samedi 26 septembre 2020

Charlie du siècle des Lumières - Lulu Sorcière Archive dans Centre Presse - 15/01/2015.

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Chercher Charlie à travers l’archive.
A la lueur du cierge qu’ils brandirent en réparation publique des outrages faits à l’Eglise, trois Charlie du siècle des Lumières  éclairent à leur façon le chemin de croix qui mena la patrie de Voltaire vers une République laïque. Une République laïque dont il faut aujourd’hui, sans souffler sur les braises, raviver la lueur et protéger la flamme, en ce janvier 2015 de larmes et de rage.
Palsembleu ! Au catalogue de l’insolite, nos mécréants d’archives paroissiales sont rares : une possédée, une réparation publique, un blasphème.
Nom d’une pipe à Thuré ! Pour Françoise TOUDON, « possédée du diable de son vivant », le curé étouffe sagement les braises et l’enterre sans autre forme de procès en 1657. A l’époque des buchers, il est des curés qui doutent. Françoise est la seule sorcière du Poitou croisée à ce jour dans un registre paroissial…
Diantre à Mauprévoir ! Ce 27 avril 1757, qui peut imaginer ce qu’à bu François de Lousme !  Sacré mécréant le p’tit François, qui, confondant le clocher avec le cabaret causa scandale en « vomissant dans l’église pendant la messe et au terme de la consécration du vin »… « Pour en avoir trop bu ». Au village sans prétention, jarnicoton, il attrapa mauvaise réputation et à ce sacrilège, le curé imposa « réparation publique ». L’histoire ne dit pas si le fils de Lousme se présenta en titubant, devant l’autel de Saint Antoine pour honorer Dieu. Il s’y agenouilla et brandit à la main, tout le temps de la messe, un cierge allumé sous le regard courroucé, du curé, du bedeau, des bigottes et sous les rires étouffés des enfants de chœur…  Bigre ! François de Lousme n’était qu’une petite teigne, et son père dut payer l’amende d’une livre de cire en réparation. Il lui donna sans doute du bâton en consolidation de sa mauvaise éducation.
Jarnicoton à  Châtain ! Dans notre douce France, cinquante ans avant l’ère révolutionnaire, le blasphème est un crime passible de mort. Le curé offusqué de cette petite paroisse tient à témoigner de l’outrage pour les générations futures. En 1739, voyez cet Antoine Chaumont que l’ecclésiastique nous met à l’index. Il n’est plus tout jeune, 68 à 70 ans. Aimait-il comme ce patriarche du crayon, la chair dans toute l’étendue de son doux champ lexical ? On a plaisir aujourd’hui à l’imaginer en Charlie débonnaire, le vieil Antoine qui « blasphéma sous la colère le nom de Dieu »! Le serviteur en soutane n’entre pas dans les détails de cette fureur prérévolutionnaire, mais elle entraina les foudres de l’ecclésiastique comme celles de l’honorable écuyer de son village.
Sapristi dans la Vienne du XVIIIème ! Voyez nos sorcières mises à l’index, nos  mécréants à genoux, nos curés offusqués ! Le papier est encore rare, l’art reste académique,  le dessin de presse n’est pas encore né et c’est dommage car tous ces fantassins du Chevalier de la Barre ne sont-ils pas à croquer ?


Source : Archives de la Vienne. Registres paroissiaux. 

mercredi 9 septembre 2020

Le Tour de France arrive dans la Vienne ! Vélo et Presse Ancienne #AD86



Aujourd'hui 9 septembre 2020, le Tour de France arrive dans la Vienne, c'est l'occasion de remettre à la Une cet article rédigé et publié sur Centre Presse en 2014. 

Après le foot, on enchaine avec le vélo ! Le vélo est bien plus populaire que le ballon rond dans la presse ancienne. Toujours en quête de la première mention de compétition sportive dans la presse ancienne, me voilà sur la route du premier tour de France. Et le premier Tour de France en 1903, met à l'honneur le département de la Vienne !


 Juillet 1903. Premier Tour de France ! Evoqué uniquement à première vue dans le Mémorial du Poitou de Châtellerault. Il faut dire qu’il y a de quoi ! Au premier tour de France, Châtellerault offre deux coureurs et pas des moindres : Georget et Augereau.
 Au classement de la première étape (Paris-Lyon) de la course organisée par le journal l’Auto, nos deux p’tits gars du Poitou sont au classement : Léon Georget troisième en 9H35m et Augereau quatrième en 10H30 ! Ils déploient une énergie extraordinaire, talonnant la moyenne du premier, un certain Garin qui passe la ligne comme une flèche à 25 kilomètre 500 à l’heure…
                                     
A la deuxième étape participent trois coureurs qualifiés pour le Tour de France complet et onze qui n’ont pas achevé la première étape, ou se sont engagés spécialement pour la seconde. Le départ est donné à 3H30 du matin, aux portes de Lyon, direction Marseille ! Une foule innombrable de curieux se masse dans la nuit pour encourager les coureurs. Georget gagne du terrain, à trois longueurs de bicyclette derrière Aucouturier, il arrive deuxième tandis qu’Augereau peine un peu et n’arrive que huitième !
Laissons le correspondant du Mémorial du Poitou nous raconter cette arrivée légendaire :
« A 150 mètres du contrôle d’arrivé est Aucouturier tout à droite de la route, Georget à gauche tête baissée. Les deux hommes font le suprême effort, si émouvant et sous la banderole qui claque à la brise de la Méditerrannée, c’est le maillot bleu et rouge du grand Aucouturier qui passe bon premier par trois longueurs. Aussitôt la ligne franchie, l’homme presque méconnaissable sous la couche de blanche poussière provençale qui l’enfarine, se dresse littéralement sur sa machine et lève les bras au ciel avec un geste de triomphe dans ses yeux, sous ses cils où la poussière a formé boue, un grand éclair de joie fulgure. - J’ai gagné ! clame-t-il, j’ai gagné ! Et dans ce cri on sent la résurrection morale du vaincu d’hier. Georget bien que second, est transfiguré de bonheur. « J’ai eu Garin. Ah ! on va voir maintenant qui aura le Tour de France ! » Au milieu d’une foule enthousiaste, Georget plonge la tête dans un seau d’eau à dix reprises différentes puis demande son habituelle bouteille de Bordeaux et ses non moins habituels biscuits Rouchier ! »

Dans la troisième étape, Marseille-Toulouse, 493 kilomètres, Georget perd du terrain et se classe onzième, tandis qu’Augereau reprend du mordant et arrive douzième.


A la cinquième étape, Augereau confirme sa bonne forme et se classe quatrième. Mais hélas Georget, démoralisé par deux crevaisons successives, abandonne du coté de Luçon, reste assis sur le bord de la route… et s’endort.



 Mais Fernand Augereau le p’tit gars de Naintré, lui, n’a pas dit son dernier mot. Parti de Nantes pour la dernière étape, il arrive second de l’étape à Paris le 22 juillet, battu au sprint d’une petite seconde par Garin. Garin, brassard vert, premier vainqueur de l’épreuve !

 Source : AD86 presse en ligne. Mémorial du Poitou









 Illustration : Wikipédia (Garin pose en compagnie de Léon Georget)

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Juillet 1903. Premier Tour de France !  Evoqué uniquement à première vue dans le Mémorial du Poitou de Châtellerault. Il faut dire qu’il y a de quoi ! Au premier tour de France Chatellerault donne deux coureurs et pas des moindres : Georget et Augereau.
Au classement de la première étape (Paris-Lyon) de la course organisée par le journal l’Auto deux p’tits gars du Poitou sont au classement : Georget troisième en 9H35m et Augereau quatrième en 10H30 ! Nos deux chatelleraudais déploient une énergie extraordinaire, talonnant la moyenne du premier, un certain Garin qui passe la ligne comme une flèche à  25 kilomètre 500 à l’heure… A la deuxième étape participent trois coureurs qualifiés pour le Tour de France complet et onze qui n’ont pas achevé la première étape, ou se sont engagés spécialement pour la seconde.
Le départ est donné à 3H30 du matin, aux portes de Lyon, direction Marseille ! Une foule innombrable de curieux se masse dans la nuit pour encourager les coureurs. Georget gagne du terrain, à trois longueurs de bicyclette derrière Aucouturier, il arrive deuxième tandis qu’Augereau peine un peu et n’arrive que huitième ! Laissons le correspondant du Mémorial du Poitou nous raconter cette arrivée légendaire :
A 150 mètres du contrôle d’arrivé est Aucouturier tout à droite de la route, Georget à gauche tête baissée. Les deux hommes font le suprême effort, si émouvant et sous la banderole qui claque à la brise de la Méditerrannée, c’est le maillot bleu et rouge du grand Aucouturier qui passe bon premier par trois longueurs. Aussitôt la ligne franchie, l’homme presque méconnaissable sous la couche de blanche poussière provençale qui l’enfarine, se dresse littéralement sur sa machine et lève les bras au ciel avec un geste de triomphe dans ses yeux, sous ses cils où la poussière a formé boue, un grand éclair de joie fulgure.
-              J’ai gagné ! clame-t-il, j’ai gagné !
Et dans ce cri on sent la résurrection morale du vaincu d’hier.
Georget bien que second, est transfiguré de bonheur. « J’ai eu Garin. Ah ! on va voir maintenant qui aura le Tour de France ! »
Au milieu d’une foule enthousiaste, Georget plonge la tête dans un seau d’eau à dix reprises différentes puis demande son habituelle bouteille de Bordeaux et ses non moins habituels biscuits Rouchier !
Dans la troisième étape, Marseille-Toulouse, 493 kilomètres, Georget perd du terrain et se classe onzième, tandis qu’Augereau reprend du mordant et arrive douzième. A la cinquième étape, Augereau confirme sa bonne forme et se classe quatrième. Mais hélas Georget, démoralisé par deux crevaisons successives, abandonne du coté de Luçon, reste assis sur le bord de la route… et s’endort.
Mais Augereau notre vaillant chatelleraudais n’a pas dit son dernier mot. Parti de Nantes pour la dernière étape, il arrive second à Paris le 22 juillet !




vendredi 7 février 2020

Entre gens de bien - Chronique de Thierry Péronnet

(Présidial de Poitiers 1-B-2-2 greffe criminel) (DSCN 3585 à 3611)

(Entre gens de bien) :
Le 19-07-1679 Mathurin JARRY chanoine de St-Hilaire-le-Grand de Poitiers porte plainte pour mauvais traitements et violences contre lui faits par Bonaventure POIRATON prêtre curé de Savigny. Une enquête est ouverte le 08-08-1678, Simon MASSUGEON 50 ans laboureur de St-Julien est interrogé, il est allé avec le plaignant à la Grassinière de Savigny pour récupérer des gerbes de froment dues pour la dîme sur des terres appartenant au chanoine, ils rencontrèrent le curé dudit Savigny qui affirma que la dîme dépendait de l’évêché à cause d’une chapelle. Comme le chanoine ne voulait pas admettre ce que disait le curé, ce dernier joua du bâton contre le pauvre chanoine et le mis à terre. En outre il invoqua exécrablement le saint nom de Dieu en disant « mort dieu, vertu dieu, ventre dieu, sacré dieu » et rajouta « monsieur le bougre vous ne monterez pas les gerbes ». André BARRE 65 ans, laboureur de la métairie des Preaux de Savigny appartenant audit JARRY et Louis ANDREE journalier 35 ans qui apportaient les gerbes ont vu le curé jouer du bâton et l’ont entendu ordonner à son « barroteur » d’emmener les gerbes.
FAUCON chirurgien examina le plaignant en la demeure de Château-Merle à Savigny, il lui trouva une contusion sur la main dextre, une autre sur l’omoplate large de 3 travers de doigt avec des douleurs au niveau du cou et la partie senestre de la poitrine et d’autres liées à la respiration ou à la toux. Le chirurgien pour le soigner lui fit une saignée et lui donna « les remèdes convenables ».

Plusieurs actes de procédure s’ensuivent jusqu’à ce que le 05-08-1679 Mathurin JARRY sous l’autorité de Pierre JARRY son frère aussi chanoine porte à nouveau plainte et que le 15-06-1679 Bonaventure SABOURIN 50 ans, déjà interrogé le 10-08-1678, soit à nouveau entendu. Il nie toujours avoir maltraité le chanoine et il continue d’affirmer que la dîme revient à l’évêché. Il n’a donné pour lui qu’un coup sur les doigts de JARRY quand il a pris une gerbe et il n’avait aucun bâton en main. Le 16-06-1679 la cour prend sa décision finale, il est rappelé que, selon une précédente sentence datant du 11-09-1678, Bonaventure SABOURIN avait été condamné à fournir 3 livres de cire à l’autel de la chapelle des Pénitents de Poitiers, à réciter les 7 psaumes pénitentiaux à genoux accompagnés des litanies des saintes oraisons suivantes pendant 2 mois les mercredis et vendredis de chaque semaine, à payer 10 livres au titres des réparations civiles et qu’il avait été condamné aux dépens. Le tribunal le condamne à nouveau, il devra demander pardon audit JARRY chanoine devant 4 parents ou amis de ce dernier, payer 25 livres d’amende au roi et encore 25 livres pour les pauvres de la ville, plus payer 200 livres à titre de réparations civiles, enfin il est condamné aux frais et aux dépens.

vendredi 31 janvier 2020

La guerre des Justices - Chronique de Thierry Péronnet


(Présidial de Poitiers 1-B-2-2 greffe criminel) (DSCN 3534 à 3584)


Le 06-10-1678 Anthoine Macé huissier 24 ans, Jean Marsaud sergent royal du présidial de Poitiers, accompagnés de Pilorget huissier des prisons, se présentent à la prison de l’abbaye de Montierneuf pour élargir René Gigot un des prisonniers selon l’ordonnance de Brin, à la demande de Gigot serrurier frère du prisonnier. Vincent Bellin concierge de la prison refuse d’obtempérer pour respecter l’ordonnance du juge de Montierneuf de prise de corps dudit Gigot. Le lendemain 7-10-1678 Macé et Marsaud reviennent, somment la femme dudit Bellin absent d’ouvrir les portes, comme elle refuse ils font venir Claude Tallebard un serrurier pour ouvrir les portes de la geôle. Une douzaine de personne surviennent alors, dont Rousseau un parent de l’abbé de Montierneuf, et s’opposent à l’ouverture, Tallebart est mis en prison « sans aucune forme de justice », une ordonnance de prise de corps contre Macé Marsaud et Tallebard est émise par le procureur fiscal de Montierneuf qui serait incompétent en la matière aux dires de Macé, selon la remontrance de la cour du 16-03-1673. Macé demande qu’une information soit faite et qu’une procédure soit engagée contre les contrevenants. Le 20-10-1678 la requête de Macé et Marsaud, demeurant chez M° Simon Texereau procureur du présidial de Poitiers paroisse de St-Savin, est présentée au procureur fiscal de Montierneuf.
Parallèlement le 07-10-1678 une information est ouverte devant la juridiction civile et criminelle du St-Jean-de-Montierneuf à l’encontre desdits Macé, Marsaud et Tallebard. Gabriel Renault 16-17 ans et Charles Lamy 22-23 ans déclarent qu’ils ont vu quatre hommes dont l’un armé d’un marteau et de ciseaux s’attaqua à la porte de la prison de l’abbaye en commençant par le bri d’un cadenas, qu’ils ont prévenu les sieurs De La Parisière et Rousseau, ils rajoutent que c’est tout ce qu’ils savent. Léonard Lucard 21-22 ans et Pierre Garnier étudiant en philosophie 22-23 ans disent que le valet de Benédicty religieux de L’Abbaye leur a rapporté ces faits, que c’est tout ce qu’ils savent. René Chastellin écolier et chapelain 23 ans déclare qu’il a entendu plusieurs personnes heurter la porte de la prison, qu’il a reconnu Marsault sergent royal et qu’on lui a dit qu’il y avait parmi eux Calottière et Savin. Joachin Chamaillard cuisinier de l’abbé 44 ans témoigne aussi dans le même sens. Le procureur conclut par une demande une prise de corps à l’encontre de Macé Marsaud, Tallebard et leurs complices.

Que s’est-il passé ? Macé a t-il fait preuve d’excès de zèle ? L’abbé de Montierneuf a t-il voulu affirmer son autorité et celle de sa juridiction par cette affaire ? Toujours est-il que le 12-01-1679 Anthoine Macé est sorti de la prison du palais de justice pour être interrogé devant la cour criminelle de Poitiers.

vendredi 24 janvier 2020

Evasion - par Thierry Péronnet




(Présidial de Poitiers 1-B-2-2 greffe criminel) (DSCN 3703 à 3718)

Le 07-07-1678 au matin à 4 heures et demi François BENET marchand de Poitiers se rendait à sa boutique quand, à sa grande surprise, il vit une corde d’une longueur d’une aune pendant le long de la muraille proche la grande porte du palais de justice du côté de Notre-Dame-la-petite. Cette corde était attachée en haut de la couverture du grenier de la chambre criminelle. Il partit alors en courant au guichet du palais pour avertir le concierge, il vit deux ou trois ardoises cassées au sol, il apprit alors que le prisonnier surnommé BELLEJAMBE accusé d’assassinat venait de s’échapper. Laurent FOURESTIER un gantier de 35 ans avait bien entendu dans la nuit des bruits d’ardoises se brisant mais il ne se leva pas de son lit, ce n’est que plus tard qu’il apprit l’évasion de BELLEJAMBE. Estienne AUGEREAU l’aîné 30 ans un marchand était au lit avec sa femme quand dans la nuit vers les 2 heures il entendit des bruits d’ardoises qui se fracassaient, craignant que des voleurs s’attaquent à ses fenêtres il se leva pour aller voir. Il vit un homme à terre vêtu d’une seule chemise blanche, comme s’il venait de tomber de l’auvent des boutiques de POIRIER et BOURGEOIS touchant l’arrière de l’allée du palais. Comme l’homme se releva et qu’il prit la fuite vers les Cordeliers ou les Jacobins, il crut que c’était un voleur qui en voulait aux boutiques, mais comme leurs fermetures n’avaient rien et il se recoucha. Ce n’est que plus tard qu’il apprit que BELLEJAMBE s’était échappé en passant sur ces boutiques.
Une enquête est ouverte pour comprendre comment a pu se faire cette évasion, pourquoi l’accusé a été transféré en un endroit d’où il a pu si facilement s’échapper. François GAULTIER 42 ans, le concierge du palais royal et geôlier de BELLEJAMBE, interrogé déclara qu’il était cloué au lit par la goutte depuis 7 semaines, que BELLEJAMBE avait été mis dans un cachot les fers aux pieds depuis un an et qu’il venait d’être transféré dans le cachot appelé le « petit cachot » proche de la chambre criminelle où il s’y trouvait depuis 3 semaines. Il n’avait pas pu visiter le prisonnier chaque jour car il était au lit avec la goutte, mais sa femme et ses enfants faisaient les visites. On lui présenta des fers trouvés dans le petit cachot qu’il reconnut comme étant ceux du prisonnier. Eléonore RAVEAU 38 ans sa femme déclara à son tour que c’est elle qui, avec JOUBERT, avait transféré le prisonnier au petit cachot sur ordre écrit de l’intendant, elle rajouta qu’elle a visité le prisonnier et vérifié ses fers la veille de l’évasion vers les 8 heures du soir, elle reconnut les fers aux anneaux limés qu’on lui présenta.  François ALLARD praticien 30 ans, le mardi précédent l’évasion, alla voir un certain GUILLEBOT en la prison de la conciergerie, BELLEJAMBE qui était dans le cachot voisin l’interpella alors, il lui dit « monsieur ALLARD je suis votre serviteur, au premier jour nous boirons ensemble si monsieur GAULTIER veut souffrir que vous entriez en ce lieu », après lui avoir demandé de se coller au mur il lui dit tout bas « je vous prie de faire mes baise mains à madame votre femme et lui dire que je la prie d’entendre la messe à Notre-Dame lundi mardi et mercredi prochain, même dès demain, et qu’elle prie Dieu pour moi, pour que l’un de ces jours là j’espère avoir bonne issue de mon affaire ». Il apprit l’évasion le jeudi suivant.
Apparemment les autorités cherchaient des complicités et en premier lieu si le concierge ou sa femme pouvaient être impliqués. Au vu du témoignage de monsieur ALLARD et des surprenants propos du prisonnier, il semblerait que ledit BELLEJAMBE préparait son audacieuse escapade depuis quelques temps.

vendredi 17 janvier 2020

Noyade à Lathus - Les chroniques de Thierry Péronnet





(4-E-85-8 justice seigneuriale du Cluzeau) (DSCN 3842-3843) 
(Noyade) :
Dans son registre le curé de Lathus a écrit : « le 05-05-1681 a été inhumée dans le bout du cimetière (en le bas contre la marne) Louise PAILLER fille âgée d’environ de vingt et cinq ans, laquelle en une extrême maladie et de longue espace se serait noyée en tombant en le puits de Chez Tartault, elle avait fait ses pâques et moi-même l’avait ouïe en confession et avait toujours trouvé en elle grande dévotion ». Avait-elle des parents une famille, des amis, une profession ? Le curé ne se montre guère bavard à ce sujet, dans ces actes le religieux n’a guère l’habitude de broder, il se contente de donner l’âge au décès et le nom du village du défunt, en précisant si c’est un bon chrétien, sans plus de précisions. Heureusement le même jour Maurice DESCHAMPS avocat et juge du Cluzeau procède à la « levée du corps » de ladite Louise PAILLER et Pierre JAQUEMAIN son greffier rédige un procès-verbal, car c’est une mort violente, aujourd’hui les autorités procèdent toujours de la même manière. On y apprend qu’elle est morte noyée au fond du puits de la métairie du village appelé Chez Tartault. Il est précisé qu’elle est la sœur de Catherine PAILLER la femme de Sylvain JOUBERT, celui-ci avec Pierre Guillaume et Catherine JOUBERT ses frères et sœur exploite la métairie, Jean CHASSAT bordier et Perrette DELAFONT bordière sa belle-sœur demeurent avec eux. Maurice JACQUEMAIN chirurgien a examiné le corps de la noyée. Ensuite on procède aux auditions des témoins, l’âge de ceux-ci est alors noté soigneusement, Sylvain JOUBERT a 30 ans, Pierre JOUBERT a 27 ans, Guillaume JOUBERT a 26 ans, Catherine JOUBERT leur sœur a 17 ans, Catherine PAILLET elle a 30 ans, Jean CHASSAT a 26 ans et Perrette CHASSAT a 27 ans. On y apprend que Louise PAILLER travaillait avant au service de Jean RICHEFORT laboureur au village du Monteil, mais comme elle était « malade et indisposée » depuis le vendredi saint précédent elle s’était retirée chez ses frères et sœur. La veille le quatre mai Sylvain JOUBERT et sa femme de retour de la messe ne la retrouvèrent pas dans sa chambre, in quiets ils fouillèrent alors dans plusieurs endroits où elle pouvait se trouver, en vain, ils finirent par la trouver noyée au fond du puits d’où ils la retirèrent et la transportèrent dans une chambre haute de la maison de la métairie, là même où le juge et son greffier rédigent leur procès-verbal.

Le curé l’ayant enterrée en terre chrétienne le jour même, on peut supposer que la noyade est considérée comme accidentelle par les autorités. Les habitants ont-ils par la suite pensé à la pauvre fille en buvant l’eau du puits ? On peut légitimement se poser la question.

vendredi 10 janvier 2020

L'honnêteté s'affiche - Les chroniques de Thierry Péronnet.


(8-B-170 justice seigneuriale de Montreuil-Bonnin et Latillé) (DSCN 4716 à 4726)

Le 18-07-1729 Joseph JARDEL sieur de la Jouschère sénéchal et juge ordinaire civil et criminel du baillage de la châtellenie de Montreuil-Bonnin et Latillé, après rappel des actes d’une procédure commencée en décembre 1728 pour des faits arrivés le 29-11-1728, condamne Charles GIRAUDEAU à reconnaître Claude LAURENT comme « homme d’honneur non tasché des injures à lui impropres », à passer un acte de reconnaissance devant notaire sous huitaine. De plus le juge permet audit Claude LAURENT de faire afficher cette sentence à la porte de l’église de Benassay un dimanche au frais dudit GIRAUDEAU et condamne GIRAUDEAU à une amende de 100 livres pour dommages et intérêts et à payer 51 livres 11 sols 6 deniers pour les dépens.
Quelles furent les injures qui ont amené à ce jugement ? Qu’a pu dire GIRAUDEAU audit LAURENT qui mérite condamnation ? Le 21-01-1729 Charles-Philippe FORGET procureur fiscal du baillage de Montreuil-Bonnin procède aux interrogatoires des témoins. Jean DAVID 33 ans charpentier de Lauvignière de Benassay dit que le 29-11-1628, sortant de chez GUIONNET, cabaretier à Lavausseau, il vit Charles GIRAUDEAU et Claude fils de Jean LAURENT se disputant et entendit le premier dire « ne sçay tu pas bien que ton grand-père a été pendu » et le traiter de "fripon", le témoin rajoute que le fils LAURENT lui aurait dit 4 à 5 jours après que GIRAUDEAU avait volé à la maison de l’étang après la mort de son père. Autre témoin Jean BICHON, 20 ans, domestique de Jean GIRAUDEAU, meunier du moulin de l’étang, lui, a entendu GIRAUDEAU dire audit LAURENT fils « tu es honneste homme mais tu es de la race des Babaux qui ont été pendus » et il a entendu ledit LAURENT répondre qu’il était « un bougre d’affronteur, de fripon, voleur, coquin et maraud ». Louis RAFFIN 27 ans joueur d’Hautbois de Saubrelusseau de Benassay a entendu GIRAUDEAU dire « tu es de la race des Babaux, ton grand-père a été pendu, ne sçay tu pas bien que la race des Babaux n’a jamais rien valu » et LAURENT fils répondre qu’il était un voleur et qu’il avait volé son père. Simon FRAUDEAU 21 ans journalier de Lavergne de Benassay n’a entendu que LAURENT fils dire que l’autre était « un coquin, un maraud, un fripon, un affronteur » et qu’il avait volé son père. Charles LUSSAULT 33 ans boucher à Lavausseau vit les deux protagonistes assis à une même table chez GUIONNET cabaretier qui se disputaient, LAURENT traitant l’autre de coquin maraud et voleur.

Ce fait divers entraine une question que l’on peut toujours se poser. Est-on responsable des actes de ses aïeux ? Charles LAURENT doit être le fils de Jean LAURENT et Judith BABAULT, mariés en 1706 à St-Didier paroisse de Poitiers. Mais que diantre le grand-père du fils LAURENT a t-il bien pu faire pour mériter d’être pendu ?

Thierry Péronnet. 




vendredi 3 janvier 2020

Giboulée de coups de bâton - Par Thierry Péronnet.



(8-B-169 justice seigneuriale de Montreuil-Bonnin et Latillé) (DSCN 4658 à 4668)

(Bastonnade à Monbeuil-Benassay) :
Le 02-09-1726 Pierre MOUSSAULT marchand tanneur et Elizabeth MOUSSAULT sa femme portent plainte auprès du sénéchal civil et criminel de Montreuil-Bonnin et Latillé. Ils disent que la veille un dimanche vers les 6 heures du soir près du village de Monbeuil de Benassay ils firent malheureusement la rencontre du sieur Jean LAMARQUE de la Baudausière, qui selon leurs dires est un homme reconnu vicieux et querelleur dans tout le pays et canton. Sans aucunes raisons ce dernier les attaqua, ledit MOUSSAULT lui répondit par un bonsoir en le félicitant de ce que sa cavale soit pleine et se dirigea vers Monbeuil. LAMARQUE menaça de le frapper de ses verges, le traita de « monsieur le bougre ». MOUSSAULT, ne sachant la cause de son chagrin et de son courroux, le flatta de paroles et lui fit des « honnestetés » pour fuir promptement et éviter sa compagnie. LAMARQUE demanda alors à Jean GIRAUDEAU de lui tenir sa jument et donna de grands coups de verge sur le plaignant, sur le dos, sur l’épaule gauche, ensuite il lui prit son bâton et lui donna des coups avec sur la tête et le reste du corps. MOUSSAULT réussit à s’échapper pour essayer de se réfugier dans sa maison. LAMARQUE revint à la charge avec un pieu mais, comme MOUSSAULT gravement blessé s’était échappé rapidement sur une cavale, il s’en prit à la femme dudit MOUSSAULT à coups de pieu de pied et de pierre, la laissant comme morte. Ladite MOUSSAULT fut ensuite conduite à grand peine en leur maison à Lavausseau où elle git « malade et en danger de mort ». Les plaignants demandent qu’une information soit ouverte contre LAMARQUE. Il faut dire que l’agresseur ni avait pas été de main morte, Louis PELLETIER chirurgien de Benassay note à l’examen des victimes que Elizabeth MOUSSAULT, couchée dans un lit près de la cheminée d’une chambre basse, a une plaie sur l’occipital longue d’un demi travers de doigt, profonde d’un demi pouce, plus une contusion sur le bras dextre en dessous de l’épaule large d’un pouce, plus une contusion au coude du même bras large de deux pouces, et que Pierre MOUSSAULT assis sur un coffre dans la même pièce a une excoriation sur le haut du coronal large d’un demi travers de doigt, une contusion avec excoriation sur le « mouvement de l’épaule dextre » large d’un pouce, une contusion sur le bras sénestre au-dessus du coude large d’un pouce. Il ajoute que les contusions semblent avoir été faites par des coups de pierre ou de bâton.

Pour confirmer les dires des plaignants des témoins sont interrogés par le sénéchal, ils ont comme nom Louis ALLARD 35 ans domestique de Jean GIRAUDEAU meunier du moulin du Plan, René ALLARD 35 ans journalier au village de Monbeuil, Louis 15 ans  fils de Pierre DUTAYS laboureur de Monbeuil, Louise DECOUX 36 ans femme de François SABOURAULT journalier, tous rapportent et confirment tout ou en partie les faits mais restent prudent dans leurs déclarations, en affirmant ne pas connaitre la cause des coups et avoir été loin de la scène.