jeudi 10 février 2022

Archive Insolite - AD86 - Série 5M2 - Echo à l'actualité récente.

Archives départementales de la Vienne, série 5 M 2

Je fais le ménage dans les centaines de photos faites aux #AD86, au gré de ma sérendipité des années passées. J'y trouve quelques pépites dont je ferai quelques brèves avant élimination de mon disque dur. Juste pour vous donner envie de fouiller au hasard et me donner envie de m'y remettre. #luluarchive

J'aime lorsque l'archive fait écho au présent, modestement, sans faire dire au passé ce qu'il n'a pas à dire. Sans défigurer l'histoire, sans insulter les morts. Une manière de prendre un peu de temps en traversant le temps. 

Aujourd'hui l'histoire de GUILLE, menuisier à Gençay, fait écho à une actualité récente et dramatique qui a ému la planète entière, l'affaire du petit Rayan tombé dans un puits au Maroc. 

le 9 décembre 1837, GUILLE, menuisier à Gençay, passe par la Brunetrie à Airoux. C'est un bon gars GUILLE, père de famille, sympa et toujours prêt à rendre service. Pour ramener un vase de peu de valeur qui appartient au fermier du hameau, il descend au fond d'un puits de 52 pieds (15 m). Arrivé au fond, il entend des pierres sous ses pieds qui s'écroulent. Il demande une corde pour remonter, on lui glisse en vain, il est enseveli sous 50 pieds de terre. 

En surface l'alarme devient générale. Les hommes arrivent mais au bord du gouffre, "leur courage devient pusillanimité et s'amollit par la difficulté et l'énormité des travaux à exécuter" pour trouver celui qu'on pense broyé sous le poids des décombres. 

La famille de Guillé réclame la présence du médecin, il s'agit du Dr BAROT et c'est lui qui raconte. Il s'étonne qu'on l'appelle, "comme si son art pouvait faire surgir de la terre un homme enfoui dans ses plus profondes entrailles".

Quoiqu'il en soit BAROT accourt et il fait bien. 

Sur place tout le monde s'accorde pour dire que GUILLE est mort, écrasé par les pierres. Mais BAROT le médecin, n'est pas d'accord. Il fait observer aux uns et aux autres que leur crainte est mal fondée, que la lenteur à exécuter les travaux pourrait être la cause de la mort du pauvre menuisier. 

La "foule" écoute.  Barot raconte l'histoire de DUFAVELLE qui avait survécu 12 à 15 jours sous terre.

La "foule" se laisse convaincre et les travaux commencent. De toutes parts surviennent de nouveaux secours. Monsieur le curé de Magné, jeune et dévoué ecclésiastique arrive et ne cesse de soutenir le courage des sauveteurs. "Enfin, la clameur publique ayant répandu de toute part, on voit arriver des jeunes gens forts et robustes qui ne ménagent pas leur courage". 

Bientôt la gendarmerie de Gençay se joint aux secours. "M le Brigadier DUPONT dirige et conduit jusqu'au dernier moment la foule tumultueuse". 

La "foule est tumultueuse" mais elle se laisse guider par le brigadier DUPONT, elle donne sa chance à l'ordre dans cette course contre la montre. 

Alexandre DELCOUR, caporal au premier régiment de sapeur du Génie, en séjour chez son père à Gençay, à la nouvelle de cet évènement a volé à la Brunetrie et là, ce jeune soldat va conduire les travaux de creusement, étant lui-même à l'œuvre. En 42h on a fait un trou perpendiculaire dans la direction du puits démoli, le déblaiement s'opère en même temps.  

La foule est tumultueuse mais elle laisse DELCOUR organiser les travaux, elle donne sa chance à l'intelligence et au savoir dans cette course contre la montre. 

La foule à la force des poignets enlève 8 à 10 pieds de décombre. 

Soudain, une voix souterraine se fait entendre, elle arme les hommes d'un nouveau courage et les "coeurs palpitent de joie"... On leur fait distribuer des vivres. Même M. le Comte de la BRUYE a bien voulu envoyer ses domestiques. 

La foule creuse, vendredi, samedi, nuit et jour, les hommes se relaient, force, méthode et précautions. Dans la nuit de samedi à dimanche à 2h du matin, on trouve enfin le malheureux GUILLE... VIVANT ! 

Muré en position verticale, on réussit à grand mal à le remonter du puits.

GUILLE n'a pas de blessure grave, il est très affaibli, présente de nombreuses plaies mais pas de fracture et en ce mois de décembre son hypothermie est majeure. 

Le bon Dr BAROT est à son chevet, il a bon espoir de le rétablir au mieux.

Un coup d'oeil rapide sur les tables décennales, elles ne mentionnent aucun décès de GUILLE en 1837 ni sur Gençay, ni sur Airoux. 

Ouf !  

Source :  #AD86 Série 5M2


Il faudrait faire une transcription soignée de cette archive. 

Il faudrait creuser l'histoire familiale de GUILLE, celle de BAROT et celle de ce brave DELCOUR. 

Il faudrait regarder ce qu'en ont dit les journaux. 

Il faudrait se renseigner sur l'affaire DUFAVELLE

Il faudrait, il faudrait...