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Au XVIIème siècle, ce n'était pas encore un itinéraire
estival pour cinquantenaire en pleine forme, sur les chemins de St Jacques de Galice,
on marchait, on souffrait et on s'arrêtait parfois un peu
trop tard…
C’est au 9ème siècle que l’ermite Pélagius rêva
d’une étoile dans un champ (Campus Stellae), elle le mena en Galice au tombeau
de St Jacques. Devenu lieu de
pèlerinage, on y vient de toute l’Europe humblement et on en revient en homme
nouveau, rapportant l’humble coquille éponyme. L’apogée du pèlerinage est au
XIème siècle. Les conditions en sont difficiles et contestées, les siècles
passent et les sentiers restent.
Via Turonensis au XVIIèe siècle, pas de généticien éthique,
pas d’écrivain globe-trotteur, pas de
premier ministre débonnaire peu pressé. A cette époque, peu importe que la
pente fut rude si la route était droite.
On marchait avec sa peine, son chagrin, son enfant malade, on s'arrêtait épuisé
souvent, généreusement accueilli par le laboureur de Doussay comme par le
châtelain de Dissay. Ce souffle coupé par la maladie autant que par l'effort
des pas, on le rendait là où l'on se trouvait, racontant en peu de mots
au curé de la paroisse. Celui-ci prenait note, afin de pouvoir rendre à
la famille lointaine celui qu'il venait de confier à Dieu.
D’où viennent tous ces pélerins ? De Champagne, du
Mans, de Chartres, de Cambrai,
d’Allemagne et de Poitiers !
Ainsi se sont arrêtés pour l’éternité Geneviève Richet à
Avanton, Pierre Robert à Chasseignes,
Jean Auboin à Ingrandes, Pierre Leblanc à Naintré, Claude Claro à Cissé. Mais
aussi des enfants malades, Marie Marguerite meurt à 11 ans à Chalais, un autre petit à Charroux. Dix-sept
passants retrouvés, dix décès dont six au retour…
Heureusement, la halte du cheminant ne laisse pas que des
traces de larmes. Au féminin, la pénitente emporte sous sa pèlerine, l'espoir qui arrondit son
ventre. Et l'espoir, c’est bien connu, n'attend pas le nombre des pas. L’espoir
renait du voyage ! Ainsi nait Jacquette la bien nommée à Moncontour en
1606, et la même journée à Enjambes,
deux petites Marie-Jeanne, dont l’une est de passante allemande qui ne sait dire son nom. Elles marchent,
enceintes, depuis si loin, depuis si longtemps, depuis l’Allemagne ou la
Champagne, elles accouchent, et elles repartent. Six naissances sur les chemins de Compostelle !
Que savent les pèlerins bien chaussés d’aujourd’hui, des pèlerins
va- nus pieds d’hier ? Parfois peu de choses , la quête de l'inaccessible
étoile ne scintille plus comme avant.
Alors toi, laboureur de la Vienne, appuyé sur ta bêche, toi châtelain restaurateur
de douillettes chambres d'hôte, toi randonneur du quotidien amoureux des
chemins , si tu le croises ou l’héberges, raconte au marcheur, l'histoire des
traces de St Jacques laissées dans ton village.
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