mardi 2 avril 2013

B comme Brûleurs de pieds ! #challengeAZ

On ne dira jamais assez le danger des feux de cheminée par les printemps qui grelottent !
Mais il n'est pas toujours celui qu'on craint.
Les Brûleurs de pied sont des saisonniers, portés par les vents froids, la neige et les frimas, poussés par la faim et la misère, hordes sauvages, ils tracent leur route de village en village, de maison en maison.
Ils sont prêts à toutes les extrémités en s'attaquant à nos extrémités pour arriver à leurs fins...
On a vu hier qu'il fallait craindre la soupe qui mijote dans l'âtre, il faut craindre aujourd'hui les braises sur lesquelles souffle la misère !

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Lorsqu’ils arrivent à huit la nuit du 11 Prairial An IV, les BARRE sont couchés. Quatre s’introduisent dans la maison, et s’emparent du vieux, sous les yeux de sa femme, ils le ligotent, le frappent, le jettent à terre, s’emparent de ce qui leur parait être de valeur. Mais le butin est maigre, comme souvent.
Alors, ils jettent un jupon sur le visage de la vieille, la ligotent à son tour, et commencent la torture, avec méthode, tellement à l’identique d’une agression à l’autre, d’un village à l’autre, d’une région à l’autre, que la justice en fait un délit à part entière (vol et brûlements de pieds). Une méthode qui ressemble à un rituel, qui sévit à travers la France,



 à tel point que la presse s’en inquiète,





 à tel point que les élus s’en alarment.
Ces agresseurs qui agissent en groupe s’attaquent aux habitants des petits villages, volontiers âgés, mais pas toujours, de Mirebeau à Montamisé en passant par Coussay et Lencoitre, nous en croiserons d’autres.

Les bandes se connaissent, les procès se recoupent.
Leur but n’est pas de tuer, mais de faire avouer la cachette du magot.
Les blessures infligées sont toujours graves, elles laissent des séquelles et la mort est souvent au bout de cette nuit noire.

Les brûleurs de pieds sont dans la Vienne.
Leur arme ? La cheminée de la maison.
Leur cible ? L’épouse de la maison, torturée sous les yeux de son mari.
Leur but ? Dérisoire, de maigres économies cachées derrière une pierre.

Ce soir là, le fils BARRE 22 ans les a entendus arriver. Il sort et va chercher les voisins. Les voleurs s’enfuient en catastrophe, laissant derrière eux un baton et un couteau…
Louise GUILLON, sa mère, est blessée, gravement.
Une semaine après l’attaque, les procédures commencent. Louise raconte. Elle a reconnu le bâton d’un certain Leclerc, les quatre qui étaient dans la maison avaient un fort accent loudunais et ressemblaient à des bourgeois.
Dans un second temps, Etienne, le fils BARRE revient sur ses déclarations et dénonce. Ce sont les frères GAUBERT qu’il a vus ainsi que SUFFISEAU et LECLERC le cordonnier.
LECLERC avouera, mais dira avoir été entrainé. Il charge SUFFISEAU et les frères GAUBERT.
SUFFISEAU nie. Il dit que c’est son libertinage qui le perd, qu’on cherche à se venger de lui.
Les frères GAUBERT nient aussi.
François SUFFISEAU  Pierre et René GAUBERT  François Provost, Pierre Leclerc et Louis Meunier sont condamnés à mort. GASSELIN , le joueur de violon est condamné par contumace.
L’affaire prend de l’ampleur, des clans se forment, des témoins viennent défendre SUFFISEAU et les frères GAUBERT tandis que d’autres les accablent. Mauvaise vie, petits larcins, tout est à charge.

L’appel très circonstancié, sur une bonne vingtaine de pages, plaide ardemment la raison quand la vengeance en ces temps révolutionnaires tourmentés règne.  Craindre l’erreur judiciaire, ouvrir les yeux des juges, réveiller l'humain. Le plaidoyer est grave, politique, engagé on y sent l’angoisse d’une justice qui perd la tête à en couper tant.



Dans cette période particulière de l'histoire de notre pays, il est troublant de sentir à la lecture d'un procès somme toute banal, le courage des hommes qui persistent à tenter de rétablir le calme, maintenir le cap de la justice pour ne pas désespérer des révolutions.

Sans doute au péril de leur propre vie.
Le texte poignant, ne suffit pas à casser le jugement.

 Les six doivent être exécutés dans les 24 H.

 C’est la loi.
Impossible dit le bourreau, ils sont trop nombreux ! Il demande de l’aide.
L’exécution n’aura lieu que le 30 Messidor.
Les condamnés arrivent sur la place de la liberté à Poitiers en tombereau sous grosse escorte. L’ordre est difficile à maintenir…
Juste avant l’éxécution, Pierre LECLERC, et Louis MEUNIER tout en donnant des précisions sur d’autres affaires similaires en cours de jugement, disculpent Pierre GAUBERT,
 en vain,
 il sera comme les cinq autres, guillotiné.




Source ADV Série LSUPPL408 et LSUPPL 422.
Grâce à vos commentaires on aura peut-être ...Un p'tit plus pour le tout !


En savoir plus sur les Brûleurs de pieds : Les Chauffeurs de pieds..

Vol et brûlement de pieds à travers le Poitou

Coussay les bois
3 novembre 1797 Bouillot Marie
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Neuville de Poitou
29 décembre 1795 Chebret Magdeleine , Manteau Laurent, Motard fils
6 Février 1796 Chebret Jacques
23 Février 1797 Dubois Pierre et son épouse, Meunier Louis
5 Janvier 1798 Bourgeault Michel
15 Mars 1798 Fouchard Pierre
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Moncontour
29 Octobre 1795 Delaunay François, Fauché Pierre
30 Octobre 1795 Jouanault Joseph, Pericard Mathieu
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Coussay
22 Janvier 1797 Gasselin Jean-Baptiste, Gaubert Pierre, Gaubert René (d'Availles-en-Châtellerault),
23 Février 1797 Leclerc Pierre, Provost François , Suffiseau Charles
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Poitiers
20 avril 1791 Texier Pierre (commutation de peine, bagne de Rochefort).



5 commentaires:

  1. Je connais les chauffeurs mais je n'ai pas encore croisé leur route lors de mes recherches
    On entend souvent que la société actuelle est de plus en plus violente, mais je n'en suis pas si sure quand on connais tous ces crimes.

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  2. C'est en effet une leçon, une de plus ! C'est presque une alarme, car cette délinquance, il faut à tout pris éviter qu'elle n'apparaisse de nouveau. C'est aussi le sens de cet article.

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  3. Parfois j'envie celles et ceux qui peuvent se faire une bonne flambée quand il fait si froid mais finalement ...... ça mérite réflexion :=}

    Quant à la violence et la délinquance, je suis bien d'accord avec vous. Les attaques sont dans nos campagnes et petites communes notamment sur des personnes âgées qu'on jette à terre pour voler leur sac. Des retraités très âgés à Angers, sequestrés pour de l'argent et bousculés violemment etc ...

    A demain, bonne journée,
    bises

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  4. Je suis bien d'accord, notre monde n'est pas tendre mais... ça ne l'était pas plus à cette époque-là ! Bises.

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  5. et bien moi qui rêve d'une p'tite maison avec cheminée....je vais y réfléchir,d'autant que la retraite est pour bientôt.....faudra t il que je mette des barreaux aux fenêtres et que je me barricade au lieu de profiter du jardin ????
    Bribri

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