jeudi 31 octobre 2013

Abracadabra !


Juste avant de partir en virée,
 perchée sur mon balai,
 je remets à l'honneur cet inventaire à la Prévert 
de nos sorcières du Poitou ! 
Avec une de mes illustrations fétiches. 


La Sorcellerie au féminin
  • AMALRIC Madeleine - (1599) - Montmorillon (86) : Sorcière qui allait au sabbat et qui accusée de onze homicides fut mise à mort à 75 ans dans la Baronnie de la Trimouille. (Source : Discours sommaire des sortilèges et vénéfices tirés des procès criminels jugés au siège roya de Montmorillon en 1599 page 49)
  • CHASTENET Léonarde - (1599) -  Montmorillon (86) : Vieille femme de 80 ans, mendiante en Poitou vers 1591 et sorcière. Confrontée avec Mathurin BONNEVAULT qui soutenait l'avoir vue au sabbat, elle confessa y être allée avec son mari et que le diable qui s'y montrait sous forme de bouc, et était une bête fort puante. Elle nia les maléfices dont on l'accusait. Cependant elle fut accusée par 19 témoins d'avoir fait mourir cinq laboureurs et plusieurs bestiaux. Condamnée, elle confessa avoir fait un pacte avec le diable, lui avait donné de ses cheveux et promis de faire tout le mal qu'il ordonnerait. La nuit le diable venait la voir dans sa prison sous forme d'un chat. Elle dit à ce chat qu'elle souhaitait mourir. Le diable lui présenta des morceaux de cire, qu'elle devait manger pour disparaitre. Mais elle n'osa le faire. On analysa les morceaux qui gardèrent leur mystère. Elle fut brulée avec ses morceaux de cire. (Source : Discours sommaire des sortilèges et vénéfices tirés des procès criminels jugés au siège roya de Montmorillon en 1599 page 49)
  • GARAUDE Andrée - (1475) -  Noirlieu (79) : Brûlée vive en 1475 à Bressuire, elle avait 56 ans, veuve depuis 18 ans et avait  passé quelques mois au service d'un bourgeois à Poitiers. Elle Participe à de nombreux sabbats nocturnes qui regroupent trente à quarante personnes. Accuse Jeanne SEGUINELLE femme de Nueil de l'avoir entrainée.  Sur commandement du diable " a pissé troys foiz ou bénister et fait deux foiz sa grosse matière" en la nef de l'église de Noirlieu !  Fabrique un petit voeu de cire qu'elle place à la porte de la chambre du valet du seigneur de Noirlieu. "incontinent mal luy prinst tellement qu'il ne povoit riens faire ne boyre ne manger que bien peu". Elle enlève le voeu et procède au désencorcellement.  Elle envoute le vicaire de Noirlieu avec un voeu de Jeanne THORU de Boesse, elle le désencorcelle en le lavant. Elle envoute le frère de Jean LECOMTE à Poitiers, Micheau qui l'avait traitée de vieille. Mais elle n'enlève pas le voeu et Micheau meurt (ordre du diable).  Empoisonne avec des poudres la chèvre de Jean THORU à Noirlieu. 
  • GIRAUDELLE - (XVème siècle) - Chaillé (85) : Vieille femme qui garde les troupeaux aux champs. fabrique un voeu pour  nuire au prieur de Chaillé et le fait baptiser par un prêtre de Tablier. Le prieur a du mal à mourir, elle en appelle aux démons, le toit de la maison du prieur s'écroule... Le prieur survit et confie son aventure à Jean VINCENT Prieur de Moutier qui écrira un ouvrage sur les arts magiques.
  • L'EFFRAYEE Thomine - (1458 ) - Andillé (86) : 60 ans veuve, a volé un bonnet chez sa patronne.
  • LEPREUSE anonyme - (XVème siècle) - Vaux (86) : Elle transporte des têtes de couleuvre et autres ingrédients, on l'enferme avec d'autres lépreux accusés et on brûle la coupable.
  • MOREL Jeanne - (1401) -  Velluire (85) : Veuve de Jean JOULAIN au Gué de Velluire a volé une oie et une paire de chaussures. Convaincue d'avoir envouté et fait périr plusieurs personnes. 
  • ROULLETTE Jeanne -  (1475) - Fontaine le Comte (86) : Veuve, plusieurs enfants dont deux filles à marier. Femme de J. GAVAY pauvre bonne femme. Accusée par son voisin Jean GAUVRIEL. Mais on lui rend justice  le 24 mai 1476 devant la Cour du Sénéchal de Poitiers.
  • DE VALESA Peronelle -  (1314) - Poitiers (86) : Sortilèges contre Jean de CHERCHEMONT chanoine de Ste Radegonde à Poitiers. Exécutée  à Paris en 1314. 
  • YVENASGE Marie (XVème siècle) - Loudun (86) : Fait mourir par le poison personnes et bêtes.

La sorcellerie au masculin
  • BETUIS DE LA GARINIERE Lucas -  (1469) - Commequiers (85) : Homme ivrogne blasphémateur, injurieur de personnes. Se sert de venins et poison de poudres. Frappé mortellement par Jean FAVEREAU laboureur de la Garinière, paroisse de Commequiers, reconnait avoir fait mourir le grand-père, le père et le beau-frère et un des enfants FAVEREAU.
  • BOBIN Nicolas - (1599) - Montmorillonn(86) : Confesse qu'il va au sabbat et se donne au diable qui lui fait renier Dieu et ses parents. Le Diable prend l'allure d'un homme noir, à la voix cassée. Il vient en homme ou en bouc. Bobin va au sabbat porté par le vent. Il utilise des poudres pour mal faire. Il porte la marque du diable sur l'épaule. Bobin donne et guérit au nom du Diable, et qu'il fait mourir parfois. (Source : Discours sommaire des sortilèges et vénéfices tirés des procès criminels jugés au siège royal de Montmorillon en 1599 page 49)
  • CAMUS Pierre (1377) - Champeaux (79) : Homme de conversation déshonnête, prenait pain et volaille chez les gens, savait détourner n'importe quelle femme du devoir ! 
  • DU LiGNON Berthomé - (1599) - Montmorillonn(86) : Avoue que son père l'a mené au sabbat dès sa jeunesse. A promis au diable son âme et son corps. A participé au grand sabbat de la St Jean dernière. Le diable un bouc  noir, lui donne quarante sous à chaque sabbat ainsi que des poudres pour faire des maléfices.
  • GABILLEAU Guillaume - 1497 - St Romain (86)
  • GUERINEAU Thouars (XVème siècle) - Thouars (79) : Louise BRUNELLE  lui refuse de la pâte pour faire le pain et tombe malade. Voit mourir son fils du même mal en cinq ans.
  • GAVAY Jean (XVème siècle) -  fils de sorcière, sa mère fut emprisonnée comme sorcière sa femme fut aussi accusée et emprisonnée. Familles de sorciers
  • DE LURE Guillaume dit HAMELINE - (1453) - St Benoist - (86) : Moine convaincu de sorcellerie.
  • DE MONTSORBIER Guillemot - (1429/1430) - Gençay (86) : Demande l'intervention de maître Thomas PELET pour lui confectionner un voeu de plomb en certains points des planètes, que PELET fait baptiser à St Porchaire de Poitiers. (AD 86 3H 1/725)
  • MATIVER Messire - (1446) - Lussac Mazerolles (86) : Prêtre chapelain à Lussac pour le seigneur de Mortemer et curé de Mazerolles, convaincu de sorcellerie, et accusé de plusieurs adultères, agressions et vol de nuit à la tête d'une bande. Il fait des voeux, les baptise, les débaptise "au nom de l'ennemi et pour nuire à autrui".
  • PANCEREAU Jean (XVème siècle) - Courlay (79) : Vit au village des Marchais paroisse de Courlay , marié 60 ans, maquignon en conflit avec ses voisins. A son procès Jean POITEVIN médecin affirme que tous dans sa famille sont sorciers. Jean DE LA FAYE compère sorcier de Jean PANCEREAUPANCEREAU utilise des poisons. Nombreux témoins à charge et victimes. SUITREAU Jean, meunier de l'Ebaupin, 30ans empoisonné; Au total de ses victimes, 25 personnes, cinq taureaux, cinq boeufs, seize vaches, un cheval un âne, vingt quatre porcs, cent quarante brebis, et dix huit essaims d'abeilles. Frappe sa victime sur la main le dos ou le cou en prononçant les paroles "par le sang de dieu". Autres maléfices : Fontaine pleine de grenouilles mortes;

 Les villages Sorciers du Poitou

  • Mazerolles (86)
  • St Romain (86)
  • Andillé (86)
  • Thouars 
  • Bressuire
  • Mauléon
  • Commequiers
  • Tiffauges
  • Fossay
  • Montmorillon
  •  
Sources :
Dictionnaire Infernal par J. Collin de Plancy : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5754923d
Persée quelques procès criminels au XVIIème : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1965_num_123_2_449706_t1_0637_0000_2
La Sorcellerie en Poitou : http://huysmans.org/poitousorcellerie.htm
La sorcellerie en Poitou par Robert Favreau. http://books.google.fr/books/about/La_sorcellerie_en_Poitou_%C3%A0_la_fin_du_Mo.html?id=vOj7OAAACAAJ&redir_esc=y

mercredi 30 octobre 2013

Staff au CHU d'Arçay - Lulu Sorcière Archive dans Centre Presse - 30/10/2013.

Source AD 86 - Pour bien visualiser l'image, cliquez droit et ouvrir dans une nouvelle fenêtre. 



On ne dira jamais assez combien l'orthopédie d'aujourd'hui doit aux pauvres laboureurs du Poitou d'hier !
Que penser d'autre de cet épisode du XVIIème siècle ?
A Arçay les curés sont un peu carabins. Il leur arrive de diagnostiquer les pathologies de leurs paroissiens.
Est-ce à l'initiative du curé Aubry que fut convoquée toute une assemblée de chirurgiens autour de la blessure de François Lhonneur  laboureur de quarante-cinq ans?
Le pauvre homme tombe de sa charrette, un accident funeste certes mais banal, fréquemment mentionné dans les registres. La roue lui passe sur la cuisse entrainant une blessure "des plus extraordinaires" qui survient le premier du mois de septembre 1699.
Aubry nous décrit la plaie : celle-ci est ouverte, les  fractures multiples accompagnées de plaies vasculaires, nerveuses, musculaires, contusions diverses. De gros délabrements qui rendent cette plaie des plus extraordinaires.
Quatre jours après l’accident, François Lhonneur est toujours vivant, huit carabins et non des moindres se penchent sur son cas.
Voyez plutôt : Le Sieur Durival docteur de médecine de Paris, établi à Loudun (9km), le Sieur Le Noir de Thouars (20km), les sieurs Caillain, Pondartin, Desarennes, Le Suire, La Tour et Boutiller que je n'ai pas pu localiser.
Fichtre, ça fait du monde pour un staff sans vidéo-conférence !
Tous ces chirurgiens se réunissent dans la chambre du malheureux blessé.
Ils examinent la plaie, font le bilan des délabrements et réfléchissent "mûrement".
Les doctes avis divergent.
L'acharnement thérapeutique a ses adeptes, la médecine palliative ses partisans.
Ainsi, certains souhaitent l'amputer tandis que d'autres, considérant la gangrène qui gagne déjà le bas ventre du blessé, savent qu'il est trop tard. Ils proposent par des incisions multiples de soulager le malade en drainant l'infection.
La sagesse l'emporte, sous l'oeil attentif du curé, qui a sa p'tite idée en matière d'éthique.

 Dès que la rimbabelle de mandarins a passé la porte, François Lhonneur rend son âme à Dieu dans un dernier soupir de soulagement.




BMS 1693/1702 page 41
François Lhonneur laboureur agé de 45 ans est décédé après
avoir reçu les sacrements de l'église le cinquième septembre 1699 Sa
mort causée par un funeste accident il tomba le premier du dit mois de sa charette
dont la roue luy passa sur la cuisse qui fit un tel désordre dans cette partie de
son corps que les os, en furent tous fracassés les nerfs les muscles les artères
tellement contus quil fut impossible de les réunir : cette playe des plus extraordinaires
fut vue par nombre considérable de médecins et chirurgiens très habiles par
le Sr Duridal docteur de médecine de Paris recemment éstably à loudun le
Sieur Le Noir médecin de Thouars les sieurs Caillain, Pondartin, Desarennes, Le
Suire, La tour, Boutiller tous chirurgiens partie desquels après avoir

murement considéré les fracas de ce membre affligé
furent d'avis de l'amputer mais les autres
plus pytoiables voyant qu'il estait inutille
de tenter cette opération à cause que la gangrène
avait déjà saisi le bas ventre jugèrent qu'il valait
mieux faire de profondes incisions pour découvrir davantage le mal. Toute la
précaution qu'on apporta pour la guérison de ce pauvre homme ne servirent de rien
car il mourut une heure après que le corps de médecine se fut retiré de sa chambre.
Aubry.Curé.