jeudi 10 avril 2014

Contestation électorale à Usson - Lulu Sorcière Archive dans Centre Presse - 10/04/2014.

Source AD 86 - Pour bien visualiser l'image, cliquez droit et ouvrir dans une nouvelle fenêtre.

Elections, bâtons et cornemuse à Usson !
Le premier Germinal de l’an VI, on vote à Usson !
L’assemblée primaire, formée des citoyens « actifs » du canton, va élire parmi ses membres, ceux qui renouvelleront  un tiers du corps législatif composé du Conseil des Cinq-Cents et de celui des Anciens.
La campagne électorale fait rage dans notre petit coin du Poitou. An VI, 1798, Directoire, Ière République. Les émigrés sont revenus, le droit de vote modifié en 1795 est restreint à 30 000 propriétaires, on essaie d’oublier la Terreur et les Tribunaux révolutionnaires ont rendu l’âme. Pendant que Bonaparte bataille et gravit les échelons, la Première République ne sait pas encore qu’elle va faire place au Consulat.
A Usson, dans les jours qui précèdent le scrutin, des réunions discrètes, des diners s’organisent. On dirait que ça complote chez Vallée l’aubergiste ! Ce jour-là parait-il, on y a vu Hubert, Imbault et Largeau réunis avec une trentaine de personnes, la veille du vote ! On a entendu l’un d’eux  s’enflammer bien avant le dessert,  et réclamer «  que ceux qui n’ont pas de culotte sortent ! » On a bien compris que le groupe avait pour projet d’envoyer Vallée le Jeune, Largeau et Gorin en grands électeurs. Ces trois-là, et aucun autre !
A-t-on soudoyé les électeurs ? Il semble qu’on ait vu quelques billets circuler sous les tables…
Le premier Germinal, tous les chemins du canton mènent à Usson. On va voter à pied, et la route est longue. En guise de profession de foi, plus efficace que les mots, les militants offrent un p’tit verre d’eau de vie… Puis un autre, un peu plus loin. A l’assemblée primaire, tout le monde arrive en titubant.  Directoriaux, jacobins, royalistes autant que « douteux », mais on ne sait plus très bien qui penche à droite et qui à gauche !
 Cependant  certains ont remarqué ce groupe d’une trentaine de personnes, venant de St Secondin, avec à leur tête notre trio. Tous diront qu’ils sont entrés en masse, un bâton sur l’épaule et une cornemuse en tête de cortège.  Qui a bousculé Rouil ? Qui lui a dit « Je ne veux pas que tu votes ni même que tu parles ! ». Lui prétend que c’est Imbault et sa bande ! Qu’ils l’ont empêché de voter, chassé de l’assemblée et qu’ils ont acheté le suffrage des autres !
Rouil le sans-culotte craint pour ses arrières et dépose plainte. On admet bien des dérapages, le paiement de quelques écots, des réunions un peu houleuses, des élections un peu arrosées. Mais franchement, il n’y a pas de quoi en faire une affaire d’état. Thibaudeau, le président du Tribunal Criminel, acquitte notre trio. La loi du 22 Floréal de l’an VI est passée par là, invalidant les législatives, mais à Usson, le compte est bon !  

Source AD 86 – Série LSUPPL 404.

Illustration Wikipédia : La Salle des Cinq-Cents à St Cloud, par J. Sablet 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire