samedi 26 septembre 2020

Charlie du siècle des Lumières - Lulu Sorcière Archive dans Centre Presse - 15/01/2015.

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Chercher Charlie à travers l’archive.
A la lueur du cierge qu’ils brandirent en réparation publique des outrages faits à l’Eglise, trois Charlie du siècle des Lumières  éclairent à leur façon le chemin de croix qui mena la patrie de Voltaire vers une République laïque. Une République laïque dont il faut aujourd’hui, sans souffler sur les braises, raviver la lueur et protéger la flamme, en ce janvier 2015 de larmes et de rage.
Palsembleu ! Au catalogue de l’insolite, nos mécréants d’archives paroissiales sont rares : une possédée, une réparation publique, un blasphème.
Nom d’une pipe à Thuré ! Pour Françoise TOUDON, « possédée du diable de son vivant », le curé étouffe sagement les braises et l’enterre sans autre forme de procès en 1657. A l’époque des buchers, il est des curés qui doutent. Françoise est la seule sorcière du Poitou croisée à ce jour dans un registre paroissial…
Diantre à Mauprévoir ! Ce 27 avril 1757, qui peut imaginer ce qu’à bu François de Lousme !  Sacré mécréant le p’tit François, qui, confondant le clocher avec le cabaret causa scandale en « vomissant dans l’église pendant la messe et au terme de la consécration du vin »… « Pour en avoir trop bu ». Au village sans prétention, jarnicoton, il attrapa mauvaise réputation et à ce sacrilège, le curé imposa « réparation publique ». L’histoire ne dit pas si le fils de Lousme se présenta en titubant, devant l’autel de Saint Antoine pour honorer Dieu. Il s’y agenouilla et brandit à la main, tout le temps de la messe, un cierge allumé sous le regard courroucé, du curé, du bedeau, des bigottes et sous les rires étouffés des enfants de chœur…  Bigre ! François de Lousme n’était qu’une petite teigne, et son père dut payer l’amende d’une livre de cire en réparation. Il lui donna sans doute du bâton en consolidation de sa mauvaise éducation.
Jarnicoton à  Châtain ! Dans notre douce France, cinquante ans avant l’ère révolutionnaire, le blasphème est un crime passible de mort. Le curé offusqué de cette petite paroisse tient à témoigner de l’outrage pour les générations futures. En 1739, voyez cet Antoine Chaumont que l’ecclésiastique nous met à l’index. Il n’est plus tout jeune, 68 à 70 ans. Aimait-il comme ce patriarche du crayon, la chair dans toute l’étendue de son doux champ lexical ? On a plaisir aujourd’hui à l’imaginer en Charlie débonnaire, le vieil Antoine qui « blasphéma sous la colère le nom de Dieu »! Le serviteur en soutane n’entre pas dans les détails de cette fureur prérévolutionnaire, mais elle entraina les foudres de l’ecclésiastique comme celles de l’honorable écuyer de son village.
Sapristi dans la Vienne du XVIIIème ! Voyez nos sorcières mises à l’index, nos  mécréants à genoux, nos curés offusqués ! Le papier est encore rare, l’art reste académique,  le dessin de presse n’est pas encore né et c’est dommage car tous ces fantassins du Chevalier de la Barre ne sont-ils pas à croquer ?


Source : Archives de la Vienne. Registres paroissiaux. 

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