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En vous souhaitant à tous, un très Joyeux Noël, je remets à la une cet article paru en 2013 dans Centre Presse.
Le Père Noël et la Cigogne. Nuits magiques dans la Vienne.
La plus ancienne et la plus magique des saintes nuits eut lieu
dans le petit village de Monts-sur-Guesnes en 1580. Ce soir-là, Robertine Robin
et Gilette Viaux sont venues à pied dans la petite église, comme tous les
paroissiens du village, autour de leur curé. Appuyées sur le bras de leurs époux respectifs François
Alain et Gilles Du Mazeau, ni l’une ni l’autre ne chemine très vite, tant leur
silhouette est arrondie. Mais pour la
messe de minuit, tout le village doit être là. Le
chemin du retour n’a pas du être très facile pour Robertine et cette marche
nocturne n’est sans doute pas sans
conséquence sur la suite des heureux évènements ! Son époux a-t-il eu le temps d’aller chercher la
matrone ? On en doute, car c’est à
deux heures du matin, qu’elle lui a
donné un fils. La même nuit, dans la
maison voisine, Gilles et Gillette s’émerveillent eux aussi sur une petite frimousse qui voit le jour. Deux
naissances, la nuit de Noël dans un village de moins de 600 habitants, quel
évènement ! On les prénomma tous deux Noël, comme il se doit !
A Lhommaizé en 1622, l’évènement amuse Monsieur le curé qui le
mentionne dans son registre : la petite Mesmin est « baptisée Noëlle
parce qu’elle est née le jour de Noël »! Cependant la plupart du temps,
aucun commentaire n’est fait.
Nommer l’enfant né un 25 Décembre « Noël » est une
tradition qui remonte au XIIIème siècle dans notre pays. Les relevés des naissances
établis par les généalogistes de la Vienne, nous permettent de retrouver
du XVIème au XXème siècle, quarante-cinq communes et soixante-douze enfants concernés par ce
prénom singulier. La parité est loin d’être respectée, on compte 57 garçons
pour 15 filles ! A Loudun,
Saint-Jean-de-Sauves, La Chaussée ou Mont-sur-Guesnes, on compte à travers les âges, plus de quatre
petits Noël dans les sabots des villageois ! Naître un 25 décembre est un
hasard du calendrier qui tient parfois de la transmission
générationnelle ! Ainsi voici deux p’tits Martin à Gouex ( 1745 et 1751),
les cousins Proust de Messais (1755 et 1762), les p’tits Réau de Chouppes
et Vouillé nés à trente ans d’intervalle (1738 et 1768), et les deux p’tits Trillaud de St-Gaudent
(1840 et 1869). Mais chez les Turquois, naître au pied du sapin devient une tradition familiale : en voici un à
Chouppes en 1726, et deux autres à La Chaussée en 1678 et 1725. Quant aux
Guilbaut de Bournant, en 1635, on nait Noël et à Noël…de père en fils !
Prudence salutaire sans doute, on ne s’étonnera pas de ne retrouver
aucun petit Noël le 5 Nivôse de l’an II et années suivantes ! Les révolutions passent et la
tradition reprend à Saint-Gaudent en 1840. Elle connaîtra ses périodes de
gloire avec une année particulièrement faste en 1948 où naîtront 1272 petits
poupons à bonnet rouge bordé de blanc ! Apogée suivie d’un irrémédiable
déclin, puisqu’en 2010, on ne compte
plus que 26 enfants au prénom éponyme. Le choix du prénom, qu’on espère mûrement
réfléchi n’obéit plus au hasard du calendrier, mais parfois encore aux
événements de l’actualité…
Quant au petit Jésus
du 25 décembre, sachez qu’il est fils unique dans notre département. Il est né
en 1842 à Vivonne de Pierre Thibault et Marguerite Thomas !
A l’heure où s’écrivent ces lignes, nul ne sait encore
combien de berceaux se rempliront au pied du sapin. Mais à tous ces nouveau-nés
du covoiturage de la cigogne et du Père Noël, nous adressons tous nos meilleurs
vœux de santé, bonheur et longue vie !