Royal Baby ! Au petit matin du 6 mai, une tête couronnée a
pointé le bout de son joli nez ! Voyez toutes ces fées, penchées, attendries sur le petit berceau ! Aujourd’hui
est jour de liesse, de refrain
populaire et d’heureux présage ! Dans son
presbytère, le curé solitaire, lève-t-il encore son verre et sa plume pour ces nativités
particulières ? Les dynasties
passent, parfois trépassent, laissant à ces éphémères moments d’enthousiasme, une
étrange douceur, mi layette, mi sépia.
1751, la naissance du Duc de Bourgogne à Versailles,
héritier de la couronne, arriva aux oreilles des paroissiens de la
Chapelle-Moulière, peu après le 13
septembre. Quelle fête ce fut dans tout le Poitou ! « A la naissance
de Monseigneur le Duc de Bourgogne, le Roy (Louis
XV, son grand-père) a doté douze
filles dans toutes les villes royales et il en a fait donner à chacune 300
livres. Ce fut Monseigneur l’Evêque de Poitiers qui épousa les douze de
Poitiers dans l’église de Saint-Pierre, leur repas fut fait à l’intendance au mois de
novembre 1751. »
Hélas, notre jeune prince mourut à 9 ans après une mauvaise
chute. Son frère, le Duc de Berry hérita du trône. Devenu Louis le XVIème, il donna à son premier fils, en
hommage à son ainé disparu, le prénom de Louis Joseph. Pour le Dauphin, ce
royal enfant, en 1781, Les Affiches du Poitou, le nez dans les étoiles, s’illuminèrent d’une « Allégorie Astronom-
Astrologique » : « Mercure, Jupiter et Vénus arrivèrent ensemble au
méridien de Versailles au moment exact de l’enfantement. Mercure fit au prince
de Caducée présage heureux de paix pour
les peuples d’Europe. Il est certain que Monseigneur le Dauphin est né sous les
plus heureux hospices ! …»
Vous pensiez décrétée
la mort du latin ? A vos Gaffiot ! Le 27 mars 1785, pour Louis
Charles, l’enfant royal suivant, le curé de Cuhon convoqua Virgile et son
quatrième Eglogue, donnant sa place à ce « nouveau rejetton » parmi
les immortels : « In nova
progenius caelo de nuittus alto - llle deum vitam accipiet divisque videbit - permixtos heroas
et ipse videbitur illis -pacatumque reget patriis virtutibus orbem » . Les colonnes des Affiches, plus pragmatiques, fredonnèrent en écho : « Par cet enfant qui vient de naitre, - le trône est encore raffermi -Si
le ciel quelque jour vous le donne pour maitre - François, il est bourbon, il
fera votre ami. »
Quatre ans plus tard, l’Histoire n’en fit qu’à sa tête. Se
moquant des heureux présages, des éphémères moments de liesse, la France debout, accoucha
d’une Révolution, fit vaciller les
couronnes, laissant pour la postérité, à
la foule sentimentale de ses sans-culottes un curieux sentiment de… Baby-blues.
Carpe Diem.
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Autres mentions dans la presse ou les registres.
Mention dans la presse ancienne de la naissance de Marie-Thérèse-Charlotte.
Illustration : Marie-Antoinette et ses enfants par Louise-Elisabeth Vigée- Lebrun. Source Wikipédia