lundi 14 janvier 2013

Le loup d'Arçay - De la rage à la plage. 1725.




C'est le 6 Mars 1725, que la bête fait sa première victime. Féroce, enragé et solitaire, il s'attaque dans le marais à un gamin de quinze ans, qu'il dévore.
Tard dans la soirée du lendemain, il revient à la charge, toujours solitaire et encore plus déchaîné. Dans les maisons de Briande, au village d'Arçay, il s'attaque aux chiens et aux gens. Gabillon, sa femme, le valet de la Ronde et d'autres sont blessés, gravement. L'animal est enragé, les morsures sont graves.
 Le temps presse.
A l'époque, contre la rage, une seule chance d'éviter l'issue fatale : les bains de mer et le sel. Le traitement connu depuis l'antiquité est recommandé depuis le XVIème siècle. Des laisser-passer sont octroyés aux malades, afin qu'ils rejoignent au plus vite l'océan.
Nos villageois prennent la route sans tarder.
 Gabillon trop gravement blessé, lui, reste sur place.
Accompagnée de ses frères, sa femme, ainsi que Cabamier et le valet de la Ronde prennent la route.
Mais la route est longue, trop longue. La femme Gabillon affaiblie par la fièvre ne peut poursuivre. Ses frères la déposent à l'hôpital de Fontenay-le-Comte, à 100 km d'Arçay.
La femme Gabillon y meurt seule, huit jours avant son homme laissé à Briande.
Le reste de l'équipage poursuit sa route, Cabamier et le valet de la Ronde atteignent enfin la plage, probablement celle de l'Aiguillon.
Epuisés.
Il est hélas trop tard, le mal a fait son oeuvre.
Ils meurent tous deux en découvrant l'océan.

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Source AD 86 - Arçay _ 1713/1732 pages 65 et 66



Accident funeste le mardy six mars mil sept cent vingt
cinq un loup enragé dévora un garçon de quinze ans dans le
maris de Vignole de la.. La nuit suivante il revint sur les 
onze heures du soir dans les maisons de briande où il mordit le
nommé Gabillon et sa femme batit les chiens, et encore a
mordu plusieurs personnes, un valet de la ronde et autres qui sont
allés à la mer. 




François Gabillon âgé de quarante six ans est
décédé après avoir reçu les sacrements et a esté
inhumé dans le cimetière le mercredy dix huit avril
mil sept cent vingt cinqu sa mort causée comme est dit de
l'autre part par la morsure d'un loup enragé. Il ne put
aller à la mer tant ses playes estaient dangereuses sa
femme y alla mais ne put s'en retourner, elle fut laissée
par ses frères qui la menèrent à l'hôpital de fontenay
le Conte où elle est morte de la maladie de rage huit jours
avant son dit mari qui en est aussi mort. le nommé friture
Cabamier qui estait aussi allé à la mer en est aussy mort et
aussy bien que le valet de la ronde.

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Les bains de mer supplices contre la rage et la folie.

Histoire des Bains de mer. 


4 commentaires:

  1. Bigre... pas bon de voir le loup! Quelle histoire !
    Heureusement que la médecine a fait quelques progrès... mais, aussi , qu'il y a beaucoup moins de loups .
    Kisses

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    1. Bigre, en effet !!! j'espère que je ne vais pas en rêver cette nuit ;-)

      Les loups sont réintroduits... non ? les ours aussi ? les deux en somme !!!

      bises

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  2. Le plus dangereux, à chaque fois, c'est de réveiller la bataille pro/anti loups, et là j'ai intérêt à garer mes abattis ! Certains diront sans doute que ce n'était qu'un chien enragé... Merci Tonton et Annick, fidèles lecteurs !

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  3. c'est la première fois que j'entends parler de cette histoire de bains de mer, c'est très étonnant, ces villageois qui partent faire 150 km pour espérer guérir de la rage. C'est à mettre en parallèle avec l'acte d'aujourd'hui et les huit chirurgiens qui se penchent sur la blessure du paysan. Qui dans ce village conseille, convoque, aide ? Les curés sont souvent épris de science, de médecine. En quelques lignes beaucoup est dit de la vie de ce village.

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