Au hasard de l’insolite, à la lettre C, bonne pioche avec le petit
village de Cissé !
C’est en feuilletant le plus ancien registre de la petite
commune de Cissé que l’on y découvre son plus terrible drame. Dans ce petit
village où meurent en moyenne moins de dix paroissiens par an, où naissent une trentaine de petits, en 1631, la
catastrophe gronde et la faucheuse trace son sillon. 2 morts en février, 3 en
mars, 3 en avril, le double en mai, encore 6 en juin , le double en juillet, le
double de juillet en aout soit 21 sépultures, 13 en septembre, la faucheuse
s’éloigne doucement, emportant avec elle 79 paroissiens de Cissé, jeunes vieux,
fratries, couples, familles ! La peste est au village, elle n’est nommée
dans aucun des actes d’obsèques du curé dont l’écriture d’ordinaire si belle, se
réduit, se fait brouillonne, rapide, gravant serré sur le parchemin du registre
la peur au village. Fin de l’année 1631. La Grande Mortalité, c’est le seul
indice que nous laisse Pierre Hamon, retrouvant en cette fin de décembre sa si belle écriture…Cette année-là et la
suivante on divisa par deux le nombre des naissances. La brutalité du mal
claque en chiffres : 1632, 5 décès à Cissé…
Et la vie reprend son cours. Presque un siècle plus tard,
1717, Claude Louis Claro, natif de Cambray, fatigué du long cheminement vers
Compostelle, trouve au petit cimetière de
Cissé sa dernière demeure.
L’insolite suivant fit grand bruit dans la presse
locale ! Le 4 janvier 1773, Louise Rat, femme de Jacques Turpaud, mit au monde
des jumeaux ! Jacques et Marie,
deux enfants d’une même ventrée, dans un village c’est un
évènement ! Le père Turpaud se précipite à l’église avec ses marmots que
le curé s’empresse de baptiser, laissant son épouse aux bons soins de la
sage-femme. La Veuve Dubois s’apprête à partir à son tour, quand à nouveau ça « brasse »
dans les entrailles de la mère Rat ! Et de trois ! Le petit Nicolas,
n’aura pas le temps de rejoindre les deux autres, la Veuve Dubois le baptise
dans l’urgence. La presse fait écho de cette
exceptionnelle naissance : « Nous avons eu raison, en disant que les
accouchements de trois enfants n'étaient pas des évènements fort rares. En
voici encore un exemple dans cette Province. La femme de Jean Turpaud,
vigneron, du village de la Garnerie, paroisse de Cissé, près Poitiers, est
accouchée le 4 de ce mois, de deux garçons & une fille, qui ont vécu
quelques jours (ndlr : ah ces journalistes en mal de sensationnel !! En fait ils n’ont survécu que quelques heures). Il survit peu d'enfants de ces
couches extraordinaires. Nous croyons que l'on nous permettra de remarquer
qu'elles sont plus communes dans les campagnes que dans les villes. » Une
trentaine de triplés sont répertoriés dans les registres paroissiaux de la
Vienne, sur ces 90 nouveaux-nés, un seul à survécu… Mais c’est une histoire que
j'ai déjà racontée.
AD86 - Cissé - BMS 1780-1782 vue 53
Sous les dalles de
l’église de Cissé dorment de nombreux notables. Aux pauvres le cimetière, aux
riches, la maison de Dieu. Les sépultures creusées à même la terre, finirent
par poser quelques petits soucis d’hygiène, tant et si bien que la pratique fut
règlementée par la déclaration du roi Louis XVI du 10 mars 1776 : pas de
caveau, pas de sépulture dans l’église ! C’est la mésaventure qui arriva le 22 octobre
1782 au corps de Haut et très puissant Seigneur Messire François Joseph de
Joubert, chevalier Seigneur de Cissé, qui malgré ses titres et sa brillante
généalogie fut inhumé auprès des manants de la paroisse, ce qui n’a pas du se
passer très gentiment...
En peu d'archives, Cissé illustre la diversité et la richesse des informations cachées parmi les baptèmes et les sépultures, la vie, la mort, l'histoire, les lois, tout y est, tout raconte. Ouvrez l'oeil, ces bavards de curé chuchotent à vos oreilles !
Source AD 86 Registres Paroissiaux.
---------------
Le Challenge impose son rythme, il reste à raconter à Cissé !
un ouragan mentionné dans la presse en 1779 ...
------------
Et une fort émouvante petite affaire criminelle... ça viendra.
---------------
Mémoire des Poilus de la Vienne : Les Poilus de Cissé.
Mémoire des Poilus de la Vienne : Les Poilus de Cissé.
Inédit, je n'ai jamais rencontré de triplés encore dans ma généalogie et dans les branches que j'ai parcourues... Votre article révèle également à quel point la presse ancienne est une source précieuse et riche !
RépondreSupprimerBelle écriture, très agréable à lire.
A bientôt et bon challenge,
Guillaume
Merci Guillaume ! Pour l'instant je n'ai raccroché ces triplés à aucune branche familiale et à aucun généalogiste de mon entourage ! La presse ancienne est formidable, et la presse locale offre la même proximité qu'aujourd'hui !
SupprimerBravo pour votre travail et bon challenge !
Ma femme est originaire de la Vienne (Chauvigny) et nous allons suivre avec délectation les prochaines lettres.
RépondreSupprimerA bientôt
Jean-Marc
Merci Jean-Marc, pour ces encouragements et cette lecture stimulante des challengeurs ! L'idée est de poursuivre régulièrement le thème choisi après le challenge, Chauvigny ne manquera pas !
SupprimerA bientôt
Gloria
Je viens justement de trouver des triplés dans mes ancêtres en 1794 dans l'Ain : 2 garçons (le 1er est décédé au bout de quelques jours) et 1 fille (dont je descends). Un sacré insolite dans mon arbre :-)
RépondreSupprimer@micalement