samedi 6 avril 2013

F comme Faim. #ChallengeAZ


Quel désespoir peut bien pousser Jean Poupin à emmener sa famille si loin ?
88 Km. Quand on sait que tout notre petit monde villageois se marie à 10Km à peine de sa ferme ?
Poussé par la misère, Jean Poupin quitte son village, St Pierre de Maillé.
Il part sur les routes avec femme et enfant.
Un enfant au moins, un petit de cinq ans, Charles.
Il a marché combien de temps ce p'tit bonhomme avant de s'arrêter chez Guillot ?
Charles ne survit pas à l'exil, il meurt à Arçay.
Aucun lien de parenté n'est noté entre les Poupin et les Guillot.
Mais la misère, elle, est de la famille !
La misère et la Faim. Au XVIIIème siècle, quand ça va mal, on a faim.
En 1713, avril fut glacial.
En 1713, c'était peut-être déjà la crise.
En 1713, Jean Poupin était journalier, et se voyait finir mendiant.
En 1713, pourquoi cherche-t-il du travail si loin ? Quel drame familial le pousse sur les chemins ? Depuis combien de temps marchent-ils avec le petit Charles ?

F comme Faim. La Faim court dans les registres.

1694 on meurt de faim à Leugny.





 Mathurin Renard (19 Janvier), Michel Pageard (12 avril),  Louis Artault(19 avril), Anne Vigeant (19 avril), Etienne Normand (20 avril), Jean Vigeant (22 mai), Louis Pingault (27 Mai),  Joseph Trouvé (2 Juin),
On meurt de faim en cherchant des racines, des baies, dans les bois, dans le froid. On meurt là où l'épuisement surprend, sur place, sans avoir plus la force de revenir chez soi. On meurt de défaillance faute de nourriture...


1694, 1713, 2013...Leugny, Arçay, Pleumartin,  ici aujourd'hui.
Faim se décline désormais encore à la forme négative : "Mais, tu n'as pas faim ?" "Tu manges sans faim !"  "ça donne faim !".  Ou bien à la forme superlative "il a tout l'temps faim"...
2013, celui qui a faim, mange mal et trop. Mais pour combien de temps ?


Charles âgé de cinq ans, fils de Jean Poupin journalier et de
Anne Aubier de la paroisse de St Fer de Maillé dans le canton
chatelleraudais près pleumartin est décédé à Chassigny dans la
maison de René GUILLOT. Ces gens ont quitté leur païs à cause de
la misère et de la faim qui les pressait. Le dit enfant enterré
dans le cimetière le mercredy trentuniesme may mil sept cent treize.
Aubry Curé.

Arçay 1713/1732 p3 Gche

Morts de faim dans les Archives insolites de la Vienne

8 commentaires:

  1. ben voila,maintenant je vais avoir le cafard pour la journée :( merci qui? merci Gloria :p Blague à part, quand je tombe sur l'acte de sépulture d'un pauvre mendiant inconnu qui mendiait son pain, ca me fiche toujours des frissons. Je rabache à mes enfants que non, leur vie n'est pas si difficile, un peu de perspective fait du bien

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    1. Je crois que rien ne remplace ces lectures d'archives, de documents. Il faut inciter les enfants à aller découvrir l'histoire par l'archive. Ce coté poignant c'est pédagogique.
      On a appris à l'école la misère, mais l'expérimentation de l'histoire, c'est une épreuve, elle marque comme la voix de l'ancien qui raconte et dont les larmes coulent encore.
      D'autant plus aujourd'hui, dans un monde d'images où rien ne coupe plus l'appétit de personne.

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  2. J'étais tombé sur un ancêtre qui, avec sa femme et son fils étaient morts à quelques jours d'intervalle.
    C'est vrai que je pensais à une épidémie, mais il s'agissait peut-être du manque de nourriture...ça me semble tellement impensable mais très réaliste pour l'époque.
    La généalogie nous fait revenir dans la réalité : la survie

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    1. il n'y a pas très longtemps, je parlais de la guerre avec ma mère. Elle m'a dit "On crevait d'faim, tu m'entends on crevait d'faim.". Dans les mots choisis qui ne lui sont pas habituels, dans la répétition, j'ai senti ça, qu'elle était persuadée qu'il m'était impossible de comprendre.
      Et je crois qu'elle a raison, il y a des expériences qui nous sidèrent mais il restera toujours une cloison entre ceux qui ont vécu et ceux qui apprennent.
      Il nous reste le devoir de transmettre en espérant qu'on n'ait jamais à "savoir".

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  3. Nos parents nous ont appris à respecter la nourriture, ne rien jeter surtout : ils avaient connu
    les privations. Ca m'est toujours resté en mémoire et je rabache moi aussi auprès de mes petits-enfants
    maintenant.

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  4. Eh bien on a encore eu la même idée ! Sur mon article, et comme on m'a dit (déjà) que c'était plutôt triste, je n'ai pas indiqué le devenir de Jean, veuf de Thérèse : il est mort quelques années plus tard dans une grange, dans un village où il ne connaissait personne, il était devenu mendiant...

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    1. Faim et Fléaux ! Les épidémies, les hivers aggravent une mendicité qui est terrible. On a le sentiment de hordes de gens qui errent de village en village à la recherche de miettes... Voir la Noyade de Saint-Saviol.

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