Source AD 86 - Pour bien visualiser l'image, cliquez droit et ouvrir dans une nouvelle fenêtre.
Chercher Charlie à travers l’archive.
A la lueur du cierge qu’ils brandirent en réparation
publique des outrages faits à l’Eglise, trois Charlie du siècle des Lumières éclairent à leur façon le chemin de croix qui
mena la patrie de Voltaire vers une République laïque. Une République laïque dont
il faut aujourd’hui, sans souffler sur les braises, raviver la lueur et
protéger la flamme, en ce janvier 2015 de larmes et de rage.
Palsembleu ! Au catalogue de l’insolite, nos mécréants
d’archives paroissiales sont rares : une possédée, une réparation
publique, un blasphème.
Nom d’une pipe à Thuré ! Pour Françoise TOUDON,
« possédée du diable de son vivant », le curé étouffe sagement les
braises et l’enterre sans autre forme de procès en 1657. A l’époque des
buchers, il est des curés qui doutent. Françoise est la seule sorcière du
Poitou croisée à ce jour dans un registre paroissial…
Diantre à Mauprévoir ! Ce 27 avril 1757, qui peut
imaginer ce qu’à bu François de Lousme ! Sacré mécréant le p’tit François, qui,
confondant le clocher avec le cabaret causa scandale en « vomissant dans
l’église pendant la messe et au terme de la consécration du vin »… « Pour
en avoir trop bu ». Au village sans prétention, jarnicoton, il attrapa
mauvaise réputation et à ce sacrilège, le curé imposa « réparation
publique ». L’histoire ne dit pas si le fils de Lousme se présenta en
titubant, devant l’autel de Saint Antoine pour honorer Dieu. Il s’y agenouilla
et brandit à la main, tout le temps de la messe, un cierge allumé sous le
regard courroucé, du curé, du bedeau, des bigottes et sous les rires étouffés
des enfants de chœur… Bigre ! François
de Lousme n’était qu’une petite teigne, et son père dut payer l’amende d’une
livre de cire en réparation. Il lui donna sans doute du bâton en consolidation
de sa mauvaise éducation.
Jarnicoton à Châtain !
Dans notre douce France, cinquante ans avant l’ère révolutionnaire, le blasphème
est un crime passible de mort. Le curé offusqué de cette petite paroisse tient
à témoigner de l’outrage pour les générations futures. En 1739, voyez cet
Antoine Chaumont que l’ecclésiastique nous met à l’index. Il n’est plus tout
jeune, 68 à 70 ans. Aimait-il comme ce patriarche du crayon, la chair dans
toute l’étendue de son doux champ lexical ? On a plaisir aujourd’hui à
l’imaginer en Charlie débonnaire, le vieil Antoine qui « blasphéma sous la
colère le nom de Dieu »! Le serviteur en soutane n’entre pas dans les
détails de cette fureur prérévolutionnaire, mais elle entraina les foudres de
l’ecclésiastique comme celles de l’honorable écuyer de son village.
Sapristi dans la Vienne du XVIIIème ! Voyez nos
sorcières mises à l’index, nos mécréants
à genoux, nos curés offusqués ! Le papier est encore rare, l’art reste académique,
le dessin de presse n’est pas encore né
et c’est dommage car tous ces fantassins du Chevalier de la Barre ne sont-ils pas
à croquer ?
Source : Archives de la Vienne. Registres paroissiaux.