mercredi 12 décembre 2012

Gémellité à travers les âges. Echo

Un article passionnant sur Degré de Parenté . Un autre en écho sur l'INED.
Sur les archives insolites de la Vienne, vous trouverez quelques grossesses multiples à travers les registres. Jumeaux, Triplés voire Quadruplés. Ceux qui survivent sont rares. Mais ça arrive, voir les Triplettes de St Georges
L'occasion de relire et mettre à la Une un article passionnant de l'INED, complet, documenté, dense, à garder parmi ses favoris.
A noter le pic de gémellité de 1919 !
Dans le Poitou, une amie m'avait fait remarquer l'hyperfécondité des femmes Acadiennes, 12, 13 petits... Mais je n'ai pas encore approfondi le sujet.
Bonne lecture !

mardi 11 décembre 2012

Quinze exposés d'enfants. Angliers (86)



Quinze exposés d'enfants plus tard, il faut repasser commande de café, l'UMP a toujours deux papas en instance de divorce, et la RFG nous apprend que  Lorphelin, notre mère carabine à tous, a failli s'appeler Laporte. J'ai rencontré l'ami Fred aux Archives de la Vienne, en quête d'un enfant trouvé, qui nous vaut un article très émouvant...

Quinze exposés plus tard, que nous disent ces enfants d'Angliers ?

Quinze enfants et cinq régimes.
 De l'ancien régime à la monarchie de Juillet. Les protagonistes se suivent, certains prennent des responsabilités (PATRI...S ou X) puis les perdent, nous connaissons le boulanger, les responsables municipaux, les juges de paix, les nourrices... La plume passe du curé à l'agent municipal, le juge de paix établit un procès-verbal. Cette modification de la procédure nous apporte quantité de détails sur les circonstances de l'abandon et les protagonistes de la découverte.

Quinze enfants et deux lois.
Sous l'ancien régime, le curé rappelle une fois l'an, l'édit d'Henri II, Février 1556,  qui oblige les célibataires et les veuves à déclarer leurs grossesses. Nous retrouvons fréquemment ce texte dans les archives paroissiales.
Nouvelle époque, nouvelle loi. 28 Juin 1793, fait obligation à la Nation de s'occuper des enfants abandonnés. On les nommera désormais orphelins. Le Juge de paix est tenu de dresser un procès verbal mentionnant tous les indices (age probable, description, vêtements, indications). Une fois fait, l'officier d'état civil à la suite, déclare l'enfant et lui donne un nom et prénom.

Quinze enfants et trois lieux d'abandon.
 La plupart du temps les enfants sont laissés à la porte du château,  d'une maison, le panier accroché, à l'aide d'une cordelette, au heurtoir, en hauteur, afin de le mettre à l'abri des animaux errants. Avant de disparaitre dans la nuit, l'adulte frappe à la porte, encore et encore. Il arrive quelquefois que le locataire fasse la sourde oreille, souvent alors un voisin se manifeste, tandis qu'une ombre fuit.
Nous verrons dans certaines affaires criminelles que la procédure a son importance. Abandonner est toléré, certains, curieusement, se vantent même d'avoir émis l'idée. A la ville l'abandon s'est organisé. Des tours sont mis en place, de l'autre coté du tourniquet, l'enfant est accueilli. A la campagne, pour offrir une petite chance à l'enfant, il faut tambouriner à la porte et le mieux est qu'on y trouve derrière une nourrice. Affaires de femmes, ce sont néanmoins la plupart du temps, leurs hommes qui vont déclarer l'exposition.
Zéphirine laissée au sol, Eugénie sur un tas de bois, au froid de janvier, Louise au ballet de l'église... Parfois les choses se compliquent, l'angoisse étreint, précipite la peur d'être découvert, reconnu, et pousse à fuir vite trop vite.

Quinze enfants et quatre saisons.
L'abandon est de tous les mois de l'année, printemps, été, automne, hiver, la nuit, après minuit. Combien de temps survit-on dans un panier par une nuit d'hiver ? Je n'ai pas cherché dans les actes de décès d'Angliers si certains avaient été retrouvés trop tard.

Quinze enfants et quelques langes.
Le juge de paix détaille : l'état de propreté global,  la nature des plumes de l'oreiller (oie, poules), la présence d'une souille (taie d'oreiller), la liste des vêtements, leur qualité, la nature des toiles utilisées (étamine, serge, indienne, mousseline, soie), les couleurs ou impressions, l'état d'usure. Autant d'éléments qui permettront de rendre l'enfant s'il est réclamé et qui indicent sur l'anticipation, le milieu social, le temps pris à préparer ce panier, les soins apportés au nouveau-né.

Quinze enfants et trois écrits identifiants.
Un petit papier trouvé dans un bonnet, gardé dans un registre. Un nom, un prénom, quelques recommandations, et parfois l'expression d'un sentiment. Douleur, regret, inquiétude. Quelques mots pour un scénario. Qui écrit ? Une sage-femme qui connait toutes les nourrices d'Angliers et la mansuétude des autorités ? La patronne autoritaire d'une petite bonne qui simplifie la gestion domestique de son domaine ? Une femme épuisée qui suspend seule au crochet d'une porte fermée le fruit amer d'une douleur adultère ? Qui est aidée ? Qui tient l' anse du panier ? Qui récidive ?
 Pourquoi Angliers ?

Quinze enfants et une trace.
Que sont-ils devenus ? Rien sur les relevés des clubs régionaux (CGP ou GE86), ni dans les mariages, ni dans les décès. Ont-ils changé de nom ? Ont-ils changé de lieu ? Ont-ils survécu ?

Quinze enfants et la série 3X aux AD86.
C'est là qu'il faut chercher réponse à ces questions.

L'abandon semble se régler en local sous l'ancien régime. Le curé baptise, confie à une nourrice, certains petits iront sans doute à l'hospice le plus proche (Loudun), quand d'autres grandiront dans une famille, travailleront dans une autre ou mendieront, errants de village en village...

A la Révolution, on organise et répertorie les enfants exposés.
Trouvés dans le village, ils sont dans un premier temps confiés à une nourrice, le plus souvent celle qui vit derrière la porte où ils furent accrochés. Une fois les déclarations faites, l'enfant est envoyé à l'hospice le plus proche. Pour les enfants d'Angliers, il s'agit de celui de Loudun. C'est un citoyen du village, impliqué dans la découverte de l'enfant, qui se charge du transfert en promettant de prendre soin du petit. Tous à partir de Joseph BRUTUS ont pris ce chemin.  Combien de ces enfants ont survécu ? La mortalité est terrible pour les enfants trouvés !
A Loudun, un numéro matricule est donné, une nourrice est désignée, le plus souvent dans le village où l'enfant fut exposé, mais parfois ailleurs bien plus loin.
Afin d'éviter les trafics, les substitutions, les enfants exposés portent un collier d'abandon. Métallique, lourd, dangereux, inamovible, il est progressivement remplacé par une boucle d'oreille mentionnant le numéro matricule. Dans la Vienne, on tarde à faire les modifications, les boucles fournies sont de piètre qualité alors qu'il les faudrait en argent, elles sont  en métal leur bord n'est même pas arrondi, source d'infections de blessures. La médecine préventive naissante s'insurge, alarme, exige.
 La Vienne tente de réduire le coût de l'abandon. Des échanges se font d'un département à l'autre, vers la Charente. Les adoptions sont rares dans les premiers registres de Poitiers. Une belle histoire trouvée, pour tant d'enfants esclaves ! En effet, bien souvent, pour ceux qui s'en chargent, ces petits ne sont que main d'oeuvre, moins considérés que le bétail de la ferme.
A douze ans, s'ils atteignent cet âge, livrés à eux mêmes, nombreux finissent mendiants ...

Quinze enfants et une enfin une trace !

 C'est la p'tite Eugénie qui m'a fait signe. Elle apparaît sur la liste nominative des enfants trouvés dont l'hospice de Loudun assure le suivi. Matricule 264. Eugénie trouvée sur le tas de bois appartenant à Patri, elle a passé la nuit dehors, ce 18 janvier, Urbain redevenu cultivateur ne l'a trouvée qu'à six heures du matin.
Eugénie a survécu, elle a exactement 1 an 11 mois et 13 jours.
 Le registre mentionne la nourrice qui s'en occupe encore. Avant son départ d'Angliers, Eugénie avait été confiée à la femme PENNIER. Sur le répertoire de Loudun, c'est la femme PANIER qui est mentionnée.
Laquelle des deux fut sa nourrice ?
A Angliers, on trouve des PENNIER et des PANIER. PANIER, un patronyme à avoir un ancêtre accroché à une porte.
Le patronyme PANIER, à Angliers, c'est celui de l'instituteur.
Se pourrait-il que la p'tite Eugénie dans sa famille d'accueil ait appris... à lire ?

Quinze enfants et un peu d'espoir.


Agnès (13/05/1783)
François (06/09/1785)
Charles (20/11/1788)
Pantaléon (27/07/1789)
André (25/03/1790)
Joseph (1 Thermidor An 2)
Stanislas  (28 Vendémiaire An 4)
Jean  (12 Ventôse an 6)
Louise  ( 7 Fructidor an 8) 
Florence ( 8 Brumaire an 10)
Augustine (15 Frimaire an 11)
Zéphirine (12/09/1808)
Pierre-François (29/06/1809)
Marguerite (09/06/1814)
Eugénie ( 18/01/1832)



dimanche 9 décembre 2012

Eugénie exposée le 18 Janvier 1832 - Angliers (86)


Parmi les quinze expositions d'Angliers, c'est le premier panier que l'on dépose dans un endroit isolé.
Celui ou celle qui livrait ce paquet a-t-il craint d'être surpris, reconnu, a-t-il du prendre la fuite?
A-t-on déplacé ce panier ?
Toujours est-il qu'elle aurait pu rester là trop longtemps cette petite Eugénie. Elle a du crier bien fort la petite Eugénie par cette nuit de janvier. Le temps glacial est toujours trop long, posée à peine à l'abri sur le tas de bois de charpente d'Urbain PATRI. Urbain. PATRI qui avec le temps est redevenu simple cultivateur, et a fini par se défaire du X puis du S de son patronyme.
Eugénie hurle-t-elle toujours au petit matin ? 
Urbain Patri trouve le panier à 6H du matin.
Urbain ne cherche pas de témoin. Ses anciennes fonctions municipales le mettent  peut-être à l'abri des suspicions.
 Les temps changent. Les abandons se multiplient.
Le trousseau ne varie pas.
Le linge du nouveau-né est de qualité, mais aucun mot ne l'accompagne.
Eugénie est confiée à la femme PENNIER nourrice, en attendant d'être confiée comme tous les autres désormais à l'hospice de Loudun.
Peut-être sera-t-elle renommée, confiée à une autre nourrice, adoptée. Nous essaierons d'en savoir plus.
1832, monarchie de Juillet,  le prénom d'une future impératrice et un nom de famille banal aujourd'hui qui raconte la misère d'hier.



L'an mil huit cent trente deux le dix huit du mois de janvier à huit
heures du matin, par devant nous maire, officier de l'état civil de la commune
d'Angliers, canton de Moncontour, département de la Vienne, est comparu
Urbain PATRI cultivateur agé de quarante deux ans, domicilié au bourg
et commune d'Angliers qui nous a déclaré que le dix huit du dit mois
de Janvier sur les six heures du matin étant seul il a trouvé dans
l'avenue du chateau du dit Angliers qui conduit à la grande route de
Loudun à main droite l'endroit appellé la Barrière à deux mètres de distance
de sa porte pour aller à sa cour sur les bois de charpente à lui appartenant
un enfant du sexe féminin lequel nous le présente emmailloté d'un linge
blanc par dessus un langeroux noir munis d'une brassière d'une chemise d'un bonnet
d'indienne rouge une couverture noire Le tout dans une gourbeille, après
avoir visité l'enfant, avons reconnu qu'il était du sexe féminin qu'il
paraissait agé d'environ huit à dix heures, n'ayant aucune marque à
notre apparence ni aucun écrit qui ne nous le fasse reconnaître. De suite avons
inscrit l'enfant sous les noms et prénoms de Eugénie DUBOIS, et avons ordonné qu'il
soir remis à Marie RICHARD femme PENNIER habitante dudit Angliers qu'il veulent se
charger du dit enfant.
De quoi avons dressé Procès verbal en présence de Louis AUCHER laboureur
domicilié au dit Angliers agé de quarante deux ans et de Louis BOUREAU
garde champêtre de la commune d'Angliers agé de vingt neuf ans qui ont
avec nous signé après qu'il en a été donné lecture du contenu du procès
au présent procès verbal;

AD 86 Angliers N 1830/1842 page 13/80
Nom : DUBOIS
Prénom : Eugénie
Date : 18/01/1832
Heure de découverte : 6H du matin
Lieu de découverte : Barrière de l'avenue du chateau
Découvert par: Urbain PATRI cultivateur
Noms des parrain et marraine, témoins : Louis AUCHER, Louis BOUREAU
Description : bon linge
Documents laissés : non
Confié à :  Marie RICHARD femme PENNIER nourrice.


Elle va survivre notre petite Eugénie et  revenir vivre chez la femme PENNIER (PANIER) sa nourrice.
Nous retrouvons sa trace sur les registres de Loudun. 








Eugénie dans son malheur a beaucoup de chance. Marie RICHARD sa nourrice n'est pas mariée à n'importe qui. Jean PENNIER (ou PANIER selon les actes) est sacristain et instituteur, comme indiqué sur l'acte de mariage du 13 juillet 1824 à Angliers



Eugénie apprend peut-être à lire et devient domestique dans la commune de Chalais (Vienne), elle y rencontre Pierre Renoué, terrassier, fils majeur naturel, comme elle. Ils se marient à Chalais le 10 janvier  1854. Toute la famille PENNIER est là. L'un des fils, lui même instituteur est témoin de la promise. Il est indiqué sur l'acte de mariage que Pierre Renoué est né le 18 juin 1825 à Saint-Jean-de-Sauves. Rien n'est mentionné dans le registre de cette commune. Mais l'arbre de Jean Favre, en ligne sur Généanet,  nous délivre un doux secret de famille "Pierre aurait été trouvé à sa naissance sur un tas de pierres dans le village de Renoué, d'où son prénom et son nom, il était vêtu d'habits luxueux!... à vérifier. il a été élevé par un curé, de quelle commune? " 
Les archives des enfants trouvés de Loudun ne sont pas en ligne. 
Toujours est-il que nos deux petits survivants se sont trouvés, se sont aimés et ont eu ensemble 7 enfants

F Eugénie Gabrielle RENOUE 1854-
F Marie RENOUE 1857-1947
H Eugéne RENOUE 1859-1937
F Léonie RENOUE 1862-
H Hypolite RENOUE 1866-1870
H Alfred RENOUE 1869-
H François Alphonse RENOUE 1872-1964

Le 21 aout 1870 Madeleine Pannier (sa nourrice) donne des terres à Eugénie (Source Généanet, arbre de Jean Favre)
- 1901 3 mai décès au Bouchet. AD86


Agnès (13/05/1783)
François (06/09/1785)
Charles (20/11/1788)
Pantaléon (27/07/1789)
André (25/03/1790)
Joseph (1 Thermidor An 2)
Stanislas  (28 Vendémiaire An 4)
Jean  (12 Ventôse an 6)
Louise  ( 7 Fructidor an 8) 
Florence ( 8 Brumaire an 10)
Augustine (15 Frimaire an 11)
Zéphirine (12/09/1808)
Pierre-François (29/06/1809)
Marguerite (09/06/1814)
Eugénie ( 18/01/1832)


Marguerite exposée le 9 Juin 1814 - Angliers (86)


Juin 1814, même scénario, quatorzième enfant, vous êtes rodés.
On accroche le panier, on frappe à la porte, on fuit, après s'est assuré que la porte s'est bien ouverte. Nous verrons bientôt dans une terrible affaire criminelle, que le détail a son importance. Mais c'est une autre histoire...
 La porte s'ouvre,Jean GIGON va chercher des témoins pour se protéger d'une complicité éventuelle avec l'acte d'abandon. Louis Richard CORDIER et Louis NAUDEAU sont là. On décroche le panier.
Et on va ensemble chercher les autorités. On démaillote, on dresse le procès-verbal et enfin on donne à manger au pauvre petit drôle. C'est Marguerite MAUPION qui s'en charge.
A cet air de déjà vu, s'ajoute ici deux belles surprises. Tout d'abord, ce petit papier plié dans le registre.

Trésor d'archives; Il s'agit de l'écrit laissé par celui qui abandonne. On peut à loisir disserter sur l'écriture aisée, l'orthographe très correcte.
Une main de sage-femme ?

messieurs de l'administration chargés de cet enfant
sont priés de le faire enregistrer sous le nom
d'AMINTHE DU BEAU JOUR, elle n'est point baptisée
elle a seulement reçu l'eau - 

Elle a seulement reçu l'eau, un geste de sage-femme ?
Le style du texte.
Souvenez-vous cette prose mi-autoritaire mi-reconnaissante, nous l'avions déjà presque mot à mot pour Zéphirine.
Hélas, impossible d'en comparer les écritures, le précédent nous manque.
Marguerite et Zéphirine seraient-elles soeurs, cousines, venues au monde des mêmes mains ?
Le choix des noms et prénoms, la qualité du linge, incitent à évoquer une  parenté au moins une solidarité voire une complicité selon un contexte que nous ne connaîtrons jamais.
Augustine, Zéphirine, Marguerite, qui tient l'anse du panier et fait le chemin vers Angliers ?

Le neuf du mois de juin mil huit cent quatorze par 
devant nous maire de la commune d'Angliers faisant
les fonctions d'officier civil sur les quatre heures
du matin est comparu Jean GIGON cultivateur agé
d'environ trente ans demeurant au bourg d'Angliers
accompagné de Louis Richard CORDIER agé d'environ
cinquante ans et de Louis NAUDEAU l'ainé cultivateur
agé de soixante ans tous les deux ses voisins les
quels nous ont déclaré que lui Jean GIGON ayant 
entendu vers les minuit frapper à sa porte et
ayant été pour ouvrir n'a trouvé personne ; ayant
aperçu à sa porte un enfant exposé, a été de 
suite frapper à la porte des susdits Louis RICHARD et
Louis NAUDEAU qui sont venus avec lui faire l'enlèvement
du dit enfant ; d'après laquelle déclaration
moi maire susdit et accompagné des dits témoins
me suis transporté de suite au lieu désigné, me suis
fait représenter le dit enfant dont examen ayant 
été fait il a été reconnu être du sexe féminin
qui a paru être né depuis peu, emmailloté d'un 
oreiller de plume couvert d'une toile demi
usée, de deux langes d'étamine grise, de deux
drapeaux de grosse toile, d'une chemise, d'une
brassière de serge de coton, d'un bonnet
de soie rayée avec un écrit contenant ces termes :
messieurs de l'administration chargés de cet enfant
sont priés de le faire enregistrer sous le nom
d'AMINTHE DU BEAUJOUR, elle n'est point baptisée
elle a seulement reçu l'eau - Ce sont là tous les 
objets qu'on a trouvé sur l'enfant dans un panier
d'osier ; sommés les dits témoins s'ils n'avaient aucune
connaissance de l'exposition de cet enfat, ont dit
n'en avoir aucune, ensuite l'avons remis à Marguerite
MAUPION femme POTTIER nourrice pour lui donner
les soins nécessaires moyennant la rétribution attendue
par le gouvernement et avons inscrit l'enfant
sous les nom et prénom de Marguerite AMINTHE 
DU BEAUJOUR ; de quoi avons dressé procès  verbal
en présence des dits Jean GIGON, Louis RICHARD, 
et Louis NAUDEAU soussignés fors Louis RICHARD
qui ne le sait pas ; après que lecture leur a été
faite du contenu du présent procès verbal. 

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Nom : AMINTHE DU BEAU JOUR
Prénom  : Marguerite
Date : 9 Juin 1814
Heure de découverte : minuit
Lieu de découverte : Porte
Découvert par : Jean GIGON, cultivateur
Noms des parrain et marraine, témoins : Louis RICHARD et Louis NAUDEAU
Description : bon linge
Documents laissés : papier avec nom et demande de baptème.
confiée à Marguerite MAUPION femme Pottier nourrice

Pierre-François exposé le 29 Juin 1809 - Angliers (86)


C'est Jacques CORNAY qui la nuit du 29 juin entend les coups à la porte. A la porte... de son voisin Jean PATRIS qui lui n'entend rien. Ou peut-être ne veut-il pas entendre.
En voyant l'enfant, CORNAY cède à la voix de l'humanité, et secoue de plus belle la porte et finit par réveiller le destinataire du colis. Tant d'humanité, qu'il réveille aussi Jacques DUPUIS qui vit dans la même cour. C'est peut-être bien plutôt la femme DUPUIS dont on cherche l'humanité, car c'est elle qui est nourrice. Encore une fois, le panier est accroché à la bonne porte.
Celui ou celle qui abandonne connait bien les membres de ce village et son geste est préparé.
Pierre-François est enfant de petites gens, son panier est sale, sa layette usée. Aucun papier n'est retourvé.
C'est Marie TURQUIN qui va le nourrir, la femme DUPUIS, en attendant qu'on l'envoie à Loudun, puisque la procédure est désormais habituelle.
L'interrogatoire s'assure que les témoins n'ont eu aucune connaissance préalable de l'exposition.
On décide d'appeler cet enfant DESORME. Pourquoi ? Pourquoi pas. Ce patronyme se retrouve essentiellement au Nord et au Sud-Est de la France. On ne trouve aucun DESORME ni sur les relevés GE86, ni sur ceux du CGP.


Aujourd'hui vingt neuvième jour de juin mil huit cent
neuf, à sept heures du matin, pardevant nous maire de la commune
d'Angliers, canton de Moncontour, arrondissement de Loudun, département
de la Vienne, faisant les fonctions d'officier public de l'état
civil, est comparu Jacques CORNAY journalier agé de trente six ans, 
demeurant au bourg d'Angliers, accompagné de Jean PATRIS
sabotier agé de quarante trois ans et de Jacques DUPUIS charpentier
agé de trente huit ans, tous les deux ses voisins lesquels nous ont déclaré
ce qui suit ; que lui Jacques CORNAY ayant entendu vers les trois heures 
du matin frapper plusieurs coups à sa porte et ayant été pour
ouvrir, il n'a trouvé personne, mais a apperçu à la porte du dit
Jean PATRIS qui fait face à la sienne, un enfant exposé ; que cédant
à la voix de l'humanité qui parlait en faveur de cet enfant, il a 
été frapper à la porte des dits Jean PATRIS et Jacques DUPUIS
habitans tous les deux dans la même cour et qui sont venus
avec lui faire l'enlèvement du dit enfant ; d'après laquelle
déclaration, moi maire susdit, accompagné des dits témoins, me 
suis transporté de suite au lieu désigné et me suis fait représenter
le dit enfant dont examen ayant été fait, il a été reconnu être
de sexe masculin, agé depuis très peu de temps, emmailloté
d'un oreiller de mauvaise plume, le dit oreiller en toile blanche
et usée, de deux langes dont l'un d'étamine grise et l'autre
de toile blanche, d'une chemise de linge usé et une coulisse
de soie rouge, qui sont tous les vêtements dont le dit enfant
était couvert, n'ayant d'ailleurs trouvé sur lui aucun papier
pour le faire un jour reconnaitre. Sommés, les dits témoins,
s'ils n'avaient connaissance de l'expositioin du dit
enfant, ont dit n'en avoir aucune : et aux fins de procurer 
à icelui les secours dont il pouvait avoir besoin, avons ordonné
qu'il fut remis provisoirement à Marie TURQUIN nourrice, 
femme dudit Jacques DUPUIS, laquelle nous a promis en
avoir tous les soins convenables jusqu'à ce qu'il en fut autre
ment ordonné. De suite avons inscrit l'enfant sous les noms
et prénomns de Pierre François Joseph Désorme. 
De quoi avons dressé un procès verbal en présence des dits Jacques
Cernay, Jean Patris, et Jean Dupuis qui ont déclaré ne savoir 
signer, fors le sous signé après que lecture leur a été faite 
du contenu du dit procès verbal . un mot rayé nul. 


Source : AD 86 Angliers N 1801/1814 page 40/78
Nom : DESORME
Prénom  : Pierre François
Date : 29 juin 1809
Heure de découverte : 3H du matin
Lieu de découverte : à la porte de Jean PATRIS et Jacques DUPUIS (marié à une nourrice)
découvert par : Jacques CORNAY journalier
Noms des parrain et marraine, témoins : Jean PATRIS et Jacques DUPUIS
Description : Bon linge
Documents laissés : non.
confié à Marie TURQUIN nourrice, femme dudit Jacques DUPUIS.