mercredi 9 février 2011

Mourir à Vivonne 1818/1824



C'est le sixième jour de Mars 1818, en rédigeant l'acte de décès de Catherine Proust que l'idée vint à Monsieur Enard, maire de Vivonne, d'indiquer sur la foi des déclarations de l'officier de santé, la cause du décès de ses compatriotes. Systématiquement et précisément, à chaque fois, pendant un peu plus de six ans.

Monsieur l'maire était-il ami des toubibs du coin ? Etait-il lui même, friand de science, de médecine, c'est à voir.



Toujours est-il  que la particularité de cette tranche d'état civil valait largement un travail de dépouillement appronfondi et un modeste début d'analyse.

Le dépouillement des DC de Vivonne de 1818 à 1824 en ligne.



Après avoir un peu travaillé la sémiologie du XIXème siècle, il a été possible d'établir quelques éléments statistiques, d'identifier quelques anecdotes, bref de faire vivre ces décès.









Catherine Proust est  morte de phtisie pulmonaire, c'est à dire de tuberculose. Jusque là facile, tout le monde suit, ce n'est pas à vous qu'on a besoin de souffler que c'est une tuberculose. Mais quelquefois ça se complique.

Petit résumé rapide, car on ne prépare pas encore le concours d'officier de santé.



Les affections pulmonaires sont fluxion de poitrine, consomption, catarrhe pulmonaire, phtisie....



Les maladies vermineuses, sont sans doute souvent parasitaires (on ne connaissait pas les vermifuges) ou autre, le terme semble largement utilisé dès qu'un enfant présente une affection autre que pulmonaire.



Les fièvres sont cataloguées à la Prévert : scorbutiques, putrides, vermineuses, adinamiques, remittentes, ataxiques, cérébrales, lente, catarrhales, bilieuses, ataxiques, asthéniques, elles sont aussi quartes, tierces...



Les affections générales sont mal définies, encophlegmatie, leucophlegmatie.

Les affections cardiovasculaires sont associées à des oedèmes, hidropisies, anasarques, le coeur fatigue, la tension monte, ça gonfle et on ne sait pas lutter contre.



Les affections gastro intestinales sont variées, les diarrhées sont asthéniques.

Certaines affections restent bien mystérieuses, si les exquinancies sont des amygdalites, mais que sont ces dépots à la tête, qu'y a-t-il derrière les métastases de la poitrine ?



Le grand âge a son cortège d'affections spécifiques langueur, caducité, décrépitude, vieillesse...



Quant aux tout petits, s'ils ne sont pas mort-nés, ils décèdent des suites de naissance, ou systématiquement qualifiés prématurés, ce qui signifie que l'enfant est mort trop tôt, et non pas né trop tôt, comme on l'entend aujourd'hui. Parfois, on soupçonne une malformation évidente à laquelle le décès est rapporté, ou un accouchement particulièrement difficile.

Les premiers jours passés, il faudra craindre les cocluches, les asthme, les rougeoles.

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 Je vous laisse digérer...



Grâce à vos commentaires on aura peut-être ...Un p'tit plus pour le tout !

3 commentaires:

  1. Mais combien de temps passes tu aux archives pour dépouiller tous ces registres, concernant cet article mais tous les autres aussi!!??
    Quelles chance d'avoir eu à Vivonne un maire soucieux d'indiquer la cause du décès! J'ai tout de suite été voir dans la base de données de mon ami, des ancêtres à Vivonne mais pas à cet époque :(
    Je n'ai vu qu'une seule fois la cause du décès dans un acte: assassinat! c'était le frère de ma 4 fois aagm ... et sa femme! tu penses que j'ai tout de suite mené l'enquête !!

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  2. Je ne compte jamais le temps que je passe à faire une chose ou une autre ;-)
    Cette partie de Vivonne méritait un dépouillement précis. Je devrais le mettre sur une base ancestro d'ailleurs, ce serait plus ergonomique et ça permettrait à chacun d'y retrouver les siens.
    Ces précisions sont en effet très rares, je crois bien d'ailleurs que c'est interdit, et notre bon Monsieur Enard, a du se faire remonter les bretelles ;-)
    Les crimes et les morts violentes sont plus souvent documentées, c'est en voyant passer la mort de Charles Barreau que je suis tombée dans la marmite des p'tites affaires criminelles de la Vienne.
    Un assassinat dans sa propre famille, j'imagine en effet ta curiosité. De notre coté pour le moment nous trouvons des témoins dans le crime des Gabelous de la Croix Fleuriau (grosse affaire de contrebande de sel) ou bien un domestique d'Hortense Deringère qui charge sa patronne à la cuisse légère. Et je tiens presque un cousinage entre nos Deringère et cette fameuse Hortense que j'ai suivi pas à pas cette année, dans cette belle affaire du Gilet Rouge !

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  3. Superbe !
    Effectivement, j'aurai aimé que cette pratique se répande aux autres communes du département :)

    Et du coup, il a du se faire remonter les bretelles, car les actes ne devaient pas être au format vraiment officiel :)

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