, Françoise devint  accoucheuse à 25 ans au village de Saint-Pierre-des-Eglises, où elle se maria à Nicolas GUION en 1697.
La mort du pauvre Nicolas à 30 ans, le 28 décembre 1699, nous confirme le premier veuvage et donne deux pistes : l'une concernant l’âge de sa promise qui est souvent proche de celui du promis, l'autre concerne la présence de Pierre BODIN, témoin et possible père de la mariée.

 Françoise Bodin convola de nouveau deux ans plus tard, le 4 juillet 1701, avec Etienne PELTANT.

 Aucune de ces deux unions ne semble avoir porté de fruit. 
Veuve en 1714, Françoise se remaria avec Pierre Multeau, le 24 septembre 1720 à Chauvigny, à l’âge possible de 52 ans. Le couple s’installa à Jardres  où l’épousé disparut ,après 28 ans d’union, à l’âge de 88 ans. Sans l’ombre d’un doute, l’élixir de longévité pimentait  les soupes de nos vieux époux !

  Veuve pour la troisième fois à l’âge possible de 80 ans, Françoise poursuivit son métier de sage-femme, si l’on en croit la presse régionale et la législation du travail en vigueur… Jusqu’à l’âge de 102 ans ! 
Après trois ans de retraite bien méritée, elle s’éteignit au village de Bonnes. Le curé prudent lui accorda cent ans, mais laissa sur son registre, un intervalle libre pour une précision ultérieure, tant l’âge annoncé par les proches l’étonna.  La presse régionale, toujours mieux informée, lui accorda 105 ans et les honneurs d’un hommage !

Ce petit cheminement d’hypothèses, n’apporte pas de preuve formelle au miracle de la longévité de Françoise Bodin,  mais donne malgré tout un certain nombre d’éléments de possibilité. Le seul mariage répertorié et compatible mentionnant un Bodin Pierre, père possible de Françoise, eut lieu à Chauvigny en 1675 avec Catherine DUPERAT. S’il s’agit de la bonne piste, si ces deux-là n’ont pas fêté Pâques avant les Rameaux, alors Françoise s’est éteinte à 98 ans.

Quoi qu’il en soit, jeune fille sous Louis XIV, la quarantaine grelottante sous l’hiver 1709, veuve pour le sacre de Louis XV, immunisée pendant les épidémies de 1719, survivante à la famine de 1730, résistante au long hiver de 1739 comme aux canicules des années 1770, Françoise Bodin mourut centenaire, forcément centenaire… ou presque.
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Désormais les centenaires sont légion ! On en compte 22912 dans notre pays en 2015, alors qu'il n'y en avait que 100 au début du XXème siècle ! La France gagne ainsi 2000 centenaires par an et est le premier pays d'Europe en nombre de centenaires ! Dans 50 ans, la France pourrait compter 200 000 centenaires...
La santé des centenaires est plutôt bonne. Un sur deux vit à son domicile et si 86% des centenaires sont des femmes, les hommes restent plus longtemps chez eux. 
La "démocratisation" du grand âge, étant ce qu'elle est, il a fallu créer une nouvelle catégorie appelée "Supercentenaire" qui regroupe les hommes et les femmes ayant plus de 110 ans révolus. Les hommes y sont rares, seuls dix français ont dépassé les 110 ans ! 
La probabilité de devenir supercentenaire pour un centenaire est de 0,5%. 
Au sein de cette super catégorie se distingue le club solitaire et très fermé et très temporaires des doyens de l'humanité dont 7 furent de nationalité française.

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Et quelques autres Centenaires de la Vienne.


LieuDateNomPrénomAgeSource
PAYRE1730/03/08JAMETMarie103Source : AD86/Payré/BMS/1727 - 1738/vue 28
PAYRE1702/09/29SEGNELEFrançoise101Source : AD86/Payré/BMS/1696 - 1707/vue 56
BONNES1773/03/23BODINFrançoise105Source : AD86/Bonnes/BMS/1761-1773/vue 118Source : Affiches du Poitou 1773/avril-Juin/vue 7
CHAPELLE-MONTREUIL1774/10/16MILLETSimon100Affiches du Poitou 1774/Janvier-Mars/vue 27Acte non retrouvé.
BENEST1774/02/15BOUNAUDAntoine100Presse
CHARROUX1780/02/17BOUTETAntoine106Source : AD86/Charroux/BMS 1775-1780- vue 93en présence de son fils François.
CHAMPNIERS1746/10/17GESRONLouis107Source : AD86/1740-1749/vue 61en présence de Louis Gesron et de Louis Paradont
MIGNE-AUXANCES1662/06/21MARCHANDHilaire100Acte non retrouvé
ASNIERES-SUR-BLOUR1807/03/24THIMONIERFrançois100AD86/Asnières-sur-Blour/NMPD/1803-1807/vue 100né à Luchapt le 2 avril 1724 ! Il a 83 ans
AVAILLES-EN-CHATELLERAULT1727/09/09LAMACHERELouis104Source et article : AD86/Availles-en-Chatellerault/BMS/ 1717-1736/vue 46
BERUGES1771/09/17FLEURISEL?115Source : Affiches du Poitou 1774/Janvier-Mars/vue 9domestique depuis l'age de 7 ans
CiVRAY1773/09/08BERTINEAU103Source : Affiches du Poitou 1773/juillet-septembre/vue 28
CiVRAY1769TRIBOT112Source : Affiches du Poitou 1773/juillet-septembre/vue 28
LUCHE THOUARS1775SAULIGNACGeorges108Source : Affiches du Poitou 1775/juillet-septembre/vue8

mardi 21 avril 2015

Un 21 avril 1896 à Constantinople.

Un 21 avril 1896, naquit Tchèle à Constantinople.
Chassé d'Espagne par l'Inquisition, trois siècles plus tôt. Constantinople fut le refuge de ses ancêtres, La religion, toujours la religion, qui chasse les hommes, les fait fuir, les pousse sur les chemins, les jette dans des embarcations de fortune...
La Méditerranée, d'une rive à l'autre...
Constantinople, quartier Galatasaray, ses juifs pauvres, ses juifs petits marchands ambulants, ses juifs amoureux du Bosphore.
Trois siècles plus tard, à la veille de la grande guerre, les juifs sont malmenés en Turquie, pour Tchèle, il est temps de partir.
Alors Tchèle part. Mais comment part-il Tchèle ? Comment traverse-t-il cette Grande Bleue, une fois de plus ? Sur quel bateau ? Une traversée clandestine ? Peut-être ? Probablement ? Sur un navire de fortune ? Sur une embarcation solide ?
Je ne sais pas. Jamais Tchèle n'en parla à quiconque. Tchèle avait largué les amarres, un point c'est tout.
Débarqué à Marseille, Tchèle monte à Paris. Là-bas, des cousins l'attendent, il va trouver de l'aide. Sa mère, ses frères, tous viendront.
Tchèle tourne la page.
Tchèle, l'analphabète, écrit son histoire Boulevard Voltaire,
Tchèle sera cordonnier, plongeur.
Tchèle sera père de sept enfants,
Tchèle sera français.
Tchèle se prénommera désormais Théodore.
Tchèle ne sera pas déporté.
Tchèle sera gaulliste,
Tchèle ne prendra plus jamais un bateau.
Tchèle donnera à la France un résistant, six enfants cachés, une légion d'Honneur.
Tchèle aimera la vie, sa femme, ses mômes en lisant dans le marc de café.
Tchèle apprendra à lire et à écrire avec son fils, normalien.
Tchèle n'apprendra jamais à nager.
Tchèle restera des heures sur la plage, l'esprit sur l'autre rive de la Grande Bleue
Tchèle, je l'appelais Pépé Catalan, il aurait 119 ans aujourd'hui et j'ai le mal de mer.

lundi 20 avril 2015

Un 20 avril 1754 à St Macoux...


Saura-t-on un jour quel différent opposa François Marteau à l'homme qui le tua d'un coup de fusil le 20 avril 1754 ? La victime est domestique chez Messire François BALLIOT et le drame se déroule devant plusieurs témoins, habitants de Saint-Macoux ou de Saint-Saviol. 
Prudent, comme la plupart du temps dans ces petites affaires criminelles rapportées dans les registres paroissiaux, le curé du village se garde bien de nous donner un indice quelconque sur le motif ou l'identité du criminel... 
François Marteau, fils de Pierre et de Marie Raffoux, marié à Marie Birault le 13 Octobre 1745 à Saint Macoux, ne semble pas avoir de descendance. 
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François Marteau, agé de 34 à 35 ans, en son vivant époux de Marie
Birault, domestique à .... en la maison de Me
François Bailliot fut tué d'un coup de fusil par un
homme de cette paroisse et ce en présence dudit Bailliot
de Jean Frangé meunier, de Jean Texereau, de Rogeon et
plusieurs de la paroisse de St Saviol et de celle-ci et ce
le vingt avril 1754 et fut enterré au cimetière de
cette paroisse par Messire Georges Bruneau prieur curé de St
Savil le vingt et un du même mois comme étant
de cette paroisse et mort dans le chemin dans la dite paroisse
Marie Raffoux mère dudit feu François Marteau
assistèrent à son enterrement.
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BAILLARGON , inculpé(1764)
MAREUL DUPARC , inculpé(1793)
 PEURET Magdeleine, inculpé(1870)
 SICAULT Charles, inculpé(1764)
 SICAULT François Jean, inculpé(1764)
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BAUDIN Pierre, victime(1729)
MORATRIE (1782)
 VIE LOCALE Saint Macoux(1754)
VIE LOCALE Saint Macoux(1777)