Source AD 86 - Pour bien visualiser l'image, cliquez droit et ouvrir dans une nouvelle fenêtre.
1773, la santé n’a pas encore sa loi, mais elle a ses règles
et la presse en fait écho ! Dans une ville du Poitou, chirurgiens et
apothicaire s’égratignent en justice à propos de leurs compétences
respectives ! Pensez braves gens ce dernier saigne ses clients dans son arrière-boutique !
S’il admet avoir un peu empiété sur les compétences de ses rivaux, le
pharmacien sait se défendre et assure qu’il cessera les pratiques dont on
l’accuse dès lors que l’on défendra aux premiers de faire commerce de
remèdes ! Dès lors qu’il s’agit de puissant, la justice peine à froisser
et renvoie, dans sa grande sagesse, l’apothicaire à ses flacons et les
chirurgiens à leurs bistouris. Tels sont alors pris qui croyaient
prendre ! Interdits de remèdes, les chirurgiens se voient amputés d’un
profit considérable ! Ils répondent à cette « injustice » en s’accordant
à ne délivrer désormais que de la poudre d’Alliaud, potion dont ils semblent
avoir l’exclusive distribution. La poudre d’Alliaud, késako ? Purgatif à
tout faire, elle n’est rien d’autre que l’antidote du médicament générique. La
médecine de l’époque a son axiome : le riche guérit d’autant mieux qu’il
est soigné plus cher… Pour que tout
aille mieux, au Jalap du pauvre, Alliaud le visionnaire, ajoute un peu de
Nerprun, vendant à prix d’or à Marquise, sa poudre de perlimpinpin ! L’histoire
dira que l’homme de l’Art est mort riche et décrépi… en sirotant son remède.
Mais revenons à nos paroisses ! Tandis que ces
spécialistes de la ville toussent au tribunal, la grippe est au village. Et au
village, le désert médical règne avant l’heure ! Heureusement le curé est parfois
un peu sorcier et distribue en toute impunité ses potions personnelles, remèdes
d’une efficacité garantie par les cieux, qui donnent à ses registres des allures de
grimoire. Voyez contre la forte fièvre : un gros de quinquina, un gros et demi d’iris de Florence, l’un et
l’autre bien pulvérisés et bien délayés dans un grand verre d’eau de la
fontaine qu’il faut avaler avant le moment de l’accès de fièvre. Que si la
fièvre ne vient que deux heures après avoir pris le breuvage, il faut
absolument manger et ne point se purger d’un ou deux jours après. Si malgré tout vient la pleurésie, prenez une tête d’orties rouges, les couper
menues, faites les bouillir dans un grand verre de vin rouge et autant d’huile
d’olive… passez le tout… et faites prendre le bouillon au malade, le plus chaud
qu’il pourra !
L’épidémie de grippe ayant traversé les siècles en se
moquant parfois du vaccin, avec le bon curé de Cernay, décoctons allègrement
et sans tarder quinquina, lierre, iris
et orties ! Le jardin nous gardera
des fièvres, de la pleurésie et même en prime de la rage ! Pour ces
remèdes incontestables, on s’étonnera malgré tout de l’utilisation de l’huile d’olive en
Poitou, quand celle de noix a chez nous des vertus de guéritou incontestables !
Source : Archives Paroissiales et Presse Ancienne de la
Vienne.