mercredi 3 juin 2015

C comme l'insolite de CISSE (86) - #ChallengeAZ

           

Au hasard de l’insolite, à la lettre C, bonne pioche avec le petit village de Cissé  ! 



C’est en feuilletant le plus ancien registre de la petite commune de Cissé que l’on y découvre son plus terrible drame. Dans ce petit village où meurent en moyenne moins de dix paroissiens par an, où naissent  une trentaine de petits, en 1631, la catastrophe gronde et la faucheuse trace son sillon. 2 morts en février, 3 en mars, 3 en avril, le double en mai, encore 6 en juin , le double en juillet, le double de juillet en aout soit 21 sépultures, 13 en septembre, la faucheuse s’éloigne doucement, emportant avec elle 79 paroissiens de Cissé, jeunes vieux, fratries, couples, familles ! La peste est au village, elle n’est nommée dans aucun des actes d’obsèques du curé dont l’écriture d’ordinaire si belle, se réduit, se fait brouillonne, rapide, gravant serré sur le parchemin du registre la peur au village. Fin de l’année 1631. La Grande Mortalité, c’est le seul indice que nous laisse Pierre Hamon, retrouvant en cette fin de décembre  sa si belle écriture…Cette année-là et la suivante on divisa par deux le nombre des naissances. La brutalité du mal claque en chiffres :  1632, 5 décès à Cissé…


Et la vie reprend son cours. Presque un siècle plus tard, 1717, Claude Louis Claro, natif de Cambray, fatigué du long cheminement vers Compostelle, trouve au petit cimetière de  Cissé sa dernière demeure.

L’insolite suivant fit grand bruit dans la presse locale ! Le 4 janvier 1773, Louise Rat, femme de Jacques Turpaud, mit au monde des jumeaux ! Jacques et Marie,  deux enfants d’une même ventrée, dans un village c’est un évènement ! Le père Turpaud se précipite à l’église avec ses marmots que le curé s’empresse de baptiser, laissant son épouse aux bons soins de la sage-femme. La Veuve Dubois s’apprête à partir à son tour, quand à nouveau ça « brasse » dans les entrailles de la mère Rat ! Et de trois ! Le petit Nicolas, n’aura pas le temps de rejoindre les deux autres, la Veuve Dubois le baptise dans l’urgence.  La presse fait écho de cette exceptionnelle naissance  : « Nous avons eu raison, en disant que les accouchements de trois enfants n'étaient pas des évènements fort rares. En voici encore un exemple dans cette Province. La femme de Jean Turpaud, vigneron, du village de la Garnerie, paroisse de Cissé, près Poitiers, est accouchée le 4 de ce mois, de deux garçons & une fille, qui ont vécu quelques jours (ndlr : ah ces journalistes en mal de sensationnel !! En fait ils n’ont survécu que quelques  heures). Il survit peu d'enfants de ces couches extraordinaires. Nous croyons que l'on nous permettra de remarquer qu'elles sont plus communes dans les campagnes que dans les villes. » Une trentaine de triplés sont répertoriés dans les registres paroissiaux de la Vienne, sur ces 90 nouveaux-nés, un seul à survécu… Mais c’est une histoire que j'ai déjà racontée.

AD86 - Cissé - BMS 1780-1782 vue 53

Sous  les dalles de l’église de Cissé dorment de nombreux notables. Aux pauvres le cimetière, aux riches, la maison de Dieu. Les sépultures creusées à même la terre, finirent par poser quelques petits soucis d’hygiène, tant et si bien que la pratique fut règlementée par la déclaration du roi Louis XVI du 10 mars 1776 : pas de caveau, pas de sépulture dans l’église !  C’est la mésaventure qui arriva le 22 octobre 1782 au corps de Haut et très puissant Seigneur Messire François Joseph de Joubert, chevalier Seigneur de Cissé, qui malgré ses titres et sa brillante généalogie fut inhumé auprès des manants de la paroisse, ce qui n’a pas du se passer très  gentiment...

En peu d'archives, Cissé illustre la diversité et la richesse des informations cachées parmi les baptèmes et les sépultures, la vie, la mort, l'histoire, les lois, tout y est, tout raconte. Ouvrez l'oeil, ces bavards de curé chuchotent à vos oreilles ! 

Source AD 86 Registres Paroissiaux. 
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Le Challenge impose son rythme, il reste à raconter à Cissé ! 


 un ouragan mentionné dans la presse en 1779 ...
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Et une fort émouvante petite affaire criminelle... ça viendra.




5 commentaires:

  1. Inédit, je n'ai jamais rencontré de triplés encore dans ma généalogie et dans les branches que j'ai parcourues... Votre article révèle également à quel point la presse ancienne est une source précieuse et riche !
    Belle écriture, très agréable à lire.

    A bientôt et bon challenge,

    Guillaume

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    1. Merci Guillaume ! Pour l'instant je n'ai raccroché ces triplés à aucune branche familiale et à aucun généalogiste de mon entourage ! La presse ancienne est formidable, et la presse locale offre la même proximité qu'aujourd'hui !
      Bravo pour votre travail et bon challenge !

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  2. Ma femme est originaire de la Vienne (Chauvigny) et nous allons suivre avec délectation les prochaines lettres.
    A bientôt
    Jean-Marc

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    1. Merci Jean-Marc, pour ces encouragements et cette lecture stimulante des challengeurs ! L'idée est de poursuivre régulièrement le thème choisi après le challenge, Chauvigny ne manquera pas !
      A bientôt
      Gloria

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  3. Je viens justement de trouver des triplés dans mes ancêtres en 1794 dans l'Ain : 2 garçons (le 1er est décédé au bout de quelques jours) et 1 fille (dont je descends). Un sacré insolite dans mon arbre :-)
    @micalement

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