mercredi 30 octobre 2013

Staff au CHU d'Arçay - Lulu Sorcière Archive dans Centre Presse - 30/10/2013.

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On ne dira jamais assez combien l'orthopédie d'aujourd'hui doit aux pauvres laboureurs du Poitou d'hier !
Que penser d'autre de cet épisode du XVIIème siècle ?
A Arçay les curés sont un peu carabins. Il leur arrive de diagnostiquer les pathologies de leurs paroissiens.
Est-ce à l'initiative du curé Aubry que fut convoquée toute une assemblée de chirurgiens autour de la blessure de François Lhonneur  laboureur de quarante-cinq ans?
Le pauvre homme tombe de sa charrette, un accident funeste certes mais banal, fréquemment mentionné dans les registres. La roue lui passe sur la cuisse entrainant une blessure "des plus extraordinaires" qui survient le premier du mois de septembre 1699.
Aubry nous décrit la plaie : celle-ci est ouverte, les  fractures multiples accompagnées de plaies vasculaires, nerveuses, musculaires, contusions diverses. De gros délabrements qui rendent cette plaie des plus extraordinaires.
Quatre jours après l’accident, François Lhonneur est toujours vivant, huit carabins et non des moindres se penchent sur son cas.
Voyez plutôt : Le Sieur Durival docteur de médecine de Paris, établi à Loudun (9km), le Sieur Le Noir de Thouars (20km), les sieurs Caillain, Pondartin, Desarennes, Le Suire, La Tour et Boutiller que je n'ai pas pu localiser.
Fichtre, ça fait du monde pour un staff sans vidéo-conférence !
Tous ces chirurgiens se réunissent dans la chambre du malheureux blessé.
Ils examinent la plaie, font le bilan des délabrements et réfléchissent "mûrement".
Les doctes avis divergent.
L'acharnement thérapeutique a ses adeptes, la médecine palliative ses partisans.
Ainsi, certains souhaitent l'amputer tandis que d'autres, considérant la gangrène qui gagne déjà le bas ventre du blessé, savent qu'il est trop tard. Ils proposent par des incisions multiples de soulager le malade en drainant l'infection.
La sagesse l'emporte, sous l'oeil attentif du curé, qui a sa p'tite idée en matière d'éthique.

 Dès que la rimbabelle de mandarins a passé la porte, François Lhonneur rend son âme à Dieu dans un dernier soupir de soulagement.




BMS 1693/1702 page 41
François Lhonneur laboureur agé de 45 ans est décédé après
avoir reçu les sacrements de l'église le cinquième septembre 1699 Sa
mort causée par un funeste accident il tomba le premier du dit mois de sa charette
dont la roue luy passa sur la cuisse qui fit un tel désordre dans cette partie de
son corps que les os, en furent tous fracassés les nerfs les muscles les artères
tellement contus quil fut impossible de les réunir : cette playe des plus extraordinaires
fut vue par nombre considérable de médecins et chirurgiens très habiles par
le Sr Duridal docteur de médecine de Paris recemment éstably à loudun le
Sieur Le Noir médecin de Thouars les sieurs Caillain, Pondartin, Desarennes, Le
Suire, La tour, Boutiller tous chirurgiens partie desquels après avoir

murement considéré les fracas de ce membre affligé
furent d'avis de l'amputer mais les autres
plus pytoiables voyant qu'il estait inutille
de tenter cette opération à cause que la gangrène
avait déjà saisi le bas ventre jugèrent qu'il valait
mieux faire de profondes incisions pour découvrir davantage le mal. Toute la
précaution qu'on apporta pour la guérison de ce pauvre homme ne servirent de rien
car il mourut une heure après que le corps de médecine se fut retiré de sa chambre.
Aubry.Curé.




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