Au XVIIème déjà la circulation routière est une des premières causes de décès accidentel...
Justice
seigneuriale de Rouillé - AD86 série 8-B liasse 264
Le
05-03-1680 vers les 5 heures du soir, Pierre POUPIN sénéchal de la châtellenie
de Rouillé se rend sur le chemin qui va de Rouillé au village de Laugerie, au
coin du bois de Sainsault un corps sans vie a été trouvé. Jacques BRACONNIER
fils mineur de feu Pierre BRACONNIER, demeurant chez GUITON de la métairie de
Laugerie, vient de mourir la tête enfoncée dans la boue, écrasée par une
charrette. Comme il allait bientôt faire nuit, ledit sénéchal fait retirer le
cadavre de la vase pour ne pas le laisser ainsi toute la nuit et le fait porter
au logis de la Croix-Blanche à Rouillé dans une chambre haute où il est procédé
aux investigations dès le lendemain. Le cadavre est vêtu d’un méchant habit de
serge maculé de boue, il n’a pas de chapeau, Charles SACHER chirurgien
l’examine et constate qu’il n’y a aucune blessure, seulement une contusion
allant du « sainsiput jusqu’à la nucle du col » (de l’occiput à la
nuque), pouvant provenir d’une chute ou de l’action d’un instrument contendant.
Gabrielle MORILLON âgée de 13 à 14 ans fille de François MORILLON hôte* du
bourg de Rouillé témoigne. La veille étant aux champs au lieu-dit Sainsault vers
les 3 à 4 heures du soir elle vit Jacques BRACONNIER âgé de 15 à 16 ans
conduisant une charrette à vide tirée par deux bœufs, elle dit qu’il allait
vite, qu’il était assis sur l’aiguille derrière les bœufs « jambe de çà
jambe de là », piquant les bœufs un aiguillon à la main et chantant à haute
voix. Elle rajoute qu’au bout de l’allée de Saintsault il voulut tourner vers
Laugerie mais qu’une roue de la charrette monta sur une butte de terre et que
ladite charrette se retrouva alors sens dessus dessous dans un bourbier. Elle
vit alors ledit Jacques BRACONNIER tombé la tête la première dans la boue où il
s’étouffa. Elle rapporte qu’ensuite elle courut chercher du secours. Louis
DOUSSET journalier du bourg de Rouillé témoigne qu’il bêchait dans son jardin
près de Sainsault quand la fille de François MORILLON lui dit que Jacques
BRACONNIER avait la tête dans la boue, il vit alors ledit BRACONNIER la tête
enfoncée dans la boue sous le ranchet** de la charrette et ensuite lui et
d’autres personnes relevèrent la charrette. François MORILLON 36 ans hôte du
bourg de Rouillé raconte que la veille le fils de la femme du nommé GUITON lui
avait apporté des fagots dans une charrette que Jacques BRACONNIER vint
chercher, ensuite il fut surpris d’apprendre par sa fille partie garder les
brebis que ledit BRACONNIER était mort dans la boue. Quelques jours après Louis
MACOUIN, curateur des enfants mineurs de feus Pierre BRACONNIER et de Louise
PRIOUX, procède à la vente des biens délaissés par les parents, Jacques
BRACONNIER était un des mineurs.
*hôtelier
**ranchet : ridelle de la charrette