vendredi 5 avril 2013

E comme Epizootie 1747 #challengeAZ


Epizootie maladie épidémique qui touche les animaux... Un terme qui apparait vers 1775. 
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L'article paru dans Centre Presse :

1747, Brigueil-le-Chantre, Delaforest, le curé de la paroisse témoigne : « nous sommes allés en procession à Vilsalem pour prier Dieu pour l'intercession de St Roch et St Sébastien de nous préserver de la maladie qui règne sur le bétail et qui nous avoisine de toutes parts. Maladie qui a entièrement détruit le gros bétail dans plus de soixante paroisses sans y avoir laissé un seul boeuf ni vache particulièrement dans la province du Berry. La même maladie étant actuellement dans celle du Limousin. Dieu nous préserve. ». L’année suivante, le mal a envahi l’ensemble du royaume. Les processions se multiplient, vingt à vingt-cinq villages alentours !
St Roch, priez pour nous !
 Sans le savoir, de l’étable à l’église, les sabots des paroissiens diffusent le mal le long de chaque chemin de croix…1750, Charroux souffre depuis trois ans et « aucun remède », se plaint le curé. Les conséquences sont dramatiques pour « les particuliers, comme pour le service du public ». Pensez ! Pas de bœuf, pas de labour, pas de récolte, pas de lait, pas de viande. Seul espoir : prières et processions !

St Roch, ayez pitié de nous !
En plusieurs vagues, la peste bovine sévit dans toute l’Europe de 1711 à 1760. Venue de l’est, favorisée par les campagnes militaires, elle suit le trajet des troupes que le bétail accompagne.
On sait la décrire : 50 jours d’incubation contagieuse, puis les yeux s’éteignent, les narines sèchent, s’enflamment, ainsi que le palais, le cuir. La fièvre, la raideur, la diarrhée emportent l’animal en moins d’une semaine.
Tandis que les paroissiens diffusent le mal en implorant St Roch, tandis que les hommes font la guerre, partout en Europe les vétérinaires cherchent les lumières. Certains prônent les sels marins tandis que les italiens se moquent des français et de leurs  infusions vineuses de fiente de poule. Petit à petit, le pragmatisme et l’empirisme font avancer la lutte, la science, la connaissance.

St Roch aidez-nous !
On conseille les mises à couvert, les mises en quarantaine, les abattages préventifs. On se soucie du confort des animaux transportés. La peste recule mais revient…En 1761 elle amène Louis XV à promouvoir la création par Bourgelat, de la première Ecole Vétérinaire au monde, à Lyon, suivie de celle de Maison Alfort. Erasmus avant l’heure, elles accueilleront des étudiants européens et enrichiront la science et le dictionnaire. Le terme d’épizootie, maladie épidémique qui touche les animaux apparait en 1775.

L’épizootie du XVIIIème siècle, décima 200 millions de bovins en Europe et fut la première maladie virale animale éradiquée de la planète par l’homme au XXIème siècle. Merci St Roch !
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Source : AD 86.
Illustration Wikipédia.


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Un drame de 1740 à 1750, qui touche les bêtes à cornes en Europe Occidentale  et qui va faire des ravages. Environ 200 millions de têtes de bétail perdues.
En voici les témoignages retrouvés dans les Archives de la Vienne. 

1747, la maladie s'étend sur plus de soixante paroisses nous dit le curé de Brigueil-le-Chantre. Les boeufs et les vaches sont touchés, tout particulièrement dans le Berry, mais aussi dans le Limousin. On part en procession au prieuré de Vilsalem, on en appelle à St Roch et St Sébastien. 

1748, toujours la maladie qui s'étend à tout le royaume, les processions  se multiplient, 20, 25 villages alentours. Brigueil semble relativement à l'abri.
1749, en Berry et aux portes de la Touraine, nous dit le curé de Boussay (37)
1750 Dans la Vienne, le village de Charroux est touché. La peste des boeufs nous dit le curé, et ça dure depuis trois ans ! 
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Je réunis depuis quelques mois les Archives Insolites de la Vienne (1330 curiosités) avec l'aide de GE86, et des bloggeurs de la Vienne, Fred Coussay de GénéaBlogique, Sébastien Pissard de La Pissarderie, et GénéaBlog 86.
Lorsqu'il devient possible de comparer d'un village à l'autre,  un même épisode sanitaire ou historique, le travail a porté ses fruits ! 
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5 novembre 1747 à Brigueil-le-Chantre
Hier cinq de ce mois nous sommes allé en procession a vilsalem pour prier Dieu pour l'intercession des St Roch et St Sébastien de nous préserver de la maladie qui règne sur le bétail et qui nous avoisine de toutes parts maladie qui a entièrement detruit le gros bétail dans plus de soixante paroisses sans y avoir laissé un seul boeuf ny vache particulièrement dans la province du Berry. La meme maladie étant actuellement dans celle du Limousin Dieu nous préserve. S. Delaforest Curé.
 Notes : BMS 1745-1753 page 27.


22 septembre 1748 à Brigueil-le-Chantre
Dimanche Dernier vingt deux septembre mil sept cent quarante huit nous sommes allé en procession au Dorat Le Chapitre nous ayant avertis qu'ils avait tirés les chasses des SS Théobalde en Israel ou nous avons assisté à la procession Genvalle ou toutes ou presque toutes les paroisses .... voisines sétaient assemblées au nombre d'environ ving quatre ou vingt cinq Pour demander à Dieu pour l'intecession de SS Israel et Theobalde de nous préserver de la maladie qui règne sur le bétail qui a ravagé plusieurs provinces du Royaume Et dont nous avons été préservé jusqua présent ayant avec nous une grande partie de notre paroisse Mr Dedaus notre vicaire et mr Maurat son diacre. S. De la Forest Curé.
Notes : BMS 1745-1753 page 35

11 octobre 1749 à Boussay (37290)
11 Octobre 1749, il y a eu un grand tremblement de terre qui se fit sur les sept heures du soir. Cette présente année, il y a eu en Berry une maladie épidémique sur toutes les bêtes à cornes. On ignore absolument quelle peut être cette maladie. On na pû jusque a present y trouver de remèdes et a present que jécris elle est aux portes de la Touraine" Signé: Richard, curé de Boussay --- Boussay en 37:



Date et lieu : 1750 à Charroux 
 Cette année 1750 a ete triste à notre paroisse et à plusieurs autres par la mortalité des boeufs qui a causé un grand dérangement dans les biens et les fortunes des particuliers et le service du public interessé dans les charois et le labour des terres. Cette peste et maladie épidémique des boeufs a régné successivement dans diverses provinces et y a causé les mêmes désordres dans qu'on ai acquis aucune connaissance certaine du mal ni des remèdes qu'il fallait y apporter excepté ceux des prières et de la soumission au jugement de Dieu. Dalouhe Curé. AD 86 Charroux BMS 1748/1757/p46

5 commentaires:

  1. Quelle peut bien être cette maladie ? Peut-être la fièvre aphteuse ... (mais difficile à dire car pas de description des symptômes)...

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  2. Bonjour Elodie, j'ai rédigé l'article in extrémis... je n'ai pas eu le temps de trouver la réponse. J'ai l'impression que ces catastrophes étaient fréquentes et on peut le comprendre. Je chercherai ! Wikipédia ne donne pas de piste sur cette période précise.
    Merci de votre passage !

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  3. Tout passait par la prière à l'époque et je me souviens qu'il en était ainsi quand j'étais
    enfant ... si seulement c'était aussi simple ... en attendant, ces catastrophes à répétitions et
    incompréhensibles ont causé bien des désarrois.

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  4. Coucou les p'tits lu

    à peine descendue de mon cheval de fer je n'ai pu résister à l'envie de rendre visite au site de Lulu; je pense qu'il peut s'agir ( et d'ailleurs c'est le terme qu'emploie le curé de Charroux ) de la peste bovine. Probablement introduite par les Huns en Europe , elle décima 200 millions de bœufs entre 1740 et 1750 et fut à l'origine de la création par Claude Bourgelat des Ecoles Vétérinaires( 1762 pour Lyon et 1766 pour Alfort).Ce fut aussi la première maladie virale déclarée éradiquée par l'Homme en 2011.
    On tremble un peu en songeant que tous ces paysans en se rassemblant en procession apportaient certes leur foi et leur ferveur mais probablement aussi pas mal de virus collés aux semelles qui devaient grandement faciliter l'extension de la maladie.
    Bon je ne vais pas pouvoir combler mon retard ce soir et en plus la loi des intervalle fait qu'en prenant une semaine vous ratez 2 dimanches ; je vais essayer de me montrer raisonnable et de consommer une petite tranche chaque jour mais c'est toujours aussi délicieux .
    Merci encore!
    Jocelyne

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    1. Ah merci Jocelyne pour cet éclairage ! C'est toujours un régal de lire tes commentaires !
      Bon sang ! Je n'avais pas pensé à la transmission par les sabots des villageois !

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