lundi 14 août 2017

# Geneatheme - Photos de famille et premier amour.


Clic Clac c'est Kodack ! 
Le #Geneatheme du mois d’août a pour sujet les photos de famille. 
Si je menais à bien tous les projets qui me passent par la tête, je sélectionnerais pour mes descendants,12 photos par année de ma vie, j'en ferais un thème de blog, une ronde avec un mot-dièse, genre #photodumoi... Tout ça, tout ça. 
Ce qui nous ferait quand même 7 billets par mois ( par moi), pendant les dix ans à venir, pour venir à bout de 70 balais d'images... S'il me reste encore dix ans à vivre. 
Laisse tomber Lulu...
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"Sélectionner".
Cette tâche serait plutôt facile jusqu'à la démocratisation de la photo numérique. 
La Godardière bascula dans le numérique en 1999 je crois.
A partir de là, trop de photo tua la photo. 
Encore que...
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"Raconter"
Le bruit des vagues, le camping de Palavas-les-Flots, le zip de la fermeture éclair de la tente Maréchal.
 Bref. 
Nous allions au bord de la mer. 
J'ai rédigé ce billet en 2010, sur le blog Lulu Sorcière, à l'occasion d'une "ronde d'écriture" autour du 
"premier amour". 
Vous pouvez  retrouver les commentaires d'alors sur la publication d'origine. 
Mon enfance a plus d'un demi-siècle, elle est si loin... Avant d'y retomber bêtement (on ne sait jamais un mauvais sort de ce cher Aloïs), il est temps de faire parler ces photos-là, d'y mettre le ton, l'humour, la tendresse et le recul nécessaires. Afin que les suivants ne prennent pas le passé trop au sérieux.
Et en vitesse, car le temps presse. 
Amusez-vous bien, la vie est courte. 
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1960


C’était il y a bien longtemps, à la plage du camping de Palavas-les-Flots. A cette époque j’avais 3 ou 4 ans, j’étais une vraie princesse.

J’étais l’enfant, j’étais l’unique, j’étais la première. On ne me laissait jamais jouer seule sur la plage, armée de ma troupe de chevaliers, mon père ce héros et mes Tontons farceurs, je détruisais majestueusement tous les pâtés de sable qui n’étaient pas conformes, retardant impitoyablement la construction des remparts de l’enfance.
Un jour pourtant, je suis restée seule et je l’ai vu.

Il était blond, il était p’tit, il était beau, il sentait bon le sable chaud… Musclé, incroyablement romantique, terriblement sensuel dans son maillot d’bain qui manquait d’élastique, tartiné d’huile cosmétique, il me demanda :
« Tu veux zouer au sable »
C’était la première fois qu’on m’draguait. Sensation nouvelle exaltante, trop timide pour répondre, certaine d’être désirée, j’ai lancé mon premier regard noir sur ses yeux clairs et nous avons rempli nos p’tits seaux ensemble. Le donjon prenait forme, nos mains maladroites tapaient l’une l’autre sur ce sable trop chaud, trop sec pour en tasser les grains, et soudain …. Sous mes yeux incrédules, ahuris mais néanmoins secrètement interpellés, dans la chevaleresque intention de ne pas voir s’écrouler le prochain édifice, il sortit son p’tit appareil et fit…. Pipi dans l’seau !!!!!!!
Je ne sais quoi de la nouveauté anatomique, du liquide aromatique, ou de l’incroyable légèreté d’un être déjà trop flemmard pour faire trois pas pour trouver l’eau salée, futur pétaradeur impénitent, mais je pris mes jambes à mon cou et me blottis dans les bras de ma p’tite maman, à jamais déçue des princes charmants.

Maman, vous la connaissez, ça l’a fait hurler de rire. Maman elle est comme ça, elle rit. Elle en a vu d’autres à mon âge ( elle en a toujours vu d’autres à mon âge, c’est casse-pied à force, mais ça aide à tenir). Elle a grandi à une époque où le ciel était si lourd que les étoiles s’accrochaient aux manteaux des petites filles, dans une théorie des nuages apocalyptique.


Alors, avec le même sourire, j’ai ravalé pour les amours à venir, mes larmes et mes chagrins, à jamais fragile comme un château de sable…..